Pas de déblocage politique en vue au Liban à la veille de la fête de l'Adha. Le Premier ministre désigné, Nagib Mikati, a assuré vendredi que son gouvernement démissionnaire "poursuit son travail", tout en appelant à hâter la formation d'un nouveau cabinet, alors que les négociations autour de cette question semblent au point mort depuis quelques jours. Après un imbroglio autour de la mouture transmise par M. Mikati au chef de l'État Michel Aoun suite à leur unique réunion, la perspective d'un gouvernement démissionnaire jusqu'à la fin du mandat du président Aoun fin octobre semble se concrétiser de plus en plus.
"Notre gouvernement démissionnaire poursuit son travail dans la perspective de régler les nombreux dossiers sur la table, dans un esprit de solidarité positive", a affirmé le Premier ministre dans une déclaration de vœux pour la fête musulmane de l'Adha. Il a poursuivi en soulignant que son cabinet coopérera avec le Parlement "afin de décider du budget et de nombreux projets de réformes qui marqueront une étape importante pour concrétiser l'accord avec le Fonds monétaire international (FMI)". Le FMI a signé un accord préliminaire avec le Liban et pourrait lui verser une aide de 3 milliards de dollars sur quatre ans, sous condition de plusieurs réformes de redressement économique destinées mettre à un terme à la grave crise économique qui débuté en 2019.
"Mesures préventives"
M. Mikati a également estimé que "le temps restant avant les prochaines échéances nous oblige à nous dépêcher pour adopter des mesures préventives, notamment la formation d'un nouveau gouvernement", alors que le mandat de Michel Aoun prend fin le 31 octobre prochain.
Depuis la fin des consultations parlementaires non contraignantes les 27 et 28 juin derniers, la formation d'un nouveau gouvernement piétine. Dès le lendemain de ces consultations, Nagib Mikati s'était rendu à Baabda et avait remis au président Aoun une proposition de mouture pour un nouveau cabinet, qui a fuité dans la presse. Le chef de l'État lui a proposé trois autres formules et, depuis, M. Mikati ne s'est pas rendu au palais présidentiel pour poursuivre les négociations.
"J'ai présenté une mouture au président, qui a formulé plusieurs remarques", rappelle M. Mikati ce vendredi. "J'espère que les discussions continueront sur ce dossier, sur la base de la solidarité et du respect sur laquelle nous avons travaillé récemment", a-t-il poursuivi, sans indiquer de date précise pour une nouvelle réunion avec M. Aoun. Selon la presse locale, une telle rencontre n'aura pas lieu avant la fin des festivités de l'Adha, donc pas avant mercredi prochain.
L'appel de Aoun à des "sacrifices"
De son côté, le président Aoun s'est fendu d'un tweet sur son compte personnel, souhaitant une bonne fête de l'Adha à tous les Libanais. "Nous tirons les leçons du sens du sacrifice et souhaitons que certains sacrifient leurs intérêts et leurs égoïsmes pour l'intérêt de leur pays et le bonheur de leur peuple", a-t-il écrit, non sans une allusion claire aux tractations gouvernementales en cours.
في عيد الأضحى المبارك نستخلص العبر من معاني التضحية وسموها، فحبذا لو يضحي البعض بمصالحهم وانانياتهم من اجل مصلحة وطنهم وهناء شعبه.
— General Michel Aoun (@General_Aoun) July 8, 2022
كل عيد ولبنان واللبنانيين بخير.
Les desiderata des différents bords politiques libanais, notamment ceux du camp politique de M. Aoun, compliquent la formation du futur cabinet. Dans sa première mouture, M. Mikati délogeait Walid Fayad de son ministère de l'Énergie sans contrepartie, une perspective inenvisageable pour le Courant patriotique libre aouniste (CPL) dont M. Fayad est proche. Quant au tandem chiite Hezbollah-Amal, il semble tenir au ministère des Finances qui lui est traditionnellement accordé ; à cet égard, le Premier ministre a récemment prôné le maintien du portefeuille dans le camp chiite, afin de le concilier.
M. Mikati a également dénoncé "une campagne injuste" menée contre le gouvernement sortant et son vice-président, Saadé Chami, au sujet des dépôts de la population dans les banques. Selon lui, cette campagne serait entreprise "dans le but de stopper les étapes fondamentales que nous franchissons pour protéger l'épargne des déposants et la préservation du secteur bancaire", dans un pays où les banques imposent des restrictions illégales sur les comptes depuis 2019. M. Chami avait été critiqué il y a quelques jours par le député de la contestation, Melhem Khalaf.
commentaires (11)
Oui prenez votre temps M. Mikati. Pas trop vite le matin, et doucement l’après midi il n’y a pas péril en la demeure. Tant que serez de toute façon PM démissionnaire ou fonctionnel il n’y a pas de quoi stresser pour sauver le pays. C’est de toute façon kif- kif bourricot.
Sissi zayyat
15 h 33, le 11 juillet 2022