Bassam Cheikh Hussein, l'homme qui avait pris en otages la semaine dernière des employés d'une banque à Hamra, à Beyrouth, afin de réclamer que l'établissement lui permette de retirer des devises de son compte, a annoncé jeudi qu'il souhaitait récupérer la totalité de son dépôt bancaire bloqué à la Federal Bank et qu'il allait entamer des négociations à cet effet. Il a toutefois mis en garde que, si ces pourparlers n'aboutissaient pas et qu'une action en justice ne lui donnait pas gain de cause, il est prêt à réitérer son geste et se faire justice par la force.
Lors d'une conférence de presse au club de la presse organisée par l'association "Le cri des déposants" et le collectif Mouttahidoun, M. Cheikh Hussein a indiqué qu'il allait entamer des négociations avec la Federal Bank afin de réclamer de pouvoir retirer le solde de son compte, soit 137.000 dollars. Si cette requête lui est refusée, il aura recours à la justice, a-t-il annoncé avant de lancer : "Si je n'obtiens pas gain de cause sur tous mes droits, j'irai à nouveau à la banque pour les récupérer de mes propres mains".
Revenant sur les événements de jeudi dernier, il a expliqué s'être rendu à la banque pour y réclamer les 400 dollars mensuels auxquels il a droit sur base de la circulaire 158 de la Banque du Liban, que l'établissement refusait de lui accorder depuis plusieurs mois. Ce dispositif autorise les déposants à retirer chaque mois de leurs comptes soumis à des restrictions 400 dollars en espèces et la somme équivalente en livres convertie au taux de 12 000 livres pour un dollar. Seule la moitié du montant en livres pouvant être délivré chaque mois peut être retirée en espèces, le reste ne pouvant servir qu’à provisionner des paiements par carte ou par chèque. Ce mécanisme avait été mis en place pour faire face aux restrictions et limitations bancaires, drastiques et illégales, imposées depuis le début de la crise au Liban en 2019.
"Continuer à travailler normalement"
"Tous les trois-quatre mois, je recevais une partie de l'argent, puis la banque refusait à nouveau de me les verser pendant plusieurs mois, j'ai fini par manquer de fonds, je me suis endetté, j'avais des factures d'hôpital à payer", a raconté le déposant. C'est après avoir essuyé un nouveau refus de la part du directeur de la banque que M. Cheikh Hussein a décidé d'aller à sa voiture chercher son fusil et un bidon d'essence et de revenir dans la banque. "J'ai dit aux quelques employés qui étaient toujours à l'intérieur de ne pas m'approcher et de continuer à travailler normalement, et j'ai fait sortir les déposants qui étaient encore à l'intérieur, dont une cliente qui avait peur et un autre qui m'a dit avoir des problèmes cardiaques. Mon problème est avec la Federal Bank", a-t-il ajouté. Il a précisé que les tractations avaient eu lieu avec "des négociateurs du ministère de l'Intérieur" et qu'il réclamait au départ la totalité de son épargne. "Ils m'ont promis que je pourrais récupérer 35.000 dollars et rentrer chez moi", a-t-il poursuivi, exprimant son étonnement lorsque les Forces de sécurité intérieure l'ont amené au commissariat pour le placer en détention.
Au début de sa conférence de presse, le déposant a remercié pour leur solidarité les personnes qui étaient venues sur les lieux le soutenir pendant la prise d'otages. Après son action, qui n'a fait aucune victime et à l'issue de laquelle tous les employés avaient été libérés, Bassam Cheikh Hussein avait été placé en détention. Il a été libéré sous caution après plusieurs jours sans faire l'objet de poursuites en justice.
commentaires (18)
Quand une banque n'est plus capable d'honorer ses dettes vis à vis de ces créanciers elle doit déclarer sa faillite. Aucune loi peut s'interposé. Le hic est que, cela va entrainer la faillite du système et la fin de l'industrie bancaire qui fut le premier secteur stratégique du Liban. La quadrature du cercle.
DAMMOUS Hanna
14 h 08, le 20 août 2022