Le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, a estimé vendredi que l'élection présidentielle "pourrait être retardée, mais aura bien lieu", plusieurs observateurs redoutant une période de vide politique au Liban après les élections législatives de mai qui ont donné naissance à un Parlement très divisé et alors qu'un nouveau gouvernement doit être formé et un nouveau président élu avant la fin du sexennat de Michel Aoun le 31 octobre.
"L'élection présidentielle pourrait être retardée, mais aura bien lieu", a indiqué M. Mikati en marge d'une réunion à Amman, où il était l'invité d'une conférence organisée en Jordanie par l'Institut de la politique et de la société, rapporte l'Agence nationale d'information (Ani, officielle).
"Au vu de la composition du nouveau Parlement, il est difficile pour tout camp politique d'empêcher les élections", a estimé M. Mikati. "La possibilité d'organiser des élections demeure ainsi supérieure à ce qu'elle pouvait être il y a quelques mois", a-t-il poursuivi, dans l'optique de rassurer l'opinion quant à la tenue du scrutin présidentiel.
Au Liban, ce sont les députés qui élisent le président. L'élection de Michel Aoun avait été retardée pendant deux ans, une partie des membres du Parlement boycottant les séances parlementaires consacrées à cette échéance, jusqu'à ce des compromis politiques soient trouvés entre le Courant patriotique libre (fondé par M. Aoun), les Forces libanaises de Samir Geagea et le courant du Futur de Saad Hariri.
Le Parlement choisira "la personne qu'il juge appropriée"
M. Mikati a, par ailleurs, "espéré que le Parlement porte rapidement son choix sur la personne qu'il juge appropriée" pour mener le futur cabinet et que la formation du nouveau gouvernement "se fasse sans qu'aucun camp n'impose ses conditions au nouveau Premier ministre", alors que les consultations parlementaires contraignantes à ce sujet entre les différents groupes de députés et le palais présidentiel doivent bientôt avoir lieu.
Depuis des mois, M. Mikati pense à l'éventualité de sa propre succession à la tête du gouvernement libanais, selon notre chroniqueur politique Mounir Rabih. Ce serait d'ailleurs la raison pour laquelle il ne s'est pas présenté aux législatives.
"Le Liban est à la croisée des chemins, et il est impossible qu'il continue à suivre le système qui prédominait" jusqu'à présent, a également affirmé le Premier ministre sortant. "Il faut partir de l'accord de Taëf, se baser dessus et développer à partir de ce qui émane de lui", a-t-il indiqué, affirmant défendre la suppression du confessionnalisme politique libanais, la décentralisation administrative ou encore l'adoption d'une nouvelle loi électorale.
FMI et frontière maritime
M. Mikati a appelé, en outre, à l'application de l'accord préliminaire avec le Fonds monétaire international (FMI), qui prévoit d'aider le Liban à hauteur de 3 milliards de dollars sur quatre ans, à condition qu'il adopte certaines réformes économiques.
Sur le sujet brûlant du tracé de la frontière maritime avec Israël, le Premier ministre sortant s'est dit "attaché à résorber le désaccord via le négociateur américain Amos Hochstein", dont la visite à Beyrouth est attendue prochainement par les autorités. Depuis l'arrivée d'une plateforme gazière le week-end dernier au large d'Israël, les tensions entre les deux pays se sont accentuées. "Tous les responsables ont comme priorité de protéger la stabilité de la situation au Liban", a poursuivi M. Mikati.
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Messieurs les responsables, quand cesserez-vous de nous mentir ? N'avez-vous vraiment plus aucune conscience morale, ni honneur ni respect pour le peuple ? - Irène Saïd
Irene Said
11 h 26, le 11 juin 2022