Le Premier ministre libanais sortant Nagib Mikati, qui pourrait être reconduit dans ses fonctions à l'issue des consultations parlementaires contraignantes qui doivent avoir lieu dans les prochains jours, a posé ses conditions pour diriger un nouveau gouvernement. Dans un entretien au quotidien panarabe al-Chark al-Awsat, publié lundi, il a prévenu qu'il ne serait pas Premier ministre "pour faire perdurer la crise", alors que le pays connaît depuis 2019 un effondrement socio-économique inédit.
Nagib Mikati a ainsi assuré qu'il "ne fuira pas ses responsabilités", selon des propos paraphrasés du Premier ministre sortant. Il affirme cependant qu'il a "des conditions nationales et non personnelles pour sauver le pays", citant "l'adoption des réformes et du plan de relance économique, ainsi que la réhabilitation du secteur de l'électricité". M. Mikati souligne aussi qu'il s'oppose à ce que de nouveaux députés élus puissent être nommés au poste de Premier ministre", alors qu'il s'était abstenu de se porter candidat aux législatives du 15 mai. Selon le quotidien panarabe, le Premier ministre sortant "refuse d'être le chef d'un gouvernement qui sera chargé de gérer la crise et la faire perdurer, dans un pays au bord du gouffre d'un effondrement total (...)". "Nous devons nous aider nous-même avant de demander l'aide de la communauté internationale", a estimé M. Mikati.
Il semble que Nagib Mikati soit le favori à sa propre succession, même si le parti des Forces libanaises (ayant le plus grand nombre d'élus chrétiens à la Chambre) et les députés issus de la contestation s'y opposent. Le milliardaire de Tripoli pense depuis plusieurs mois à sa désignation, et c’est la raison pour laquelle il ne s’est pas présenté aux législatives, rapportait récemment notre chroniqueur politique Mounir Rabih. "Il jouit encore d’un large soutien", affirmait l’un de ses proches, qui avait requis l’anonymat. Il peut compter sur l’appui des Occidentaux, France en tête, qui considèrent qu’il a "fait le job", selon l’expression d’un diplomate occidental en poste à Beyrouth. Sur la scène locale, sa capacité à arrondir les angles lui permet d’avoir des relations cordiales avec une bonne partie de l’échiquier politique.
Le Hezbollah pour une accélération du processus
Lundi, le secrétaire général adjoint du Hezbollah s'est également exprimé au sujet du gouvernement, appelant, dans une interview à Reuters, à ce qu'il soit formé "le plus rapidement possible". "Le pas le plus important que nous devons faire le plus rapidement possible est la formation d'un gouvernement, parce que sans cabinet, le pays s'effondrera davantage et se retrouvera dans une situation encore pire", a-t-il estimé. Le numéro deux du parti chiite a refusé de dire si le Hezbollah approuverait un nouveau mandat pour Nagib Mikati à la tête du nouveau cabinet ou s'il avait suggéré des noms pour succéder au président Aoun.
Naïm Kassem a par ailleurs laissé entendre qu'un nouveau plan de redressement devrait être négocié, les législatives du mois dernier ayant déclenché un nouveau processus de formation du gouvernement. Ces propos interviennent alors que le cabinet sortant Mikati avait adopté, fin mai, un plan de redressement très attendu malgré les objections des ministres du parti pro-iranien. Le numéro deux du Hezbollah a enfin relevé que la prochaine priorité serait de se concentrer sur le redressement financier du Liban. Bien que le Hezbollah ait exprimé son scepticisme à l'égard de l'accord préliminaire d'aide conclu par le Liban avec le Fonds monétaire international, il a déclaré qu'un tel accord était un "pont nécessaire" pour accéder à d'autres financements. Début avril, l'institution monétaire avait annoncé un accord préliminaire avec le Liban pour un plan d'aide de 3 milliards de dollars étalé sur quatre ans.
Comme prévu par la loi, le président de la République Michel Aoun doit convoquer prochainement les nouveaux députés à des consultations contraignantes afin que les élus lui communiquent le nom du Premier ministre qu'ils souhaitent voir nommé. C'est ensuite au chef de l’État de désigner le chef du gouvernement. Mais le président n'a toujours pas fixé de date à ces consultations. Le Liban devra former encore un nouveau gouvernement après la présidentielle prévue en octobre. Mais le pays, coutumier des crises politiques, connaît généralement de longues périodes de tractations qui entravent la formation des gouvernements, ce qui fait craindre à certains une période de blocage qui verrait le cabinet actuel continuer d'expédier les affaires courantes dans les prochains mois.
commentaires (5)
TU CONTINUERA TON ROLE NEFASTE QUE TU SAVAIS, ILS VONT T,EMPLOYER POUR LA PRESIDENTIELLE. PLUS FAIBLE QUE TOI ILS NE VONT PAS TROUVER. DEGAGEZ SANS RETARD. PEUT ETRE CA REMETTRAIT LES CHOSES UN PEU DANS UN AUTRE ORDRE.
LA LIBRE EXPRESSION
17 h 46, le 07 juin 2022