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Politique - Décryptage

Un nouveau gouvernement fin septembre ?

En déclarant jeudi à sa sortie du palais de Baabda que la prochaine fois il resterait toute la nuit s’il le faut pour qu’un nouveau gouvernement puisse voir le jour, le Premier ministre désigné (et sortant) a donné l’impression que quelque chose a réellement changé dans l’approche de ce dossier. Pour certaines parties, c’est même la première fois depuis sa désignation pour former un nouveau cabinet en juin dernier que Nagib Mikati montre une volonté sérieuse et réelle d’aboutir à un résultat. Jusque-là, selon des sources proches de Baabda, sa démarche était de pure forme, visant essentiellement à consolider sa position sur la scène politique, tout en faisant assumer au camp présidentiel la responsabilité du blocage. Que s’est-il donc passé pour que, soudain, le climat et l’approche concernant le problème gouvernemental deviennent positifs ?

Si le camp présidentiel et celui du Premier ministre se renvoient la balle, ils sont tous deux d’accord pour affirmer que cette fois, c’est du sérieux. La mise en place d’un nouveau gouvernement qui ressemblerait fort à l’actuel serait même probable fin septembre, après le retour de Nagib Mikati de sa visite à Londres suivie de sa participation à la session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies, où il doit prononcer un discours au nom du Liban le 22 du mois courant. Le Premier ministre devrait rentrer à Beyrouth à la fin de la semaine prochaine et il se rendra à Baabda au début de la semaine suivante. Si tout se passe comme prévu, le nouveau gouvernement devrait être annoncé à la fin du mois et se présenter devant le Parlement pour obtenir la confiance vers la mi-octobre. Ce qui signifie que le Liban devrait être doté d’un gouvernement de pleins pouvoirs à la fin du mandat du président Michel Aoun, qui arrive à expiration le 31 octobre. Même si la prudence reste de mise, car les développements au Liban deviennent de plus en plus imprévisibles, les milieux proches de la présidence estiment que Nagib Mikati a modifié son approche du dossier gouvernemental pour plusieurs raisons. D’abord, à 44 jours de la fin du sexennat, le scénario de la vacance présidentielle semble se préciser, surtout qu’aucun des camps politiques – ni le « 8 Mars et alliés », ni les « souverainistes », ni « les forces de changement » – n’est en mesure d’assurer le quorum de 86 députés nécessaire à la tenue de la séance d’élection présidentielle, et les ententes semblent pour l’instant difficiles à réaliser dans un contexte régional et international aussi confus. Il faudra donc se résigner à accepter l’idée d’un gouvernement qui prendrait les prérogatives du président.

Pressions de toutes parts

Toujours selon les milieux proches de Baabda, Nagib Mikati et le président du Parlement Nabih Berry auraient voulu que le gouvernement actuel chargé d’expédier les affaires courantes puisse prendre les rênes du pouvoir. Mais Michel Aoun a fait comprendre aux parties concernées qu’un gouvernement démissionnaire pourra difficilement remplir la vacance présidentielle. Cela créerait un conflit constitutionnel et même confessionnel car aucune partie chrétienne, Bkerké en tête, n’est prête à accepter ce fait accompli. Même si le Premier ministre et le président de la Chambre pourraient songer à passer outre à la tendance générale chrétienne, les décisions du gouvernement en seraient discréditées. Le pays serait alors face à un nouveau conflit institutionnel et constitutionnel, alors que la situation y est déjà suffisamment lourde et compliquée. De plus, le chef de l’État aurait menacé de publier le décret d’acceptation de la démission du gouvernement sortant, qui en général est émis en même temps que celui de la formation du nouveau cabinet. Ce qui devrait rendre la position de l’équipe actuelle de Nagib Mikati encore plus difficile et vulnérable. Face au scénario d’un malaise confessionnel qui empêcherait le gouvernement de prendre des décisions, et alors que les délais se font pressants et que les pressions pour la formation d’un nouveau cabinet augmentent – de la part des instances internationales, mais aussi du Hezbollah –, Nagib Mikati aurait donc décidé d’aller de l’avant dans ce dossier.

L'éditorial de Issa GORAIEB

Le show et le bizness

Les milieux proches du Sérail affirment de leur côté que la formation d’un nouveau gouvernement est devenue possible parce que le chef de l’État a renoncé aux conditions qu’il posait, notamment l’élargissement du cabinet en y ajoutant six ministres politiques, dont trois chrétiens qu’il devait lui-même nommer afin d’augmenter considérablement son poids au sein de l’équipe. À Baabda, on dément catégoriquement avoir eu une telle intention. L’idée des six ministres politiques était destinée à renforcer la position du nouveau gouvernement dans les circonstances difficiles du pays et face aux décisions impopulaires qu’il est appelé à prendre. Toujours selon les milieux proches de la présidence, ce qui compte pour le chef de l’État, c’est que les équilibres existant dans l’actuel gouvernement soient respectés. Autrement dit, si Nagib Mikati veut changer le ministre des Déplacés, il devra lui choisir un remplaçant ayant le même profil politique. Idem pour le ministre de l’Économie ou tout autre ministre de l’actuel gouvernement que le Premier ministre sortant voudrait changer. Selon les dernières informations, le Premier ministre ne souhaiterait plus changer que le ministre des Déplacés, Issam Charafeddine, qui, selon des sources proches du Sérail, aurait pris la décision personnelle de se rendre en Syrie pour le plan du retour chez eux des réfugiés syriens. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle M. Mikati aurait récemment reçu le directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, pour lui confier ostensiblement l’affaire des réfugiés syriens.

Sauf imprévu, le nouveau gouvernement pourrait donc voir le jour dans la dernière semaine de septembre. Il s’agirait pratiquement de l’actuelle équipe avec quelques changements mineurs. En dépit des tiraillements internes et externes, cette solution est considérée comme préférable au risque de laisser le pays aller à la dérive avec un gouvernement démissionnaire contesté en pleine vacance à la magistrature suprême.

En déclarant jeudi à sa sortie du palais de Baabda que la prochaine fois il resterait toute la nuit s’il le faut pour qu’un nouveau gouvernement puisse voir le jour, le Premier ministre désigné (et sortant) a donné l’impression que quelque chose a réellement changé dans l’approche de ce dossier. Pour certaines parties, c’est même la première fois depuis sa désignation pour...
commentaires (2)

Résumé de cet article : le PR est un saint dont la seule intention est le bien être du pays alors que le PM est un méchant qui ne pense qu’à ses intérêts et ceux de son gendre pour l’avenir politique de ce dernier. On peut avoir des convictions et être persuadé(e) d’avoir raison et de posséder la vérité mais il faut être crédible à minima en les présentant

Lecteur excédé par la censure

07 h 48, le 17 septembre 2022

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Commentaires (2)

  • Résumé de cet article : le PR est un saint dont la seule intention est le bien être du pays alors que le PM est un méchant qui ne pense qu’à ses intérêts et ceux de son gendre pour l’avenir politique de ce dernier. On peut avoir des convictions et être persuadé(e) d’avoir raison et de posséder la vérité mais il faut être crédible à minima en les présentant

    Lecteur excédé par la censure

    07 h 48, le 17 septembre 2022

  • DE QUELLE ANNEE SVP ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    06 h 53, le 17 septembre 2022

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