"Il y a nécessité de former un gouvernement au plus vite", a estimé vendredi le groupe parlementaire affilié au Parti socialiste progressiste (PSP) du leader druze Walid Joumblatt, alors que les consultations parlementaires contraignantes doivent avoir lieu le 23 juin prochain pour désigner un Premier ministre et former un nouveau gouvernement.
Lors d'une réunion du groupe parlementaire de la "Rencontre démocratique", les huit députés membres et affiliés au PSP ont dénoncé "la politique d'accaparement" de ministères par certaines formations politiques, alors que les tractations vont bon train pour la répartition des portefeuilles entre les différentes parties et que, selon certaines sources citées par notre chroniqueur Mounir Rabih, les aounistes auraient déjà réclamé, une fois de plus, les ministères des Affaires étrangères et de l’Énergie.
"Le groupe affirme la nécessité de former un gouvernement au plus vite et a discuté des caractéristiques du Premier ministre qui doit être investi", rapporte un communiqué de la "Rencontre démocratique", après sa réunion à laquelle a assisté le chef du PSP. "Il faut se pencher sérieusement sur la formation d'un nouveau gouvernement à qui incombent plusieurs missions fondamentales", poursuit le texte, évoquant notamment les négociations avec le Fonds monétaire international (FMI), ainsi que la lutte contre la crise économique qui ravage le Liban depuis 2019. "Sur tous ces sujets, le gouvernement actuel a échoué", dénonce le groupe.
S'exprimant sur les répartitions des ministères dans le futur gouvernement, le groupe joumblattiste a exprimé son "refus de toute tentative de revenir à cette hérésie appelée tiers de blocage". Si une partie obtient ce tiers de blocage, la démission de ses ministres peut faire faire chuter le cabinet. Lors de la précédente formation des gouvernements, le Courant patriotique libre (CPL, aouniste) était accusé de vouloir obtenir cette garantie, ce qu'avait constamment démenti son chef, Gebran Bassil. Le PSP refuse également "la logique de la répartition des ministères entre souverains et non-souverains".
Vendredi soir, le Premier ministre sortant Nagib Mikati a demandé à ce que son successeur soit "choisi rapidement" et que "toutes les facilités pour former un gouvernement soient offertes". "Nous n'avons plus le luxe du temps", a ajouté M. Mikati, qui est pressenti pour être reconduit à son poste, selon plusieurs milieux, rejetant tout "compromis contraire à l'intérêt du pays". Depuis des mois, M. Mikati pense à l'éventualité de sa propre succession à la tête du gouvernement, selon notre chroniqueur politique Mounir Rabih, ce qui serait la raison pour laquelle il ne s'était pas présenté aux élections. Depuis le 15 mai, il soufflait le chaud et le froid, mais avait finalement posé ses conditions pour être reconduit à la présidence du Conseil.
"Un grand bazar"
Le groupe affilié au PSP a également abordé un autre sujet brûlant de la scène politique libanaise : le litige autour de la délimitation de la frontière maritime avec Israël. Les tensions entre le Liban et l'État hébreu ont été ravivées depuis l'entrée d'une plateforme gazière dans le champ de Karich, au large d'Israël. Le négociateur américain Amos Hochstein a effectué une visite à Beyrouth lundi et mardi pendant laquelle il a reçu une nouvelle proposition de la part du président de la République, formulée oralement, qu'il doit transmettre à Israël.
"Le groupe s'étonne du fait que le Liban donne une réponse verbale et non écrite, ce qui suscite des interrogations quant à la véracité de ces développements et montre un manque de transparence de l'attitude des officiels sur ce sujet", dénonce le PSP, qui appelle à "arrêter toutes les surenchères locales et l'exploitation des ressources du Liban à des fins personnelles". Des experts civils et militaires, ainsi que les députés issus de la contestation appellent à la modification du décret 6433/2011 pour revendiquer officiellement la ligne 29, qui accorde au Liban une zone supplémentaire de 1.430 km2 par rapport à la ligne 23, considérée comme officielle sur base du même décret. Mais le Liban officiel aurait fait part au médiateur d'une revendication basée sur un élargissement de la zone délimitée par la ligne 23, qui permettrait de revendiquer la totalité du champ de Cana.
"Alors que tous les responsables avaient signé le décret 6433, le président a refusé de le signer et a ouvert un grand bazar", dénonce le PSP, qui pointe du doigt des "calculs personnels n'ayant aucun lien avec les intérêts nationaux". Certains observateurs estiment que le président Aoun a finalement refusé d'appuyer les revendications maximalistes du Liban, après les avoir pourtant soutenues, dans le cadre d'un deal avec Washington qui permettrait de lever les sanctions imposées à son gendre Gebran Bassil.
commentaires (8)
Alors Walid Bey ? Apres avoir reconduit Berry et elu BouSaab, il faut maintenant reconduire Mikati au plus vite ? En attendant d'elire Bassil ou Frangieh dans quelques mois. Une veritable politique progressiste, que dis-je ? Revolutionaire meme ! Ya di3anak. Celui qui fut naguere le plus prometteur, le plus cultive, le plus avance de notre landerneau politique, se complait maintenant dans une mediocrite de mauvais aloi. Et il est trop tard pour se reprendre....
Michel Trad
22 h 40, le 18 juin 2022