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Nos Lecteurs ont la Parole

Ci-gît une poussière sans nom...

Dans le loin, les ténèbres ont la moiteur humide des inconnus infiltrés derrière leur brouillard abstrait d’infimes surabondances. Dans le loin, et puisque c’est loin, l’hôpital s’éteint sur des lumières vides, tandis que les lits se permettent les âmes en guerre et jamais en paix. Les patients ne patientent plus…

Le suicide est le baptême du solitaire. Il s’y glisse sans arrière-pensée, ni accord divin, et y nage comme une poupée sur les genoux d’un sage… Il rend sourd parfois et tait les cloches des clochards, dans une existence « invomissable », inacceptable. Le suicide rend la tempête sereine… apte aux caresses… exempte de souffrance…

Ici-bas, là-haut et à côté, le renversement des cieux est évident dans chacun de nous… « La mort nous tient… par des liens subtils »… Et quels liens n’eut-elle pas tissés par le fourmillement de nos soifs d’exister, de s’aliéner, de se mentir, pour une bouffée d’air frais dans la nicotine de la fuite ? Comme si le choix d’y renoncer revient à se brûler vifs dans les lacs de la volupté…

Mourir… n’est-ce pas un art que l’on martèle en restant mortels, en « désocratisant » l’honneur de nos libertés ? Un art qui à l’image de l’histoire de l’humain s’enroule dans le doute et la quête de l’abri… un abri contre soi-même.

« Refuser le don de Dieu et refuser la compagnie de nos semblables au banquet de la vie sont deux fautes que les responsables religieux qui gèrent les bienfaits divins et les responsables politiques qui organisent le banquet social ne peuvent tolérer », déclare cette phrase d’aspect mercantile de Georges Manois, et ça ressemble vaguement à ce que toutes les langues des oreilles aux pétales d’yeux – que le « Russe » dessina – pourraient bien cracher quand le suicide est servi en mets quotidien loin du dilemme moral qu’un bon nombre d’œuvres littéraires ont jadis engendré. Dit-on que c’est une manière de retourner contre soi-même une agressivité qu’on ne peut libérer contre les autres… et étant profondément impliquée dans la compréhension non méthodique de cette « tentation diabolique », je m’écartais sciemment de cette interprétation semblable aux montagnes sibériennes ; inaccessible et triplée !

C’est une douleur sémantique qui ne supporte pas de falsification. Une dégénérescence nerveuse d’une nostalgie convoitée et sadique. Une envie de renaissance incertaine sous un coffre couronné d’épitaphe où « ci-gît… » est un titre de sublime poème de mélancolie tatoué sur la peau en chagrin – bien douce et dentelée – inscrite divinement après la « Marquise des ongles polis », dans l’œuvre qui se connaît, du maître que j’admire… Et l’élégie sera sensuelle, comme le temps…


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Dans le loin, les ténèbres ont la moiteur humide des inconnus infiltrés derrière leur brouillard abstrait d’infimes surabondances. Dans le loin, et puisque c’est loin, l’hôpital s’éteint sur des lumières vides, tandis que les lits se permettent les âmes en guerre et jamais en paix. Les patients ne patientent plus…Le suicide est le baptême du solitaire. Il s’y glisse sans...

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