"Si la souveraineté d'Israël est violée (...) le Liban et le Hezbollah en assumeront les conséquences", a menacé dimanche le chef d'état-major de l'armée israélienne Aviv Kochavi, à l'heure où les négociations indirectes sur la frontière maritime entre les deux pays semblent traîner en longueur dans un climat de tension.
Selon des propos rapportés lundi par le porte-parole arabophone de l'armée israélienne Avichay Adraee sur Twitter, le Lieutenant-général Kochavi affirme que "si la souveraineté de l'État israélien est violée, si ses intérêts sont violés ou si du mal est causé à ses citoyens, l'État libanais et le Hezbollah en assumeront les conséquences". "Le Hezbollah a pris le contrôle de grandes parties du Liban, devenant de fait l'organe qui détermine sa politique de sécurité (...) et a kidnappé ce pays au niveau sécuritaire", a-t-il ajouté.
Résolution 1701
Le numéro un de l'armée a accusé le Liban de ne pas mettre en œuvre la résolution 1701 des Nations unies, qui a mis fin au conflit armé de 2006 ayant opposé le parti pro-iranien à Israël, et appelé au désarmement des groupes armés qui ne relèvent pas de l'État. À ce sujet, il a pointé du doigt la présence de "roquettes, de missiles, de lance-missiles et de salles de contrôle des opérations dans le sud du Liban, le sud de Beyrouth et la vallée de la Békaa".
La Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), qui compte quelque 10.000 casques bleus, a été créée en 1978 par le Conseil de sécurité de l'ONU pour assurer le retrait des troupes israéliennes qui occupaient à l'époque le Liban-Sud. Après le conflit de 2006, la Finul a été chargée de veiller sur la cessation des hostilités et l'application de la résolution 1701. Depuis, cette résolution est renouvelée chaque année, suite à l'approbation des autorités libanaises et à un vote du Conseil de sécurité.
Depuis le début de l'été, le Hezbollah a intensifié ses activités à la frontière libano-israélienne sur fond de tensions liées aux négociations sur le tracé de la frontière maritime entre les deux pays. Outre le redéploiement progressif de ses combattants de retour de la guerre de Syrie, le parti pro-iranien a installé une dizaine de conteneurs le long du mur construit par Israël à la frontière, sans que la Finul puisse y accéder. A ce jour, la fonction exacte de ces conteneurs demeure un mystère, certains estimant qu'ils sont utilisés à des fins de surveillance et de collecte d'informations sur les forces israéliennes.
Seize centres militaires
Les menaces israéliennes contre le Liban interviennent quelques jours après une nouvelle tournée entre les deux pays du médiateur américain chargé dans les négociations sur la frontière maritime, Amos Hochstein. Ce dernier a fait savoir à l'issue des ses discussions avec les responsables libanais que du travail restait à faire pour parvenir à un accord. En attendant la suite des pourparlers, à la frontière libano-israélienne, les deux camps se préparent à l’éventualité d’une escalade. L’Orient-Le Jour a appris que le Hezbollah a retiré une partie de ses combattants de Syrie, en particulier de la région de Deir ez-Zor, pour les relocaliser dans la Békaa et le sud du Liban. Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a dit à plusieurs reprises que son parti n’accepterait pas que les Israéliens commencent à extraire du gaz du champ de Karish avant que le Liban ne puisse en faire autant, ce qui suppose la conclusion d’un accord sur la démarcation de la frontière maritime. Dans le cas contraire, la formation chiite se dit prête à passer à l’action. Selon une source informée proche du parti, le Hezbollah a empêché certains de ses miliciens de quitter leur poste et leur a également demandé d’annuler leurs pèlerinages en Irak. Plusieurs sources de sécurité libanaises indiquent à L’Orient-Le Jour qu’une escalade pourrait avoir lieu en cas de non-accord. Selon ces informations, il pourrait s’agir de frappes sporadiques contre des cibles préalablement identifiées. Selon une source de sécurité, "le Hezbollah a construit seize centres militaires au cours de ces derniers mois, qui pourraient être les premières cibles israéliennes". L’État hébreu pourrait également frapper les sites de lancement de drones et certains sites de lancement de missiles, d’après ce qu’indiquent les officiels libanais interrogés par notre journal. Le Hezbollah a lui aussi identifié un certain nombre de cibles israéliennes, d’après nos informations. Cela implique l’unité flottante Energean Power, et plus largement la zone incluant le champ de Karish pour menacer les entreprises qui y opèrent et les pousser à se retirer.
"Le parti de Dieu "détermine la politique de sécurité" du pays du Cèdre," C'est-à-dire, effectivement, le "wali-el-faqih", entre les mains duquel se trouve "la décision de guerre ou de paix" du parti en question. Cf. pour cela sur YouTube, le discours de Michel Aoun sur la "wilayat-al-faqih", dans lequel il demande à ses "ouailles" de demander ce que cela veut dire, et la réponse de Hassan Nasrallah à cette question...
12 h 13, le 13 septembre 2022