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Culture - Littérature

Sabyl Ghoussoub dans la course au Goncourt pour « Beyrouth-sur-Seine » : « Je n’arrive pas vraiment à réaliser »

Le roman de Virginie Despentes, Cher connard, plus gros succès de la rentrée littéraire, n'a pas été retenu.

Sabyl Ghoussoub dans la course au Goncourt pour « Beyrouth-sur-Seine » : « Je n’arrive pas vraiment à réaliser »

Sabyl Ghoussoub. Photo Patrice Normand

Au terme d’un été de lecture intensive et d’échanges entre ses 12 membres (neuf hommes, trois femmes), le jury du Goncourt a annoncé mardi les noms des quinze heureux élus de sa première sélection, parmi lesquels figure celui du jeune auteur et journaliste franco-libanais Sabyl Ghoussoub pour son troisième roman Beyrouth-sur-Seine (éd. Stock).

« Je ne m’y attendais pas du tout, a réagi Sabyl Ghoussoub qui tient par ailleurs une chronique littéraire à L’Orient-Le Jour. Je suis ému, vraiment très ému, je n’arrive pas vraiment à réaliser. J’ai écrit ce livre pour rendre hommage à mes parents, comme une sorte de revanche sur la guerre, sur les guerres, sur la vie trop souvent injuste. »

À partir du pitch de base – un narrateur qui interroge ses parents sur leur départ du Liban pendant la guerre et sur leur arrivée en France –, Sabyl Ghoussoub construit un roman ému et émouvant, mais surtout drôle et captivant. « Ce livre est ma perception de l’histoire de mes parents et de mon histoire par rapport au Liban, au moment de l’écriture, avait déclaré l’auteur à Joséphine Hobeika au cours d’un entretien avec L’Orient-Le Jour. Cette autofiction m’a permis de me construire une mémoire écrite, qui est en soi totalement fausse et qui est l’histoire que je me raconte. C’est mon Liban à moi. »

La critique du roman

« Je ne peux plus voir mes parents pleurer à cause de ce pays »

À peine remis de sa surprise, Sabyl Ghoussoub retrouve son désormais légendaire humour incisif. Interrogé sur la réaction de ses parents, il répond : « Mon père m’a dit “bravo” et ma mère m’a demandé où était située la place Goncourt… Je rigole... Oui, ils sont fiers, enfin je crois...» « Dans ce genre de moment, reprend l’heureux sélectionné encore sonné par la bonne nouvelle, on ne dit que des âneries et je ne vais pas déroger à la règle. Je vais m’en tenir à l’essentiel, remercier le jury du prix Goncourt pour cette sélection. Puis mes éditeurs Manuel Carcassonne, Léa Marty et toute l’équipe des éditions Stock. »

L'interview de l'auteur

Sabyl Ghoussoub : Ce livre est une sorte de revanche face à la guerre

Beyrouth-sur-Seine est le troisième opus de Sabyl Ghoussoub après Le nez juif et Beyrouth entre parenthèses, tous deux parus chez L’Antilope.

Les choix du Goncourt

Si Sabyl Ghoussoub a créé la (belle) surprise en figurant sur la liste tant convoitée, le roman de Virginie Despentes Cher connard, plus gros succès de la rentrée littéraire, a étonné par son absence de cette première sélection du Goncourt. D’autres titres sont perçus comme des prétendants sérieux par leur qualité d’écriture : Taormine d’Yves Ravey, roman noir qui se déroule en Sicile, Vivre vite de Brigitte Giraud, récit des derniers temps d’un mari qui s’est tué en moto, ou Les presque sœurs de Cloé Korman, une enquête sur la Shoah.

Muriel Barbery, qui paraissait très loin des goûts du Goncourt avec son premier succès en 2007 (L’élégance du hérisson), est 15 ans plus tard dans la course avec Une heure de ferveur. Une fiction sur un conseiller de la présidence russe a été incluse malgré une parution en avril : Le mage du Kremlin de Giuliano da Empoli, recommandé parmi les lectures d’été du prix Renaudot.

Il faut savoir que quelques règles ont changé pour cette édition 2022 du prestigieux prix. « Les ouvrages des conjoints, compagnons ou proches parents des membres du jury » sont inéligibles pour éviter les débats qui avaient suivi la révélation en 2021 de la relation entre une jurée, Camille Laurens, et un auteur, François Noudelmann. D’autre part, « les membres du jury qui tiennent une rubrique littéraire dans un média s’abstiennent de chroniquer les ouvrages qui figurent dans la sélection aussi longtemps que ces ouvrages y figurent ». La règle laisse la possibilité de dire du bien ou du mal d’un livre avant la sélection. C’est ce que fait Pierre Assouline sur son blog : il y donne entre autres une critique mitigée du livre de Virginie Despentes, qu’il a « pris un grand plaisir à lire » mais qu’il trouve « rassurant au risque de paraître consensuel ».

Quelques centaines de romans peuvent prétendre à cette sélection. Mais « le Goncourt, cela reste un club fermé, avec d’abord les grandes maisons d’édition, plus quelques indépendantes », comme l’affirme une source dans le milieu de l’édition.

Le Goncourt 2021 avait été attribué au Sénégalais Mohamed Mbougar Sarr pour La plus secrète mémoire des hommes, publié aux éditions Philippe Rey.

À signaler que l’annonce des quatre finalistes du Goncourt se fera le mardi 25 octobre à Beyrouth par l’ensemble de l’académie Goncourt en ouverture du festival littéraire Beyrouth Livres, initié et porté par l’Institut français du Liban (IFL) avec les acteurs du livre francophones et libanais, auquel doivent participer 50 auteurs francophones qui investiront 30 lieux de la ville jusqu’au 30 octobre 2022.

Le lauréat ou la lauréate doit être désigné(e) le 3 novembre.

La première sélection:

- Muriel Barbery, "Une heure de ferveur" (Actes Sud)

- Grégoire Bouillier, "Le coeur ne cède pas" (Flammarion)

- Nathan Devers, "Les Liens artificiels" (Albin Michel)

- Giuliano da Empoli, "Le Mage du Kremlin" (Gallimard)

- Carole Fives, "Quelque chose à te dire" (Gallimard)

- Sabyl Ghoussoub, "Beyrouth-sur-Seine" (Stock)

- Brigitte Giraud, "Vivre vite" (Flammarion)

- Sarah Jollien-Fardel, "Sa préférée" (Sabine Wespieser)

- Cloé Korman, "Les presque soeurs" (Seuil)

- Makenzy Orcel, "Une somme humaine" (Rivages)

- Yves Ravey, "Taormine" (Minuit)

- Pascale Robert-Diard, "La Petite Menteuse" (L'Iconoclaste)

- Emmanuel Ruben, "Les Méditerranéennes" (Stock)

- Monica Sabolo, "La Vie clandestine" (Gallimard)

- Anne Serre, "Notre si chère vieille dame auteur" (Mercure de France)


Au terme d’un été de lecture intensive et d’échanges entre ses 12 membres (neuf hommes, trois femmes), le jury du Goncourt a annoncé mardi les noms des quinze heureux élus de sa première sélection, parmi lesquels figure celui du jeune auteur et journaliste franco-libanais Sabyl Ghoussoub pour son troisième roman Beyrouth-sur-Seine (éd. Stock).« Je ne m’y attendais pas du tout, a...

commentaires (3)

C'est un livre dans lequel on rentre avec facilité, si en plus on est libanais vivant en France, il y a une vraie résonance avec sa propre histoire. A lire vite :)) bonne chance à Sabyl !

Pandora

11 h 21, le 07 septembre 2022

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Commentaires (3)

  • C'est un livre dans lequel on rentre avec facilité, si en plus on est libanais vivant en France, il y a une vraie résonance avec sa propre histoire. A lire vite :)) bonne chance à Sabyl !

    Pandora

    11 h 21, le 07 septembre 2022

  • Bonne chance à Sabyl Ghoussoub! Et félicitations pour avoir été choisi déjà!

    Hélène SOMMA

    05 h 17, le 07 septembre 2022

  • Sabyl! Inoubliable trace de Lumière et d'amitié à la Laure Abana au Liban... O Trinité adorable offre lui ce Goncourt bien mérité!!! Prionsss www.abanacybermite.com

    mère brigitte may

    17 h 15, le 06 septembre 2022

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