Joëlle Beainy, ou comment faire de sa différence une force

Sa différence ne l’a pas empêchée d’aller au bout de ses ambitions. Joëlle Beainy a choisi de s’adapter, au quotidien, à sa situation particulière pour pouvoir concrétiser son rêve d’intégrer l’université. « Ma mère, mon père, mon frère et moi-même présentons tous des troubles de l’audition. Nous communiquons avec la langue des signes. Nous faisons de notre mieux pour vivre comme tout le monde et nous ouvrir aux autres », confie celle qui a également appris à lire sur les lèvres. Comme tous les jeunes, Joëlle a souhaité suivre des études supérieures et a travaillé dur pour se donner les moyens d’y arriver. « J’ai toujours été passionnée par la mode. Enfant, je portais déjà une attention particulière aux vêtements, dans les films que je regardais, dans les magazines ou lorsque je croisais des gens dans la rue. Au fil des années, je n’ai cessé de me renseigner au sujet des tendances, des matières et des couleurs avec l’objectif ultime de travailler plus tard comme designer de mode », raconte-t-elle. Joëlle décide alors de redoubler d’efforts, durant sa scolarité, afin d’avoir les capacités de se former au métier qui l’intéresse. « Je n’ai pas voulu baisser les bras. Je savais que je devais faire preuve de persévérance et m’appliquer au quotidien pour pouvoir réussir », souligne la diplômée de 24 ans. En 2019, Joëlle est acceptée à l’université Notre-Dame de Louayzé (NDU), l’établissement pouvant accueillir et former les personnes à besoins particuliers. Soutenue par les enseignants et par l’administration, elle obtient, en juin dernier, son diplôme en design de mode. « Je suis fière de mon parcours et d’avoir eu le courage d’intégrer l’université, d’autant plus que les membres de ma famille n’ont pas eu cette chance. Ils m’ont épaulée durant tout mon parcours, et je suis heureuse de pouvoir montrer qu’en choisissant d’être dans l’action, l’être humain peut se surpasser », observe la jeune femme.

Volonté et travail acharné

« J’ai été scolarisée dans une école dédiée aux personnes malentendantes et je communiquais, avec mes amis et mes professeurs, en langue des signes. En faisant mon entrée à la NDU, c’était la première fois que j’intégrais une institution inclusive », précise la jeune femme qui a dû apprendre à sortir de sa zone de confort. Elle ajoute que son université l’a accompagnée, au quotidien, pour faciliter son intégration. Mais Joëlle Beainy a dû faire face, ces deux dernières années, à des difficultés supplémentaires durant son parcours à cause de la pandémie de Covid-19 et du port obligatoire du masque qui ont rendu difficile sa communication avec autrui. « Avec le passage aux cours en ligne, je me suis heurtée à un problème, je n’arrivais pas toujours à lire sur les lèvres des enseignants mais ceux-ci ont redoublé d’efforts pour trouver des solutions afin que je puisse suivre les séances, et je leur suis reconnaissante pour le soutien individuel qu’ils m’ont apporté », poursuit la jeune diplômée. Cette dernière a aujourd’hui la preuve qu’à force de travail et de volonté, chacun peut se donner les moyens de dépasser les difficultés entravant son parcours. Forte de son expérience, Joëlle Beainy espère pouvoir travailler avec des célébrités en devenant styliste pour les acteurs et les artistes, et inspirer, grâce à son parcours, ceux qui l’entourent.