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Société - Naufrage de Tripoli

Les familles des victimes de plus en plus méfiantes face à l’évolution de l’enquête

Le capitaine du sous-marin a fait part, au cours d’une conférence de presse, de difficultés dans le repêchage des corps.

Les familles des victimes de plus en plus méfiantes face à l’évolution de l’enquête

Le bathyscaphe chargé du repêchage des corps toujours piégés dans les profondeurs. Photo João Sousa

Au fur et à mesure que se prolonge la mission du bathyscaphe chargé des opérations de recherches concernant les victimes du naufrage de Tripoli, qui a eu lieu en avril dernier au large de Qalamoun au Liban-Nord, une certaine méfiance commence à poindre parmi les familles. Des familles qui attendent que non seulement les corps de leurs proches soit repérés, mais aussi, et surtout, qu’ils soient remontés à la surface, de même que l’embarcation. Or, jusqu’à présent, aucun corps n’a pu être remonté. Encore moins le bateau.

Le bateau de migrants avait été intercepté durant la nuit du 23 avril dernier par une patrouille de l’armée, à environ 5,5 kilomètres au large de Qalamoun. Les rescapés affirment que le navire militaire est entré en collision avec leur embarcation, ce qui a provoqué le naufrage. Pour l’armée, c’est le fait que le bateau soit surchargé de passagers, au nombre d’environ 85, qui a fait couler le bateau. Les familles comptent donc beaucoup sur cette opération de repêchage effectuée par l’ONG AusRelief pour pouvoir enterrer leurs morts, mais aussi pour que l’inspection du bateau puisse révéler la vérité sur le drame. Des photos et vidéos de l’embarcation dans les profondeurs ont été diffusées mercredi dernier sur les réseaux sociaux par l’armée. « Mais elles ne sont pas claires », estime Mohammad Sablouh, l’un des avocats des familles de victimes, contacté hier par L’Orient-Le Jour. Or, lors d’une conférence de presse vendredi dernier, Scott Walters, capitaine du bathyscaphe, avait affirmé que tout le processus était filmé en très haute résolution (4K). Il avait aussi indiqué que l’équipage a fait le tour de l’embarcation qui était intacte, sauf au niveau de la proue où ils ont observé des dommages. « Lors de la première descente, le sous-marin a retrouvé, à près de 600 mètres du bateau naufragé, une dépouille dont il ne restait que quelques os », avait ajouté le capitaine, déplorant que « le corps, en état de décomposition avancée, se soit désagrégé alors qu’on tentait de le ramener à bord ».

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Le député Achraf Rifi, à l’origine de cette initiative financée par des Libanais expatriés en Australie, a indiqué qu’« il n’est toujours pas clair si les corps seront repêchés ou pas ». Contacté par L’OLJ, il a fait savoir qu’aucune information ne sera communiquée à la presse avant la rencontre avec les familles des victimes prévue lundi. « Nous allons leur montrer les vidéos et photos », explique-t-il.

Beaucoup trop de zones d’ombre

L’éventualité qu’il faille renoncer au repêchage des corps et du bateau pour des raisons techniques alimente les craintes des familles de victimes. « J’ai l’impression que l’armée s’est résignée à ne plus tenter de faire remonter le bateau à la surface et à demander à Dar el-Fatwa de réciter la prière des absents pour le repos des âmes des victimes noyées. C’est une situation que les familles n’acceptent pas », renchérit Me Sablouh. Contacté par notre journal, Khaldoun Qawwas, le porte-parole de Dar el-Fatwa, a expliqué que la démarche légale est en cours d’étude. « Depuis le départ, l’institution sunnite n’a pas dit un mot. Son avis ne nous importe pas. Nous voulons enterrer nos morts même s’il ne reste d’eux qu’une chaussure », souffle Walid Kaddour, qui a perdu en mer son fils et sa femme. Ses deux autres fils ont pu être sauvés dans la nuit du naufrage. « Il y a énormément de zones d’ombre dans ce qu’il se passe. Ils veulent cacher la vérité », s’emporte Walid Kaddour. Même son de cloche pour Jihad Ibrahim Metleb, qui a perdu son fils dans le naufrage, alors que sa fille et son beau-fils ont survécu. « C’est une mise en scène. Ils ne veulent pas faire remonter le bateau. Et nous, c’est tout ce que nous demandons car cela permettra de faire éclater la vérité au grand jour, alors que les zones d’ombres perdurent. » Pour ce qui est des photos de l’embarcation publiées en ligne, le père de famille fait remarquer qu’elles ne montrent pas la partie demandée qui aurait été atteinte à deux reprises la nuit du naufrage. « Mes deux garçons m’ont dit qu’ils avaient été heurtés par le navire militaire qui a tenté de les arrêter à deux reprises. »

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Le bathyscaphe a retrouvé l’embarcation jeudi dernier au bout de son deuxième jour de recherche « à 459 mètres de profondeur et à 130 mètres du site de naufrage identifié par les forces navales », selon l’armée. Le colonel Haytham Dennaoui, commandant de la marine libanaise, a affirmé au cours de la même conférence de presse que « de nouveaux indices seront mis à la disposition du pouvoir judiciaire ». Car si l’objectif principal de cette opération est de repêcher les corps, elle permet également de faire avancer l’enquête sur les causes qui ont entraîné le naufrage. Achraf Rifi, quant à lui, a tenu à expliquer qu’en situation de danger, « il est normal d’imaginer des choses et d’être convaincu qu’elles sont réalistes, alors qu’elles ne peuvent objectivement pas l’être ». Un commentaire qui ne passe pas pour Diala Chéhadé, l’une des avocates ayant porté plainte avec un collectif de dix de ses confrères pour homicide volontaire et involontaire contre treize soldats, identifiés par les familles des victimes, qui auraient participé à l’interception de l’embarcation de fortune. « Il n’est pas permis de mettre en doute les témoignages des rescapés, cela peut fausser l’enquête. Par ailleurs, cela ne fait pas partie des prérogatives du député », assène-t-elle.

Au fur et à mesure que se prolonge la mission du bathyscaphe chargé des opérations de recherches concernant les victimes du naufrage de Tripoli, qui a eu lieu en avril dernier au large de Qalamoun au Liban-Nord, une certaine méfiance commence à poindre parmi les familles. Des familles qui attendent que non seulement les corps de leurs proches soit repérés, mais aussi, et surtout, qu’ils...

commentaires (2)

TRISTE DESTIN QUE CELUI DES LIBANAIS QUI FUIENT LA REPUBLIQUE DE L,ENFER CREE PAR LES PYGMEES ET LES BARBUS.

LA LIBRE EXPRESSION

11 h 34, le 29 août 2022

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Commentaires (2)

  • TRISTE DESTIN QUE CELUI DES LIBANAIS QUI FUIENT LA REPUBLIQUE DE L,ENFER CREE PAR LES PYGMEES ET LES BARBUS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 34, le 29 août 2022

  • 4 MOIS ? 400 MÈTRES DE PROFONDEUR ? REMONTER CORPS ET EMBARCATION ????? LES FAMILLES S’IMPLIQUENT, LA DIASPORA AUSSI : ILS CROIENT !!. LE TRAGIQUE , LE HONTEUX C’EST L’EXPLOITATION DES SENTIMENTS PAR DES POLITICIENS ARRIVISTES. ÇA SE PRÉTEND HUMANITAIRE ? LA DIGNITÉ C’EST OÙ ? LE RESPECT DÛ AU CORPS HUMAIN ?

    aliosha

    11 h 05, le 29 août 2022

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