Sur le fond bleu de la Méditerranée, au large de la côte du Liban-Nord, l'équipage du sous-marin d'exploration spécialisé Pisces VI a trouvé son premier cadavre.
Le capitaine Scott Walters, qui dirige la quête du petit sous-marin jaune pour élucider le sort des migrants portés disparus depuis le naufrage de leur bateau le 23 avril, a déclaré que l'équipage avait décidé de remonter à la surface, à un demi-kilomètre du fond, la dépouille en état de décomposition avancée. Mais alors qu'il était hissé à la surface, le corps s'est désintégré morceau par morceau, se dispersant comme du sable dans l'eau, ne laissant que des vêtements encore accrochés au bras robotisé du sous-marin.
Le sous-marin de recherche est arrivé la semaine dernière au Liban dans le cadre d'une mission de l'ONG australienne AusRelief visant à apporter des réponses aux familles de dizaines de personnes toujours portées disparues et présumées mortes - des réponses que l'État libanais, dysfonctionnel et à court d'argent, n'a toujours pas fournies.
Le Pisces VI a localisé le bateau qui, selon M. Walters, ne présentait pas de signes évidents de dommages causés par l'embarcation de la marine qui l'avait intercepté, ainsi que 10 corps. Mais la mission a depuis pris fin après que l'armée libanaise a informé AusRelief de possibles risques sécuritaires, a affirmé à Reuters son chef, Tom Zreika. Ancien réfugié qui a lui-même été emmené par sa mère dans un voyage similaire vers Chypre au début de la guerre civile libanaise en 1975, M. Zreika a déclaré qu'AusRelief avait malheureusement conclu que le sauvetage de tous les corps et du bateau nécessiterait des ressources beaucoup plus importantes.
"Il y avait une femme en bas, coincée à mi-chemin d'une fenêtre, tenant son bébé... Elle a brisé le [cœur] de tout le monde", a-t-il dit, en faisant référence à l'équipe de la mission. "Cela m'a rappelé comment ma mère aurait pu me tenir dans ses bras".
Le bateau était conçu pour transporter une douzaine de personnes au maximum. Mais environ 80 migrants libanais, syriens et palestiniens se trouvaient à bord, dont une quarantaine ont été secourus, sept confirmés morts et une trentaine sont toujours portés disparus. Les familles des disparus, bouleversées, espéraient que le sous-marin leur révélerait le sort de leurs proches et la manière dont le bateau a coulé. Elles craignent maintenant que les corps restent immergés pour de bon, ainsi que des preuves potentielles concernant son naufrage.
Bien qu'une enquête des autorités libanaises sur l'incident soit toujours en cours, peu de familles s'attendent qu'elle aboutisse à une conclusion juste, ce qui illustre la profonde méfiance de la population à l'égard du système judiciaire et des institutions publiques au Liban.
Selon les habitants, l'aggravation de la situation économique dans la région pauvre du nord du Liban, d'où est parti le bateau de migrants, incitera de plus en plus de personnes à s'embarquer dans des voyages périlleux en mer, à la recherche d'une nouvelle vie en Europe.
Prêt à partir
Le nombre de personnes qui ont quitté ou tenté de quitter le Liban par la mer a presque doublé en 2021 par rapport à 2020, et a encore augmenté de plus de 70 % en 2022 par rapport à la même période de l'année dernière, a précisé par e-mail à Reuters le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Les principales raisons invoquées sont "l'incapacité de survivre au Liban en raison de la détérioration de la situation économique", le "manque d'accès aux services de base et les opportunités d'emploi limitées", a-t-il précisé. Le Liban est aux prises avec une grave crise financière depuis 2019 qui a laissé huit personnes sur dix dans la pauvreté.
Le bateau de migrants a chaviré et coulé après une collision avec un navire de la marine libanaise qui tentait de stopper son voyage vers l'Europe. Les autorités pensent qu'il est parti de la ville balnéaire endormie de Qalamoun, juste au sud du grand port de Tripoli, depuis le quai d'une station balnéaire abandonnée où les habitants se rendent pour passer du temps libre.
"Tout ce que nous voulons, c'est quitter ce pays. Il n'y a plus rien ici", dit Bilal Hamam, un ouvrier journalier de 42 ans dans une cimenterie locale, qui n'a pas été appelé au travail lundi. "Mes amis sont partis (sur de précédents bateaux de migrants). J'avais peur d'y aller parce que j'ai des enfants... mais maintenant je suis prêt à partir avec ma famille", ajoute-t-il. "Je ne suis pas meilleur que ceux qui sont morts, mes enfants non plus".
Une "parodie" de justice
Certaines familles de victimes ont porté plainte au pénal contre l'officier de la marine qui commandait le navire qui a intercepté le bateau de migrants et la douzaine d'autres membres d'équipage à bord, après que certains migrants survivants ont déclaré avoir été éperonnés par ce bateau militaire. Selon l'armée, son navire et le bateau sont entrés en collision alors que le trafiquant d'êtres humains en charge manœuvrait pour s'échapper.
Une enquête est menée par le tribunal militaire libanais, composé de membres de l'armée.
"C'est une parodie de justice dans tous les sens du terme... qu'une institution soit accusée d'avoir tué des gens et supervise également l'enquête", fait valoir Jihad Medlej, le père de Hachem Medlej, 22 ans, qui se trouvait sur le bateau et est toujours porté disparu.
"Nous ne garderons pas le silence à ce sujet... Nous voulons vivre dans un État doté d'institutions et de lois", a de son côté confié à Reuters un avocat représentant des familles, Mohammad Sablouh,
Un porte-parole de l'armée a, pour sa part, déclaré à Reuters qu'il ne pouvait pas commenter les plaintes et les accusations des proches des disparus en raison de l'enquête en cours.
Lors d'une réunion en mai avec les familles des victimes en deuil, le général Joseph Aoun, commandant en chef des forces armées libanaises, a promis une enquête transparente et impartiale. Mais M. Medlej, rejetant le récit des événements fait par l'armée, souligne qu'il n'avait pas pu faire le deuil de son fils parce qu'il avait reçu des rapports contradictoires sur son sort, aucun corps n'ayant été retrouvé, et qu'il pensait qu'il était peut-être encore en vie.
Une source de la troupe, qui a requis l'anonymat en raison de l'enquête en cours, a déclaré qu'elle ne disposait d'aucune information sur Hachem Medlej.
Un avocat des familles a tenté d'assigner Scott Walters à comparaître devant le tribunal pour qu'il fournisse davantage d'informations sur les conclusions de la mission sous-marine, y compris des images haute définition, mais cette tentative a échoué, le système judiciaire libanais était actuellement en grève. Le capitaine a depuis quitté le Liban, et l'armée n'a jusqu'à présent publié que des images de faible qualité de l'épave.
De son côté, M. Zreika a indiqué qu'il rendrait bientôt publiques toutes les images. Il a déploré l'hostilité croissante entre le peuple et les institutions au Liban. Avant de partir, l'équipe de la mission a organisé un petit service en mer pour ceux qui ont péri, mais l'armée a déconseillé d'emmener les parents des victimes, ajoute Tom Zreika. "Ils ont dit: 'Nous ne pouvons pas garantir votre sécurité'".
L’ARMÉE ( COMME LE FONT TOUTES LES GARDE-CÔTES DE PAR LE MONDE ) A FAIT CE QU’IL FALLAIT FAIRE . LE CAPITAINE S. WALTERS AUSSI . LES FAMILLES QUI VEULENT PORTER PLAINTE PÉNAL CONTRE L'OFFICIER !??LE TRAFIQUANT ( le capitaine ) D'ÊTRES HUMAINS EN CHARGE ( LIBRE ) ?! MALHEUREUSEMENT , AVEC TRISTESSE IL FAUT ACCEPTER QUE LES CORPS DOIVENT RESTER IMMERGES POUR DE BON, AINSI QUE DES PREUVES POTENTIELLES CONCERNANT SON NAUFRAGE . A PEINE QUE L’ÉQUIPE DU BATHYSCAPHE QUITTE LE LIBAN , ÇA RECOMMENCE : DU POPULISME BON MARCHE . DES ARRIVISTES , PROMESSES MENSONGÈRES. ACCUSATIONS GRATUITES.
20 h 26, le 01 septembre 2022