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Nos Lecteurs ont la Parole

Rien n’est vrai... tout est possible

Le Liban représente une masse humaine extraordinaire chargée par une énergie psychologique aussi extraordinaire. Aussi étrange que cela puisse paraître, cette masse n’est pas homogène. Tout au contraire, elle est hétérogène, mais cohérente. Mais plus étrange encore est que l’énergie psychologique de ladite masse est formée à égalité d’une force d’attraction et d’une force de répulsion. C’est une image équilibrée du Libanais qui est devant deux possibilités : ou bien se rendre à la force d’attraction qui l’attire au Liban ou bien essayer de la fuir, ouvrant la voie à la force de répulsion qui le pousse à s’éloigner du Liban par malheur ou par haine. Il n’y a ni compromis entre ces deux contradictions ni un troisième choix. Ou bien tomber amoureux du Liban ou bien fuir ses fantômes et ses odeurs ! Il semble que le monde s’est rendu à la force d’attraction et a découvert qu’il est amoureux du Liban.

J’avoue que je n’ai jamais trouvé une réponse claire à une question qui me venait constamment à l’esprit sur le secret et le charme de mon pays, le Liban, et l’effet de ces deux éléments sur lui. Est-ce le respect total des civilisations qui ont donné naissance aux valeurs de la vie humaine, que ce soit le produit d’un travail manuel (agriculture, écriture, construction, métallurgie, sculpture, etc.) ou le produit d’un travail intellectuel (théologie, philosophie, loi, mythologie, poésie, musique, peinture, etc.) ? Cette masse humaine libanaise a deux composantes équilibrées, musulmane et chrétienne, une rareté dans le monde musulman ainsi que dans le monde occidental, mais qui sont aussi opposées, car elles se complètent et s’attirent ! L’islam libanais diffère de l’islam des autres États musulmans car il est mêlé au christianisme. De même, le christianisme libanais diffère du christianisme des autres États du monde car il est mêlé à l’islam.

Malgré l’existence de 17 confessions au Liban, elles sont toutes regroupées en deux catégories : les confessions musulmanes et les confessions chrétiennes. Auparavant, toutes les époques étaient similaires. Le christianisme a jailli du Liban et y est profondément enraciné, alors que l’islam s’est enraciné avec les conquêtes, et est devenu un islam moderne et constructif.

Quant à ceux qui ont trahi le Liban, ils appartiennent malheureusement aux deux catégories. Les pires traîtres s’avèrent être ceux qui ont oublié leur religion, leurs croyances et leur histoire. Il y a ceux qui veulent que le christianisme au Liban soit calqué sur le christianisme en Iran, ceux qui veulent que l’islam au Liban soit calqué sur l’islam de Kadhafi, de Hafez et de Bachar el-Assad, ceux qui cherchent seulement le pouvoir.

Mais, à l’époque actuelle de l’histoire, la crise s’avère être chiite. Comment sommes-nous arrivés à cet abîme ? Comment les chiites sont-ils devenus des pro-iraniens? Comment les chiites sont-ils devenus des partisans du Hezbollah? Comment en sommes-nous arrivés là ? Les chiites, qui souffraient d’une grande injustice au XXe siècle, étaient classés en trois catégories : 1) les chiites des leaders et des familles ; 2) les chiites des partis de gauche (les trois quarts du Parti communiste étaient formés de chiites) ; 3) les hommes de religion chiites qui sont devenus très puissants avec Moussa Sadr.

Avec la guerre civile, les blocs communistes chiites finirent par disparaître. Deux blocs seulement persistèrent : le bloc des leaders (tels que Kamel el-Assaad et Sabri Hamadé) et le bloc des hommes religieux. Ce fut après le mandat d’Amine Gemayel que le rôle de Kamel el-Assaad s’est réduit, et sa chute entraîna celle des leaders et des familles chiites, laissant le champ libre aux hommes de religion chiites qui avaient formé, avec Moussa Sadr, une importante force. Avec la disparition de Moussa Sadr et le début de la révolution iranienne, puis l’entrée d’Israël au Liban et son retrait, les hommes de religion chiites se sont alliés à la révolution iranienne. La politique iranienne fut alors imposée au Liban, l’isolant du monde arabe. Le résultat fut l’effondrement de l’économie, des systèmes judiciaire et éducatif, la dépréciation de la monnaie nationale, etc. Mais les élections parlementaires du 15 mai, malgré des cas de fraude qui ont été détectés, ont fini par mettre au pouvoir une majorité s’opposant à l’Iran et son parti, et soutenant la souveraineté et l’indépendance du Liban.

Le même scénario se déroulait en Syrie et en Irak. Dans le premier cas, le régime d’Assad fut sauvé et la Syrie détruite. Dans le second cas, le travail de la Chambre irakienne des députés, dont la majorité s’opposait à l’Iran, fut complètement paralysé, ce qui fit obstacle à l’élection du président de la République, à la désignation du Premier ministre et même à la constitution des ministères. Au Liban, le Hezbollah va essayer de paralyser la vie politique comme le fait l’Iran en Irak, sinon, on finira avec la même situation qui prévaut en Syrie, donc une guerre civile. Et il a voulu essayer de la paralyser avec l’élection du président du Parlement. Nabih Berry n’a plus qu’une minorité qui le supporte, mais, vu que le président du Parlement doit être chiite selon le pacte national, il a dû être réélu pour la septième fois et après trente ans.

Actuellement, nous sommes devant deux cas de figure : ou bien l’Iran et le Hezbollah continuent de s’emparer du pays et l’effondrement continue avec eux, comme c’est le cas en Irak, ou bien le scénario de la guerre en Ukraine se répétera ici, scénario où les États de l’Occident aident à protéger la liberté et la démocratie dans le monde libre en procurant des armes à l’Ukraine et en imposant un embargo sur la Russie.

La normalisation des relations des trois quarts des États arabes avec Israël, à l’exception du Liban, de la Syrie et de l’Irak, est un indice que le conflit israélo-arabe prendra fin et qu’il est enfin temps pour une solution internationale pacifique à ce long conflit. L’alliance des États arabes avec Israël, avec le soutien américain, est un indice qui montre que l’Occident s’est réveillé de son sommeil pour protéger la liberté et la démocratie dans le monde.

C’est le second cas de figure qui probablement se concrétisera car les faits sont établis.

Quant au premier cas, il subira un échec car la majorité qui a réussi à arriver au Parlement ne permettra pas que le Liban tombe aux mains de l’Iran. Les jours qui viennent montreront que cette nouvelle majorité est à la hauteur de cette tâche.

Abdel Hamid EL-AHDAB

Avocat

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Le Liban représente une masse humaine extraordinaire chargée par une énergie psychologique aussi extraordinaire. Aussi étrange que cela puisse paraître, cette masse n’est pas homogène. Tout au contraire, elle est hétérogène, mais cohérente. Mais plus étrange encore est que l’énergie psychologique de ladite masse est formée à égalité d’une force d’attraction et...

commentaires (1)

Félicitations Mr. El Ahdab , très très intéressant votre article, j’ai appris beaucoup de choses je me souviens quand j’étais jeune je ne savais pas la différence entre sunnites et chiites, c’était plus dure entre marronites et orthodoxes

Eleni Caridopoulou

16 h 41, le 07 juin 2022

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Commentaires (1)

  • Félicitations Mr. El Ahdab , très très intéressant votre article, j’ai appris beaucoup de choses je me souviens quand j’étais jeune je ne savais pas la différence entre sunnites et chiites, c’était plus dure entre marronites et orthodoxes

    Eleni Caridopoulou

    16 h 41, le 07 juin 2022

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