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Lifestyle - Coolitude

Le jardin anglais des poisons : un humour très british

Après les jardins suspendus de Babylone, les jardins de Versailles, les jardins botaniques royaux de Kew, le jardin Sans-Souci de Potsdam, tous uniques et aussi extraordinaires, place à un inédit : le jardin anglais des poisons...

Le jardin anglais des poisons : un humour très british

L’entrée du jardin insolite. Photo tirée du compte Instagram The Alnwick Garden

Parmi ses nombreux gardens tous exceptionnels, le Royaume-Uni peut s’enorgueillir de ses jardins botaniques royaux de Kew, un ensemble de jardins et de serres situés à l’ouest de Londres. Sur une superficie de 121 hectares, ils abritent l’une des plus importantes collections de plantes du monde (plus de 30 000 espèces de végétaux) et un célèbre centre de recherches en botanique. Leur herbier est également l’un des plus grands du monde, avec plus de sept millions de spécimens. Ce lieu devenu emblématique de l’époque victorienne, accueillant chaque année deux millions de visiteurs, a été inscrit en juillet 2003 sur la liste du patrimoine mondial établie par l’Unesco. Aujourd’hui, le pays de sa très Gracieuse Majesté vient d’ajouter une palme inédite à son art unique de cultiver ses jardins : il vient d’ouvrir les portes de son jardin des poisons au public. Une initiative, certainement des plus stupéfiantes, que celle de proposer ainsi une balade parmi les plantes tueuses à souhait, même si partout sur des panneaux plantés tout au long de son itinéraire, il est rappelé au visiteur de « ne pas toucher », et lorsqu’il y pénètre par une grille en fer illustrée d’un crâne et de deux os et surmontée d’une inscription, il est rappelé que « ces plantes peuvent tuer ». Toujours est-il que cet espace verdoyant, dont les différents spécimens venimeux sont savamment agencés, fait partie de l’un des plus beaux sites du pays, celui du château d’Alnwick (dans le comté de Northumberland), surnommé le Versailles du Nord avec ses spectaculaires jardins d’agrément s’étendant sur plus de 60 hectares.

Les allées du jardin anglais des poisons. Photo tirée du compte Instagram The Alnwick Garden

Une création de la duchesse Jane Percy

Ce château, qui accueille plus de 800 000 visiteurs par an, a servi de décor, notamment à des scènes de l’iconique série télévisée Downtown Abbey et des films de Harry Potter. Datant du XIIe siècle et à présent monument classé, il est la propriété et la demeure de Ralph Percy, douzième duc de Northumberland et de son épouse la duchesse Jane Percy à laquelle l’on doit la modernisation et l’embellissement du paysage du château d’Alnwick, jusqu’à en faire une importante attraction. Pour cela, elle a eu recours en 1996 à Jacques Wirtz, architecte belge qui a notamment à son actif la rénovation des jardins des Tuileries et de l’Élysée, et qui est considéré comme Le Nôtre de ce siècle. Pour la duchesse Jane, il a réalisé un parterre de 3 000 roses, un jardin serpent aux haies tortueuses, un labyrinthe de bambous et l’objet de ses désirs, le fameux jardin empoisonné. Dans un premier temps, l’hôtesse des lieux avait pensé planter un jardin d’apothicaire avec des plantes médicinales, mais un voyage en Italie l’a menée sur un chemin légèrement différent. À Florence, lorsqu’elle visite le magnifique jardin aux poisons de la maison des Médicis, elle en revient fascinée et décide de créer un jardin aux plantes tueuses plutôt que médicinales. Elle a expliqué son choix dans une édition du Smithsonian Magazine : « Si vous concevez quelque chose, en particulier une attraction touristique, cela doit être quelque chose de vraiment unique. Une des choses que je déteste de nos jours est la standardisation de tout. Je me suis donc dit qu’il fallait essayer de faire quelque chose de vraiment différent et sortir de l’ordinaire. » Ainsi, dans ce désir de pousser très loin l’extraordinaire, Mrs Percy s’est lancée à la recherche d’une centaine de plantes vénéneuses venant des quatre coins du monde. Sa sélection n’était soumise qu’à deux critères : les plantes devaient être hautement toxiques et raconter une histoire.

Regarder sans toucher ces plantes tueuses. Photo tirée du compte Twitter UK Garden of Poison

Sensibiliser aussi les jeunes contre l’addiction

Ces objectifs clairs l’ont conduit à créer un jardin diversifié où se côtoient notamment des plantes tueuses exotiques comme le brugmansia d’Amérique du Sud, et des plantes à poisons plus communs comme la haie de laurier rose. Un coin, très prisé, est réservé aux plantes narcotiques. Ainsi, au milieu des fleurs à bourgeons nocifs, s’épanouissent des plants de cannabis, de cocaïne, d’opium, de tabac et de champignons magiques. Tous cultivés grâce à une autorisation spéciale et au nom de l’éducation et de la sensibilisation des jeunes de la région. « Il n’est pas surprenant que ce jardin fasse partie d’un programme d’éducation sur les drogues, fait remarquer Claire Mitchell, conseillère communautaire dans ce domaine. Il peut servir d’expérience de terrain pour éloigner les jeunes de ce genre d’addiction, car le nord de l’Angleterre de même que le pays de Galles ont les taux les plus élevés de décès dus à la drogue. »

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Au-delà de cet objectif, le jardin des poisons exerce un grand attrait sur le public qui garde en mémoire les rôles meurtriers de ces plantes dans les faits et légendes historiques des intrigues de palais. Dans cet esprit, le jardin permet de les voir sans bien sûr les toucher. Ainsi, avant que les visiteurs ne soient autorisés à entrer, ils doivent avoir un briefing sur les mesures de sécurité, selon Dean Smith, un guide du Poison Garden : Ils ne sont pas autorisés à toucher, goûter ou sentir quoi que ce soit. Néanmoins, comme le note le site web du musée, des invités indisciplinés se sont parfois évanouis en inhalant des vapeurs toxiques au cours de cette balade, vraiment singulière. Enfin, pour les nombreux amateurs de grands frissons, une combinaison de tunnels sombres recouverts de lierre et de feuillages venimeux les mènent vers des espèces encore plus dangereuses, conservées dans des cages géantes. Enfin, comme tout musée qui se respecte, celui-ci a son Gift Shop. Comme les responsables ne pouvaient pas proposer des graines maléfiques à planter chez soi, ils ont prévu, en guise de souvenirs à emporter, des images du musée baignant dans de sombres et mystérieuses ambiances…

Parmi ses nombreux gardens tous exceptionnels, le Royaume-Uni peut s’enorgueillir de ses jardins botaniques royaux de Kew, un ensemble de jardins et de serres situés à l’ouest de Londres. Sur une superficie de 121 hectares, ils abritent l’une des plus importantes collections de plantes du monde (plus de 30 000 espèces de végétaux) et un célèbre centre de recherches en...

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