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Économie - Mais comment font les Libanais ?

Élie, installateur de panneaux solaires, continue de vivre comme avant la crise

Depuis le début de la crise, la livre libanaise a perdu plus de 95 % de sa valeur. L’inflation, elle, est exponentielle : il y a quelques jours, la Banque mondiale indiquait que le Liban a connu la plus forte hausse des prix alimentaires à fin juillet en glissement annuel, réelle et nominale. Les prix de l’essence, eux aussi, ont explosé... La chute est violente et loin d’être terminée. Dans ce contexte, une question revient souvent : mais comment font les Libanais ? Cette question, nous l’avons posée à certains d’entre eux. Ils ont accepté de nous dévoiler leurs comptes. Aujourd’hui, Élie*, installateur de panneaux solaires, arrive sans aucune difficulté à couvrir les dépenses de sa famille et à aider ses parents.

Élie, installateur de panneaux solaires, continue de vivre comme avant la crise

Photomontage réalisé par Mark Mansour.

« Je continue de vivre et de dépenser comme à l’époque du taux de change de 1 500 livres libanaises pour un dollar », résume Élie, 33 ans, alors que le Liban ne cesse de s’enfoncer dans une crise économique et sociale enclenchée en 2019. Ce privilège, cet électrotechnicien de formation le doit à un choix qu’il avait effectué fin 2018 : se reconvertir dans l’installation de panneaux solaires et de systèmes photovoltaïques.

À l’époque, il avait 29 ans. Il était à son compte et installait des systèmes de surveillance, de télécommunication ou encore d’alimentation électrique sans interruption (UPS), pour un revenu mensuel moyen gravitant autour de 2,25 millions de livres libanaises, soit l’équivalent de 1 500 dollars. Un montant qui lui permettait de vivre « décemment », sans pour autant être en mesure de se constituer une importante épargne. Et ce d’autant moins qu’à l’époque, il devait débourser, chaque mois, 850 000 livres, soit quelque 37,8 % de son revenu total, pour rembourser un prêt subventionné au logement auquel il avait souscrit.

De par ses projets et discussions avec ses confrères, Élie commençait à sentir que « le pays allait compter de plus en plus sur le solaire pour s’alimenter en énergie ». Il décide alors de se lancer dans l’installation de systèmes photovoltaïques. « J’avais déjà installé auparavant quelques systèmes de ce genre de par mon métier et j’avais les connaissances et le savoir-faire nécessaires », indique-t-il.

La demande explose

Avec l’éclatement de la crise en 2019, les choses s’accélèrent. Le Liban, faute de devises et d’approvisionnement en carburant, se retrouve de plus en plus fréquemment plongé dans le noir, tandis que les factures des générateurs privés explosent sans que le déficit énergétique ne soit résolu. Le basculement vers l’énergie solaire résidentielle s’accélère.

Une aubaine pour Élie qui se retrouve bien placé pour profiter d’une demande qui explose et qui « atteint son pic en 2021 », selon lui. Habitant à Hazmieh, il précise avoir installé des systèmes photovoltaïques « partout dans le Liban », tout en réussissant à continuer de travailler pour son compte, une fierté pour lui. « Je n’ai pas d’heures de travail fixes. Parfois, je commence à 8h30 le matin, parfois à 9h et même parfois à 10h. Tout dépend du nombre de projets à exécuter et de leur emplacement », indique celui pour qui l’essence représente un poste de dépenses considérable, compte tenu de tous les trajets qu’il a à effectuer et qu’il estime à 300 dollars par mois en moyenne.

En tout, son activité professionnelle lui rapporte entre 1 200 et 3 000 dollars par mois en fonction de la fréquence et la taille des projets, soit « un revenu mensuel moyen » estimé à « 2 000 dollars » qu’il encaisse entièrement en devises. Cela représente l’équivalent de 64 millions de livres libanaises au taux de 32 000 livres pour un dollar.

Grâce à ce montant, Élie est capable de subvenir à tous les besoins de sa famille sans compter sur le revenu de sa femme. « Même si elle travaille, j’essaie de faire en sorte qu’elle soit capable de dépenser son revenu à sa guise sans avoir à se soucier des dépenses du ménage », indique-t-il.

1 % de son revenu

Père d’un enfant, il prend ainsi à sa charge l’intégralité des dépenses du foyer et de son fils, dont celles pour l’alimentation (16 millions de livres), les frais de la garderie (6,4 millions) et ceux des vaccins (1,6 million) de son fils, ainsi que les assurances voiture et santé qui représentent un montant de 2,75 millions de livres par mois. En plus de cela, Élie contribue avec sa fratrie à subvenir aux besoins de ses parents, à hauteur de 100 dollars par mois.

Cela est d’autant plus possible grâce à la dépréciation de plus de 95 % de la livre libanaise qui a réduit dans la même mesure la mensualité du prêt de logement, toujours établie à 850 000 livres par mois. Si ce remboursement mensuel valait avant plus de 565 dollars à la parité officielle de 1507,5 livres pour un dollar, il ne vaut aujourd’hui que 26,6 dollars au taux du marché parallèle de 32 000 livres pour un dollar et ne représente désormais qu’un peu plus de 1 % de son revenu mensuel moyen.

S’il indique ne pas chercher à faire des économies aujourd’hui, Élie réussit tout de même à mettre de côté plus de 20 millions de livres par mois. Ce montant, il le gardait sous la main pour les imprévus et les urgences, mais depuis quelques semaines, il commence à penser à l’investir dans son travail. « J’étudie aujourd’hui la possibilité d’importer des panneaux solaires et des systèmes éoliens résidentiels qui produisent du courant électrique sans faire beaucoup de bruit », précise celui qui veut garder son statut d’autoentrepreneur. « Mais pour l’instant, rien de concret », conclut Élie.

*Le prénom a été modifié à la demande de la personne.

« Je continue de vivre et de dépenser comme à l’époque du taux de change de 1 500 livres libanaises pour un dollar », résume Élie, 33 ans, alors que le Liban ne cesse de s’enfoncer dans une crise économique et sociale enclenchée en 2019. Ce privilège, cet électrotechnicien de formation le doit à un choix qu’il avait effectué fin 2018 : se reconvertir dans l’installation de...

commentaires (3)

Le libanais egoiste et arrogant s en fout d autrui tant que son ventre est plein Ce sont des opportunistes ,des saprophytes C est pour cela qu îls ne bénéficient pas d une benediction ou d un regard paternel des Cieux

Robert Moumdjian

15 h 45, le 05 septembre 2022

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Commentaires (3)

  • Le libanais egoiste et arrogant s en fout d autrui tant que son ventre est plein Ce sont des opportunistes ,des saprophytes C est pour cela qu îls ne bénéficient pas d une benediction ou d un regard paternel des Cieux

    Robert Moumdjian

    15 h 45, le 05 septembre 2022

  • Que ceux qui peuvent faire installer un système de panneaux solaires en profitent au plus vite ou qu'ils investissent dans un système éolien ( Vertical donc moins bruyant, 46 db, moins onéreux, 5000 w à moins de 1000 $ ) parce que les propriétaires des groupes ... pardon nos politiciens voient d'un mauvais œil cette baisse de leurs chiffres d'affaires ils trouveront une excuse pour vite légiférer contre ce procédé, moi même ( triste privilegiė de ce système) ayant du subir les "foudres" de mon fournisseur d'énergie... Ayant gardé mon abonnement, en cas de défaillance du système solaire, j'ai du m'acquitter d'un montant de 1500000 LL...

    C…

    07 h 27, le 04 septembre 2022

  • Qui veut parier que le gouvernement va bientôt taxer les propriétaires de panneaux solaires?

    Gros Gnon

    04 h 59, le 04 septembre 2022

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