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Politique - Frontière maritime

Hochstein au Liban : l’accord n’est pas pour demain

Il reste encore du travail à faire, annonce le médiateur américain en clôturant une visite éclair à Beyrouth.

Hochstein au Liban : l’accord n’est pas pour demain

L’émissaire américain Amos Hochstein à son arrivée, hier, à Aïn el-Tiné pour s’entretenir avec le président du Parlement Nabih Berry. Photo Mohammad Yassine

« Comme d’habitude. » Rien ne résume mieux la visite éclair, hier à Beyrouth, d’Amos Hochstein, médiateur américain dans les négociations sur la démarcation de la frontière maritime entre le Liban et Israël, que cette phrase qu’il a lancée lui-même lors d’un bref point de presse. « Nous progressons dans les négociations afin de parvenir à un accord qui sera dans l’intérêt de l’économie libanaise (...) mais il reste encore du travail à faire », a-t-il déclaré depuis l’Aéroport international de Beyrouth juste avant son départ de la capitale libanaise.En l’espace de seulement deux heures, M. Hochstein a rencontré séparément le président de la République Michel Aoun, le chef du Parlement Nabih Berry et le Premier ministre sortant Nagib Mikati. Si aucune percée sérieuse sur la résolution du litige frontalier avec l’État hébreu ne semble avoir été enregistrée lors de ce nouveau round de discussions, l’ambiance générale reste optimiste. Tout comme lors de la précédente visite du diplomate US au Liban début août. Si le but alors était de prévenir toute escalade militaire alors que le Hezbollah menaçait de passer à l’offensive si Israël commençait à extraire son gaz en septembre avant même de parvenir un accord avec le Liban, aujourd’hui, il semble que le but d’Amos Hochstein est de chercher à gagner un peu plus de temps. Surtout que la société grecque basée à Londres Energean, qui travaille pour l’État hébreu, vient d’annoncer le report de « quelques semaines » de la production dans le champ de gaz naturel offshore de Karish où Israël a déployé en juin un navire flottant de production et de stockage.

Considérations techniques

Venant d’Israël, Amos Hochstein a entamé sa tournée par une réunion avec le président Aoun au palais de Baabda. « Notre réunion était excellente et je sens réellement que nous avons réalisé de très bons progrès ces dernières semaines », a-t-il affirmé à l’issue des discussions auxquelles ont assisté le conseiller du chef de l’État, Élias Bou Saab, et le directeur de la Sûreté générale Abbas Ibrahim. « Je suis reconnaissant au président Aoun pour m’avoir reçu et pour les discussions tenues, et suis optimiste quant au fait de parvenir à un accord », a-t-il poursuivi. Lors de ces entretiens, il semble avoir rassuré les responsables libanais, apprend-on d’un proche de Baabda. « Nous avons signifié à M. Hochstein que le Liban était pressé de commencer l’extraction de son gaz et avons obtenu des garanties que le Liban finira par obtenir ce qu’il réclame : la ligne 23 et l’intégralité du champ de Cana », affirme-t-il à L’Orient-Le Jour. Même son de cloche du côté de Aïn el-Tiné, deuxième étape de M. Hochstein. « Un accord devrait être trouvé bientôt, c’est une question de semaines », affirme un conseiller de Nabih Berry. Et de préciser qu’il n’est pas question pour le Liban d’attendre les législatives en Israël (le 1er novembre) et l’élection d’un nouveau président au Liban (le sexennat Aoun arrivant à terme le 31 octobre) pour signer un accord. Ces propos interviennent alors que plusieurs observateurs conviennent qu’il n’est pas dans l’intérêt d’Israël et des États-Unis de clore ce dossier avant ces deux échéances.

L'édito de Issa GORAIEB

Le repos du juge

Selon les informations obtenues par notre chroniqueur politique Mounir Rabih, Amos Hochstein a demandé aux responsables libanais des clarifications techniques concernant la gestion potentielle de champs gaziers communs entre les deux pays. Il a également demandé à Beyrouth de clarifier de quel point de départ la ligne 23 sera démarquée, et ce pour des raisons liées à la sécurité de l’État hébreu. En effet, les Israéliens ne veulent pas que la démarcation de la ligne 23 soit effectuée à partir du point B1, qui est le dernier point frontalier terrestre au Liban, au niveau de Naqoura. Des sources suivant le dossier précisent que les Israéliens refusent ce point dans la perspective de futures négociations sur la frontière terrestre entre les deux pays. Cette demande israélienne est rejetée par les Libanais qui insistent, comme prévu dans l’accord-cadre sur base duquel les négociations ont été entamées, sur la concomitance de la délimitation des frontières maritime et terrestre entre le Liban et Israël. Face à ces questions en suspens, le chef du législatif a d’ailleurs réaffirmé « l’attachement du Liban à l’accord-cadre et sa détermination à exploiter ses ressources dans la totalité de sa zone économique exclusive (ZEE), et à jouir de ses droits et de sa souveraineté ». M. Berry a de nouveau insisté sur la reprise des négociations indirectes au siège de la Force intérimaire des Nations unies à Naqoura. Celles-ci avaient été interrompues, en mai 2021, après des revendications maximalistes du Liban. Amos Hochstein avait redonné vie aux négociations en octobre de la même année après avoir été chargé du dossier. Sauf que le conseiller principal américain à la Sécurité énergétique mondiale a privilégié la diplomatie à petits pas et fait, depuis, des allers-retours entre les deux pays.

Prévenir une escalade

Toujours selon nos informations, Amos Hochstein a informé les dirigeants libanais que le géant français des hydrocarbures TotalEnergies est prêt à entamer son travail d’extraction des eaux libanaises, plus précisément dans le bloc 9 et dans le champ de Cana, une fois un accord trouvé. Des représentants de la société – qui fait partie, avec l’italien Eni, du consortium qui avait remporté la première série de licences d’exploration et d’exploitation d’hydrocarbures offshore lancée par le Liban – s’étaient entretenus avec le diplomate américain quelques jours plus tôt. Les discussions ont porté sur la possibilité qu’une des sociétés du consortium – auxquelles pourrait se joindre une entreprise qatarie après le retrait du russe Novatek – puisse jouer l’intermédiaire dans la question des compensations financières que Beyrouth refuse de donner à la partie israélienne en échange du contrôle de l’exploitation potentielle de Cana.

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Des Libanais inquiets de l’éventualité d’une guerre

Dans ce contexte, L’OLJ a appris que M. Hochstein s’est rendu à Doha après Beyrouth. Avant de clore sa visite, l’émissaire américain aurait demandé aux autorités libanaises d’œuvrer à prévenir toute escalade – comprendre faire pression sur le Hezbollah –, leur assurant que le pays aura ce qu’il exige en fin de compte. Contacté, un porte-parole de la formation chiite n’a pas souhaité commenter, affirmant que « le parti a donné des instructions de silence à ses membres ». De son côté, Fayçal Abdessater, un observateur proche des cercles du parti pro-iranien, a déclaré à L’Orient-Le Jour que le Hezbollah considère que M. Hochstein « essaie de gagner du temps ». « Conformément aux intérêts israéliens, l’émissaire américain essaye de retarder l’accord au moins jusqu’aux élections dans ce pays, laissant le Liban dans l’incapacité d’extraire son gaz », analyse-t-il. Et de poursuivre : « Pour le moment, le Hezbollah se tient toujours derrière l’État libanais et le soutient. Mais si les responsables restent passifs face à cette perte de temps, le parti pourrait être forcé de prendre l’initiative », affirme-t-il sans exclure le risque d’escalade. Il estime cependant que le report de l’extraction de gaz par Israël dans le champ de Karish « est une victoire pour la résistance ».

« Comme d’habitude. » Rien ne résume mieux la visite éclair, hier à Beyrouth, d’Amos Hochstein, médiateur américain dans les négociations sur la démarcation de la frontière maritime entre le Liban et Israël, que cette phrase qu’il a lancée lui-même lors d’un bref point de presse. « Nous progressons dans les négociations afin de parvenir à un accord qui sera...

commentaires (5)

Est ce qu’il a demandé l’avis de Hassouna?

Eleni Caridopoulou

15 h 16, le 10 septembre 2022

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Commentaires (5)

  • Est ce qu’il a demandé l’avis de Hassouna?

    Eleni Caridopoulou

    15 h 16, le 10 septembre 2022

  • Je pense qu'au lieu de passer la moitié de ces 2 heures dans le transport, il aurait pu les rencontrer ensemble au même endroit. Pourquoi il a choisi des apartés sur un sujet national de cette importance? bizarre !

    Céleste

    14 h 49, le 10 septembre 2022

  • Sage décision. Nous devons nous réjouir du fait que tous les accords soient suspendus jusqu’après les élections présidentielles. Cela montre que tout espoir n’est pas perdu pour notre pays qui aspire à anéantir les fossoyeurs et leurs alliés avant le chantier de reconstruction et de prospérité, pour empêcher tous ces corrompus d’en profiter, eux qui se frottaient déjà les mains en comptant les milliards qu’ils allaient empocher sous le nez de la population affamée par leurs soins. .Ils n’auront pas ce privilège de conclure des contrats juteux avec des pots de vin et ces ressources pour combler le manque d’argent dû aux sanctions qui les ont frappées. Le Liban n’a jamais eu de resources naturelles pendant presque un siècle, il peut attendre encore quelques semaines où même des mois pour en jouir une fois que le ménage sera fait et en profondeur.

    Sissi zayyat

    12 h 39, le 10 septembre 2022

  • Ah, ça change des "entretiens très positifs" :-)))))

    Christine KHALIL

    12 h 08, le 10 septembre 2022

  • 3AM YICHTEGHEL FIKON EL KIBBOUTZIEN !

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    10 h 56, le 10 septembre 2022

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