Zéro confiance

Notre « sinistre national de l’économie et du commerce » a tenu une conférence de « stress » pour nous annoncer (en résumé) : 1- que le pays ne peut plus continuer à persister avec un dollar douanier au taux de 1 500 livres libanaises et qu’il fallait à tout prix relever ce taux à raison de probablement 20 000 livres ; 2- qu’une grande partie des produits de première nécessité ne sont pas impliqués dans cette nouvelle tarification ; 3- et en dernier lieu, qu’il s’agit d’une période transitoire pour arriver à l’essor escompté de notre économie nationale et également à la prospérité des Libanaises et des Libanais.

Chers amis, dites-moi sincèrement, n’avez-vous pas eu une impression de déjà-vu et un sentiment de déjà entendu en écoutant ce ministre ?! Un déjà-vu qui nous a été annoncé, à la lettre, lors de l’instauration de la TVA au début de l’année 2000 ?! N’a-t-on pas tous entendu ce même genre de discours, au début de ce troisième millénaire, pour nous convaincre de la nécessité et de l’imminence de mettre en marche le système de la taxe sur la valeur ajoutée, communément appelée TVA (dixit Fouad Siniora, si vous vous en souvenez) ?! Cette nouvelle taxation, qui, soit dit en passant, était, selon le matraquage de l’époque, supposée relever le pays du marasme économique ?!

Personnellement, Monsieur le « ministre sinistre », sans vouloir trop rentrer dans les détails de l’aspect technique de cette mesure, j’ai le regret de vous annoncer que je suis, en tant que Libanais, en droit de n’avoir aucune confiance en vos dires pour la simple raison que « chat échaudé craint l’eau froide ».

Celui qui a été victime d’une flagrante et grave escroquerie, d’une malversation notoire, devient beaucoup plus méfiant et beaucoup plus prudent face à un danger de même nature. Il va sans dire que les mêmes causes produisent généralement les mêmes effets. Adieu essor de l’économie nationale... Adieu prospérité des Libanaises et des Libanais.... Adieu « veau, vache, cochon, couvée ».

De grâce, allez convaincre les simples d’esprit avec vos théories qui ne tiennent pas debout. Notre intelligence mérite un minimum de respect. (J’utilise, à bon escient, la formulation « qui ne tiennent pas debout » pour rester dans les normes de la politesse et de la courtoisie.)

Michel Antoine AZAR

Avocat à la cour

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