Le chef de mission du Fonds monétaire international (FMI) pour le Liban Ernesto Ramirez-Rigo devrait bientôt effectuer un déplacement au Liban afin de mettre en place un nouveau représentant résident dans le pays en crise depuis 2019, selon plusieurs sources concordantes que nous avons contactées.
Selon deux d’entre elles, le déplacement est en principe programmé pour « fin juin », contredisant les informations relayées hier par l’agence al-Markaziya, qui a évoqué une visite d’une « délégation » du FMI « en fin de semaine », en citant des « sources diplomatiques ». Seule certitude : le nouveau représentant résident prendra ses fonctions environ 10 ans après le départ de son prédécesseur, le Suisse Éric Mottu, actuellement chef de division adjoint au sein de l’institution. Ni le FMI ni le ministère des Finances n’ont répondu à nos demandes de confirmation. Le Fonds s’est contenté d’évoquer une visite programmée « avant la fin du mois » pour discuter du stade d’avancée des réformes sur lesquelles le Liban s’est engagé.
Frederico Lima
Le bureau du représentant résident avait été ouvert en janvier 2008, soit l’année suivant l’activation du programme EPCA (Programme d’assistance d’urgence post-conflit), lui-même initié dans le sillage de la conférence Paris III organisée en janvier 2007 et visant à aider financièrement un Liban alors secoué par l’attaque israélienne de juillet 2006. « Les bureaux de représentation résident sont généralement dirigés par des ressortissants étrangers par rapport au pays où ils sont envoyés par le FMI. Un représentant résident est en outre généralement désigné avant ou pendant l’exécution d’un programme piloté par l’institution financière », a expliqué une des sources contactées (la conférence de Paris I avait été organisée en 2001, et celle de Paris II, en 2002).
De fait, le bureau de représentation résident du FMI a été ouvert en janvier 2008, pour être fermé en août 2011. Le bureau de représentation local, aujourd’hui dirigé par la Libanaise Najla Nakhlé, est, lui, resté ouvert depuis. « Le nouveau représentant résident et le représentant local seront amenés à collaborer », ajoute la source précitée. Toujours selon nos informations, le poste de représentant résident semble avoir été confié à Frederico Lima, un économiste entré dans les rangs du FMI en septembre 2016. Titulaire d’une licence en droit obtenue à l’Université de Coimbra, au Portugal, il a ensuite embrayé dans des études d’économie à l’Université de Cambridge, où il a tour à tour obtenu une licence, un master et un doctorat. Selon sa fiche de présentation sur le site du FMI, il est notamment spécialisé dans les marchés émergents et les économies à faible revenu. De son côté, Éric Mottu, l’ancien représentant résident au Liban entre septembre 2009 et août 2011, avait, lui, commencé sa carrière au sein du FMI à partir de septembre 1997. Il occupait auparavant le poste d’économiste senior au département fédéral des Finances en Suisse, l’équivalent du ministère des Finances. Il est titulaire d’un master en économie de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, et d’une licence et d’un doctorat en économie de l’Université de Genève. S’il n’est pas possible d’en conclure quoi que ce soit à ce stade, la réouverture du bureau de représentant résident intervient à un moment-clé des discussions entre le FMI et un Liban en crise. Entamées en 2020 par les autorités avec l’optique de débloquer une assistance financière, elles ont abouti le 7 avril dernier à la conclusion d’un accord préliminaire dans lequel le FMI a promis 3 milliards de dollars qui seront déboursés sur 4 ans si le Liban lance certaines réformes et s’engage à en entreprendre d’autres pour restructurer son économie et assainir ses finances.
Pour l’heure, le gouvernement sortant – chargé d’expédier les affaires courantes depuis deux semaines suite aux législatives du 15 mai – a envoyé au Parlement certains projets de loi répondant aux exigences du FMI – pour notamment amender le secret bancaire ou instaurer un contrôle des capitaux – tandis qu’un audit des actifs en devises de la Banque du Liban pourrait être finalisé avant juillet. La répartition de pertes cumulées totalisant plus de 72 milliards de dollars selon les calculs des autorités – soit plus de trois fois le PIB –, la lutte effective contre la corruption ou encore la réforme des entreprises d’État figurent parmi les problématiques qui doivent être traitées.
commentaires (5)
SIGNE DE MANQUE DE CONFIANCE EN NOS ABRUTIS ET LE CONTINUEL CONTROLE DE TRES PRES. ON NE MET PAS AINSI DES MILLIARDS DANS LES MAINS REPUTEES LES JETTER OU PAR LA FENETRE OU DANS LES POCHES. PROBABLEMENT EN CES DERNIERES.
LA LIBRE EXPRESSION
17 h 25, le 09 juin 2022