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Nos Lecteurs ont la Parole

Vivre pour évoluer

« Mandeville, dans la première moitié du XVIIIe siècle, Necker, dans la seconde, ne prétendent à la réviviscence d’aucune différence essentielle entre groupes sociaux. En revanche, leur description du fonctionnement optimal des corps politiques fixe les limites souhaitables à la diffusion sociale des connaissances. En ce sens, leur réponse à la question “qui peut savoir ?” est corrélée au degré d’inégalité qu’ils jugent essentiel au corps politique : l’ignorance est sans remède, car elle appartient intrinsèquement au meilleur des mondes.... » Dossier : « Qui peut savoir ? Les bienfaits politiques de l’ignorance : les pauvres et l’économie du savoir chez Bernard Mandeville et Jacques Necker. Jordan Messerlé, pp. 137-151, 15/2021.

Jean confie à ses proches les faits révélateurs de son départ du pays du Cèdre. Il fait partie des Libanais qui ont quitté le pays pour d’autres cieux non pas à cause de la précarité effarante du système politique, mais afin d’explorer un parcours sans tutelle. Ces personnes vont refuser les promesses de ceux qui ne savent pas dialoguer. Il dit : « J’ai saisi très tôt la concomitance entre le déroulement des “conflits” politiques opportuns et le mouvement circulaire de la cellule familiale qui alimente les rapports directifs mais aussi l’attention à ce qui est formulé. Vous êtes chers parents voués aux meilleures intentions. Les éléments matériels nécessaires ainsi que l’établissement scolaire de qualité n’ont pas représenté l’essentiel de mes préoccupations. J’ai voulu développer mes dispositions à échanger et à découvrir ma place parmi d’autres. J’ai grandi sans avoir pu pratiquer avec vous de vrais dialogues, mais vos meilleures perspectives. Vous teniez à des principes intouchables quand mes convictions ne correspondaient pas à votre perception des choses. Après avoir entendu vos paroles, j’ai choisi une façon particulière d’observer un problème et de le résoudre. Ce n’est pas un chemin de projections mentales ni de convenances qui me sécurise. Les tutelles qui démarquent vos rôles ne concernent pas ma liberté d’entrevoir autrement les liens et l’évolution des rapports. Je ne suis pas un “marginal” alors que vous pensez qu’il vaut mieux taire un avis différent. En insistant sur vos rituels, je ressentais le poids de la communication restreinte et les limites de vos apports respectifs. La raison principale qui m’a conduit à vivre autrement ailleurs depuis 46 ans est la suivante, j’ai eu ras-le-bol de vos précieuses façons d’agir. Je ne veux pas appartenir à une vieillesse précoce. Votre éducation consistait à me rendre dépendant de vos subjectivités. Cela devenait presque une politique à suivre ou à assumer ses conséquences. Que de personnes sont jugées d’avance pour cause “d’originalité”, car elles possèdent le désir fondamental et l’amour du progrès interactif. Cette qualité citoyenne qui manque tellement à notre quotidien est pourtant intolérable dans tant de contextes conditionnés. Depuis le début de la guerre en 1975 et de mon départ jusqu’à ce jour, je réalise que les apparences ne comptent pas pour moi. Désormais, ma priorité consiste à vivre pour évoluer. »


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique Courrier n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, L’Orient-Le Jour offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires ni injurieux ni racistes.

« Mandeville, dans la première moitié du XVIIIe siècle, Necker, dans la seconde, ne prétendent à la réviviscence d’aucune différence essentielle entre groupes sociaux. En revanche, leur description du fonctionnement optimal des corps politiques fixe les limites souhaitables à la diffusion sociale des connaissances. En ce sens, leur réponse à la question “qui peut savoir ?”...
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