« Le Liban ne peut rester inactif face à la crise », plaide Guterres

Dans son dernier rapport trimestriel en date sur l’application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité, le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, appelle les dirigeants libanais à agir rapidement pour mettre le Liban sur la voie du redressement. « Le Liban ne peut se permettre de rester inactif face à la crise socio-économique qui ne cesse de s’aggraver », plaide-t-il.

Ce rapport trimestriel fournit une évaluation complète de la mise en application de la résolution 1701, y compris les dispositions de la résolution 2591, qui couvre la période allant du 19 février au 20 juin 2022. Le document a fait l’objet, jeudi, de consultations à huis clos du Conseil de sécurité de l’ONU. La coordonnatrice spéciale des Nations unies au Liban, Joanna Wronecka, a décrit au Conseil la situation qui prévaut dans le pays.

Dans son rapport, le patron de l’ONU salue le déroulement dans les délais des élections législatives au Liban et appelle les dirigeants politiques libanais à franchir la prochaine étape en formant rapidement un gouvernement inclusif et en accélérant la mise en œuvre de réformes.

Au sujet de la représentation politique des femmes, M. Guterres réitère son appel à des mesures spéciales temporaires, y compris l’introduction d’un quota dans les institutions et une représentation égale entre les femmes et les hommes dans le prochain gouvernement. Sur un autre plan, le secrétaire général encourage le Liban et Israël à reprendre les pourparlers autour des frontières maritime et terrestre, indiquant que « l’ONU, par l’intermédiaire de ses représentants, reste prête à appuyer ce processus comme demandé par les parties et dans les limites de ses capacités et de son mandat ».

Saluant l’accord préliminaire conclu avec le FMI, le chef de l’ONU compte sur le Parlement et les autorités gouvernementales pour donner rapidement suite en entamant les réformes requises, qu’elles soient budgétaires, monétaires, financières ou de gouvernance. Le secrétaire général « encourage les États membres à envisager un soutien financier supplémentaire pour faire en sorte qu’un programme du FMI puisse réussir et contribuer à mettre le pays sur la voie d’une reprise durable », note-t-il.

Arsenal échappant au contrôle de l’État

Le chef de l’ONU revient une fois de plus à la charge en relevant l’absence de progrès au niveau du traitement de la question de l’arsenal du Hezbollah et d’autres groupes armés, qui « représentent une violation persistante et grave de la résolution 1701 », relève-t-il. M. Guterres appelle le gouvernement libanais à prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir le monopole des armes et de l’autorité à l’État libanais, notamment en appliquant pleinement les dispositions pertinentes des accords de Taëf et des résolutions 1559 et 1680, qui exigent le désarmement de tous les groupes armés au Liban.

Par ailleurs, M. Guterres se dit « préoccupé » par l’augmentation des violations continues de l’espace aérien libanais et de la souveraineté libanaise par Israël, qui sapent la crédibilité de la Finul. Il encourage vivement les parties à s’entendre sur la voie à suivre afin de résoudre les points de discorde existant le long de la ligne bleue et éviter les risques de tensions.

Concernant l’armée, et au vu de la crise économique et du risque que des acteurs non étatiques puissent exploiter tout vide sécuritaire, M. Guterres demande instamment une augmentation de l’aide bilatérale aux forces armées libanaises, en tant que seules forces légitimes du Liban, afin qu’elles puissent relever efficacement tout défi sécuritaire émergent.