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Nos Lecteurs ont la Parole

Personne morale sans morale


Notre très chère dawleh encourage actuellement les fonctionnaires de l’État et du secteur privé à encaisser leurs salaires non en livres libanaises mais en dollars selon le taux de la plateforme Sayrafa récemment créée par la banque centrale. Pour ensuite convier ces mêmes employés à échanger ces mêmes dollars en livres libanaises au marché noir et selon le taux de ce dernier.

Il s’agit d’un phénomène unique, une idée exclusivement bizarre et saugrenue qui doit à coup sûr être inscrite dans les annales de la République. Une idée qui relève tellement de l’absurde qu’elle va prendre place dans les chroniques de l’histoire, de la géographie, des évènements passés ou même futurs. Une affaire qui déconcerte par son caractère étrange tellement elle est irrationnelle, burlesque et grotesque.

Imaginez-vous que nous sommes en présence d’un État qui incite ses propres citoyens à traiter et à faire des transactions avec le marché noir. Négocier donc avec les usuriers et les rapaces qui se cachent derrière ces commerces parallèles occultes et clandestins. Ceux-là mêmes qui contribuent à la dégradation de notre monnaie et de notre économie nationales. C’est à se demander si ce même État n’est pas de connivence avec ceux qui le détruisent (et là également, soit dit en passant, il me vient notamment à l’esprit à titre d’exemples les propriétaires des générateurs de quartier, les banques, le ministère des Télécoms qui a subtilement escroqué sans aucune honte le solde des dollars accumulés au fil des ans par les citoyens dans leurs téléphones portables...). Un État qui encourage tout simplement le marché noir, rien de plus inédit.

En jargon de droit, on définit l’État comme étant une personne morale de droit public. Par conséquent, l’État est donc la Personne morale – avec un grand P – par excellence.

Il y a de quoi se demander s’il reste encore à cet État (ou plutôt à cet état de fait) quelque chose de la morale... C’est pourquoi nous déduisons donc que nous sommes face à une personne morale dépourvue de toute morale... sans parler de la logique, de la pudeur, du sens du devoir et des responsabilités.

Comble de l’absurde.

Avocat à la cour

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Notre très chère dawleh encourage actuellement les fonctionnaires de l’État et du secteur privé à encaisser leurs salaires non en livres libanaises mais en dollars selon le taux de la plateforme Sayrafa récemment créée par la banque centrale. Pour ensuite convier ces mêmes employés à échanger ces mêmes dollars en livres libanaises au marché noir et selon le taux de ce dernier. Il...
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