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Politique - Décryptage

Le fuel iranien, une polémique prématurée

Une fois de plus la polémique s’étale dans tous les médias. Faut-il ou non que le Liban importe du fuel d’Iran, au moment où les Libanais ont désespérément besoin de courant électrique, au risque d’irriter Washington et d’être la cible de nouvelles sanctions ?

Comme c’est le cas chaque fois que l’Iran (et par ricochet le Hezbollah) est en cause, la question divise les Libanais. Mais cette fois, l’élément nouveau c’est que l’idée a été lancée par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui a proposé d’importer du fuel d’Iran pour faire fonctionner les centrales électriques et permettre aux Libanais, qui souffrent de la chaleur estivale et du rationnement de l’électricité, de bénéficier de 8 à 10 heures de courant par jour. Il a sciemment évoqué cette idée à la veille de l’arrivée à Beyrouth de l’émissaire américain Amos Hochstein, chargé du dossier des négociations sur la frontière maritime libano-israélienne, pour « faire monter les enchères et coincer les autorités », selon ses détracteurs. Le ministre de l’Énergie Walid Fayad s’est empressé d’accueillir favorablement la proposition du secrétaire général du Hezbollah, assurant que de son côté il n’avait aucune objection à amener du fuel d’Iran, surtout au moment où les Libanais ont terriblement besoin de courant électrique et que les centrales libanaises pâtissent régulièrement du manque de fuel, du retard dans l’ouverture des crédits et, par conséquent, de l’arrivée des bateaux qui transportent cette matière. Le ministre a même abordé ce sujet lors de sa rencontre avec M. Hochstein dimanche. Selon des sources proches du ministère de l’Énergie, contrairement à ce qui a été dit dans certains médias, l’échange à ce sujet n’était pas aigre-doux, mais franc et cordial, le ministre disant clairement qu’il ne peut pas, par égard pour les Libanais, rejeter une telle proposition. Toutefois, l’approbation du ministre de l’Énergie n’est qu’un premier pas dans un long processus qui exige, entre autres, l’approbation du président du Conseil. Les interlocuteurs américains l’ont ainsi fait remarquer à Walid Fayad qui aurait répondu que si la proposition se précise, il serait prêt à en parler avec toutes les parties concernées.

Immédiatement, les milieux politiques et médiatiques se sont emparés de ce sujet. Pour certains, il s’agit d’un nouveau piège pour pousser le Liban dans les bras de l’Iran et, pour d’autres, d’une nouvelle preuve de l’emprise sur le pays des États-Unis qui le soumettent à un blocus indirect. Sur le plan strictement politique, il a été aussi dit que la balle est dans le camp du Premier ministre sortant Nagib Mikati, certains étant convaincus qu’il ne peut pas accepter une telle proposition. Au cours des derniers jours, ce dernier s’est bien gardé d’évoquer cette question et de prendre position. Mais certains de ses proches assurent que si la proposition se concrétise, il serait prêt à l’étudier de façon positive, en raison des besoins urgents du Liban en fuel. De leur côté, les autorités iraniennes ont fait savoir qu’elles attendaient une demande officielle de la part du Liban pour l’étudier.

Tous ces éléments montrent que la polémique au sujet du fuel d’Iran n’a en réalité pas lieu d’être. Le projet en est encore à ses débuts et, à ce stade, le processus n’a pas encore été entamé. Le secrétaire général du Hezbollah a de nouveau évoqué le sujet mardi dans son discours à l’occasion de la commémoration de Achoura. Il a ainsi répété que son parti a la possibilité de se rendre en Iran et d’y rencontrer les responsables de ce pays et de leur demander de vendre du pétrole, du gaz et du fuel au Liban en livres libanaises. Hassan Nasrallah a aussi révélé qu’avant de lancer cette idée publiquement, il en avait parlé avec les autorités iraniennes qui avaient répondu qu’elles étaient prêtes à y répondre positivement. Il en a alors parlé avec les autorités libanaises, mais celles-ci n’avaient pas réagi. C’est ce qui l’a donc poussé à en parler publiquement dans son discours. Pour certains, le secrétaire général du Hezbollah a voulu ainsi mettre les autorités libanaises au pied du mur pour les pousser à réagir, tout en montrant à ses partisans qu’il fait de son mieux pour répondre à leurs besoins et que le blocage vient des responsables. Hassan Nasrallah a aussi insisté sur le fait qu’il n’a pas lancé cette idée pour faire de la surenchère politique, mais pour proposer des solutions concrètes à la pénurie de courant électrique dont souffrent les Libanais. En même temps, il chercherait à montrer à la population qu’il y a, d’un côté, une partie étrangère prête à aider le Liban et, de l’autre, une partie étrangère qui multiplie les promesses fallacieuses, tout en entravant leur concrétisation et en emprisonnant les Libanais dans un quotidien très pénible. Il a peut-être réussi médiatiquement son coup, mais les Libanais restent sans électricité.

Une fois de plus la polémique s’étale dans tous les médias. Faut-il ou non que le Liban importe du fuel d’Iran, au moment où les Libanais ont désespérément besoin de courant électrique, au risque d’irriter Washington et d’être la cible de nouvelles sanctions ? Comme c’est le cas chaque fois que l’Iran (et par ricochet le Hezbollah) est en cause, la question divise les...

commentaires (6)

Qui parle d'importer du fuel de l'Iran? La proposition était d'obtenir du fuel GRATUITEMENT. Ça a changé? L'Iran n'a pas le droit de VENDRE son fuel, mais personne ne peut l’empêcher de le DONNER. Dans tous les cas il faudra prévoir de faire venir 10 fois nos besoins, puisque 90% du fuel finira en contrebande en Syrie...

Gros Gnon

15 h 18, le 05 août 2022

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Commentaires (6)

  • Qui parle d'importer du fuel de l'Iran? La proposition était d'obtenir du fuel GRATUITEMENT. Ça a changé? L'Iran n'a pas le droit de VENDRE son fuel, mais personne ne peut l’empêcher de le DONNER. Dans tous les cas il faudra prévoir de faire venir 10 fois nos besoins, puisque 90% du fuel finira en contrebande en Syrie...

    Gros Gnon

    15 h 18, le 05 août 2022

  • Mais il est clair, Mme Haddad, que le jeu mesquin du Hezbollah est clair: il veut mettre le Liban sous dépendance iranienne totale en se faisant passer pour le sauveur de la populace alors que sa présence armée seule serait en grande partie responsable de ce désastre national…Vous ne comprenez donc pas qu’il y va de la survie d’un mode de vie, de culture et d’ouverture sur le monde arabe et occidental dans une atmosphère de liberté d’expression et de tolérance qui, seul, permettra au Liban de se relever économiquement et socialement et rejoindre le monde civilisé… Or, ces dictatures théocratiques sclérosées sont aux antipodes de ce processus et tout Libanais bien pensant et patriote ne devrait jamais accepter de s’associer à cet autoritarisme rétrograde et violent…De grâce, cessez de justifier HN et ses agissements suspects et de les minimiser et comprenez donc pourquoi il faut à tout prix se débarrasser de ce cancer ou le guérir…Comment? Ça c’est une autre histoire.

    Saliba Nouhad

    02 h 17, le 05 août 2022

  • Quelle concentration d’inepties en un seul article

    Lecteur excédé par la censure

    20 h 21, le 04 août 2022

  • Je pense que le sud a du fuel importé clandestinement de l’Iran …..

    Eleni Caridopoulou

    12 h 09, le 04 août 2022

  • voyez vous ca ! le rigolo ministre de la nuit noire qui menace les usa de ses foudres:si la proposition (fuel iranien) se précise, il serait prêt à en parler avec toutes les parties concernées"" Wouah ! Amos, Joe, Lapid et consorts tremblent de le voir s'accorder avec la racaille de la moumanaa et executer sa menace.

    Gaby SIOUFI

    10 h 45, le 04 août 2022

  • De la poudre aux yeux chère Madame…

    Karam Georges

    09 h 25, le 04 août 2022

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