L'Association des Banques du Liban (ABL) a annoncé jeudi que les agences bancaires se retrouvent acculées à devoir "prendre des mesures préventives de sécurité", laissées à la libre appréciation de chaque établissement, au lendemain de deux prises d'otages qui ont eu lieu presque simultanément au Liban mercredi, la première dans une agence de la Blom Bank à Sodeco à Beyrouth, et la seconde dans une banque de Aley, au sud-est de la capitale. Les agresseurs sont des clients des banques auxquelles ils s'attaquent pour accéder à leurs propres fonds bloqués depuis octobre 2019, dans un contexte de grave crise économique et financière.
Dans un communiqué, le Conseil d'administration de l'ABL a indiqué que les banques sont "acculées à devoir prendre des mesures préventives de sécurité au vu des dangers auxquels sont exposés les employés et les clients". Il s'est excusé à l'avance pour "tout inconvénient ou tout retard qui résulteront de telles mesures", notant que chaque banque aura le droit de prendre "les dispositions qu'elle juge adéquates".
Plus tôt dans la journée, notre correspondant dans le Sud, Mountasser Abdallah, rapportait que la Blom Bank de Saïda ne laissait entrer les clients qu'un par un dans l'agence, à l'entrée de laquelle était posté un gardien.
L'ABL, qui "s'est assurée que les banques traitent de manière positive les cas humanitaires particuliers", a en outre affirmé qu'elle condamne "catégoriquement toute agression à la dignité de ses employés ou clients et refuse qu'ils soient pris en otage", rappelant que les "banquiers sont au service de tous les déposants en ces moments difficiles "de manière égale".
Sali Hafez, la preneuse d'otages de la Blom Bank avait affirmé mercredi qu'elle voulait récupérer ses propres fonds afin de payer le traitement de sa sœur, qui souffre d'un cancer.
Le conseil d'administration de l'ABL a enfin appelé "les organes politique, sécuritaire et judiciaire à assumer leurs responsabilités face à la dégradation de la situation sécuritaire", exprimant l'espoir que les personnes portant atteinte à la sécurité seront poursuivies et jugées. Le texte publié par l'Association n'annonce pas de grève ni de fermeture des banques, comme cela avait été le cas lors de précédents incidents impliquant des agences bancaires.
Plus tôt dans la journée, la Fédération des syndicats des employés de banques au Liban a regretté que "certains déposants mettent en danger la sécurité des collègues dans les agences et portent atteinte à leur dignité". Elle a appelé les autorités à prendre des mesures de sécurité immédiates pour protéger les employés, précisant qu'"aucune victime n'a été signalée à ce jour, mais qui sait ce que l'avenir nous réserve."
Parallèlement à la prise d'otages de Sodeco, l'Association des déposants au Liban avait annoncé mercredi qu'un incident similaire était en cours dans une agence de la BankMed à Aley. L'avocat et activiste Rami Ollaïk avait confirmé à L'Orient-Le Jour que ces actions avaient été "coordonnées" par des associations de défense des droits des déposants.
Manifestations sur le terrain
Réagissant à ces incidents, des manifestants ont bloqué l'une des principales routes de la localité de Halba, dans le nord du Liban, pour protester contre l'arrestation de plusieurs activistes du Akkar qui étaient présents la veille lors du hold-up à Beyrouth, rapporte notre correspondant Michel Hallak.
Mercredi soir, des militants ont manifesté devant la résidence du PDG de la Blom Bank, Saad Azhari, à Beyrouth, après que la banque a refusé d'abandonner les poursuites engagées contre deux activistes qui accompagnaient la déposante Sali Hafez. Des personnes armées non identifiées auraient tiré à balles réelles en direction des manifestants, rapporte notre journaliste sur place Mohammad Yassine. Dans une déclaration faite à L'Orient-Le Jour, le bureau de presse de la Blom Bank a déclaré que Saad Azhari n'a pas de gardes du corps (ni armé, ni non-armé) en réponse à des accusations selon lesquelles les auteurs des coups de feu seraient des personnes travaillant pour le PDG de la banque.
Apres trois ans de restrictions illegales, il est clair que la plupart des banques au Liban sont en cessation de paiement. Dans ces conditions, leur meilleure defense contre la colere des deposants est de se mettre sous la protection de la loi sur les faillites. Tout autre attitude releve de la falsification des comptes, de la dissimulation frauduleuse de leur situation reele, de l'abus de biens sociaux et d'escroquerie en bande organise. Tous crimes qui relevent du penal.
22 h 44, le 15 septembre 2022