Lui, un rapide calcul mental l’affole, rien que pour demain, il va falloir mettre la main à la pâte pour régler les frais de scolarité de sa nièce, payer la note pour sortir son frère de l’hôpital, approvisionner son neveu en partance pour Dubaï, et enfin, distribuer des liasses de dollars pour que ses proches puissent boire, manger et survivre en attendant les prochaines retrouvailles. Qu’est-ce que cette vie de misère où manger correctement devient un défi aussi insurmontable que celui de pouvoir payer ces doubles factures de la honte imposées par l’État et sa mafia pour avoir un peu d’eau, d’électricité et d’internet?
Lui, il croit que le radeau de la délivrance du Liban n’arrivera plus jamais à bon port et piquera tôt ou tard du nez pour commencer à s’enfoncer dans les profondeurs de l’abîme, alors que son capitaine est élu président du nouveau Parlement libanais.
Lui, ça pourra être toi ou moi, ou n’importe quel Libanais. J’ai le cœur serré, brisé et meurtri. J’ai honte de notre impuissance collective face à ce naufrage matériel, intellectuel, moral et politique. Adieu, Beyrouth mon amour, je reviendrai sous peu ; jamais sans toi.
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