Batroun est une bulle, dit-on. Rien ou presque ne vous fait sentir la crise dans laquelle le reste du Liban s’enfonce inexorablement. Pour s’en convaincre, il suffit de musarder dans le patio central du dernier-né des hôtels-boutiques du vieux Batroun. Mario Haddad, président de la société de distribution de films du groupe Empire, qui exploite une dizaine de salles de cinéma au Liban ainsi qu’une centaine en Arabie saoudite, vient d’y ouvrir le Breathe Hotel. Il s’est associé à d’autres partenaires, parmi lesquels la directrice artistique Petra Abousleiman.
La vénérable bâtisse qu’Abou Michel, l’un des commerçants du centre historique de Batroun, estime datée du milieu des années 1900, a été rénovée par l’architecte André Mechleib, en collaboration avec Petra Abousleiman. Elle a été transformée en un hôtel de sept chambres (à environ 140 dollars la nuit) qui attire déjà les premiers citadins en quête d’une bouffée d’air maritime. « J’ai découvert Batroun très tardivement, il y a trois ans peut-être, et je suis tombé immédiatement sous le charme », explique Mario Haddad qui a investi à titre personnel.
Un temps, le cinéphile a envisagé de prendre la gestion de la villa Paradiso, autre joyau architectural du Vieux Batroun revisité en maison d’hôtes, où la pizzeria Mariolino qu’il a lancée s’est d’ailleurs installée. Mais faute de parvenir à un accord, Mario Haddad a cherché – et trouvé – un autre décorum : l’ancienne demeure de la famille Younès, à l’architecture classique. « Il y a énormément de demandes sur Batroun depuis que la ville est devenue une destination touristique phare, et peu d’espaces sont disponibles. Le chantier a été long, environ un an, car nous voulions assurer la conservation du caractère patrimonial du bâtiment », ajoute-t-il. La réhabilitation de la bâtisse a demandé quelque 250.000 dollars d’investissement.
Design apaisant
Le pari est réussi : la façade en pierre de sable (ramlé), typique de la vieille ville de Batroun, a retrouvé sa jeunesse. Certains pans ont même été laissés intacts à l’intérieur. Ce qui n’a cependant pas empêché l’équipe de prendre soin de la décoration d’intérieur avec notamment un choix de couleurs apaisantes pour les chambres, de luminaires de cuivre sur les murs ou au plafond, et de meubles marqués par le style des années 1950 pour la salle centrale. « Nous y avons imaginé un “honesty bar“ pour l’apéritif : une carte de boissons variée à servir soi-même. Nos hôtes n’ayant qu’à indiquer ensuite ce qu’ils ont consommé dans un cahier. Cela crée une atmosphère à la fois conviviale et intimiste », relève Stefanelle, chargée de l’accueil du Breathe Hotel qui assure également un service conciergerie pour faciliter le séjour de ses hôtes aux côtés de cinq autres employés.
Pour accélérer le retour sur investissement, Mario Haddad y a associé un restaurant. Installé sur l’immense terrasse qui longe les chambres, le Sushi on the Roof est – comme son nom l’indique – un restaurant dédié à la cuisine japonaise. « Batroun n’a pas encore une offre diversifiée en matière de restauration. D’où l’idée de se distinguer en proposant des sushis. Notre chef travaille avec des poissons frais, souvent pêchés à Batroun – à l’exception bien sûr du saumon. C’est un énorme avantage qualitatif », reprend l’homme d’affaires, qui a fondé le Sushi Bar, premier restaurant japonais du Liban qui célébrera ses 25 ans l’année prochaine.
S’il s’agit du premier hôtel que Mario Haddad développe, il n’en est pas à son coup d’essai en matière de restauration. Ce fin gastronome peut même se prévaloir de certains des gros succès du secteur dans la région, à l’image de Mario e Mario, le restaurant italien de Mar Mikhaël, la pizzeria Mariolino de Batroun, installée à la villa Paradiso, mais également présente en Égypte, ou des cafés al-Falamanki, qui ont aussi essaimé à Dubaï et à Doha. Sans oublier Tawlet Yvonne qui fait un tabac au Caire.
Cet article, réalisé dans le cadre d’un partenariat avec Hodema Consulting Services, n’a aucune vocation promotionnelle. Ce rendez-vous hebdomadaire sera consacré au secteur de la restauration et de l’hôtellerie qui continue, malgré tout, de se battre.
Le sushi bar n'est pas le premier resto japonais au Liban. Le Tokyo a Manara le precède. Ça suffit de faire des compliments puerils.
10 h 14, le 05 juin 2022