Rêveuse et excitée Mad’moiselle
Touche les étoiles, papa a des ailes
Présent, il est toujours à côté d’elle
Même quand il prend l’avion, il l’appelle
Puis viennent les maudites, les danaïdes trouées
Elles ont bien un père, il les a abandonnées
Celles qui n’ont pas de Dad cherchent un autre « D »
Le destin joue avec elles comme on joue aux dés
Certaines choisissent Dieu par pudeur,
Elles le font parfois par manque, surtout par peur
Elles louent et croient fermement
Qu’un tendre père les surveille,
Que ses textes sont un testament
Que leurs monologues l’éveillent.
D’autres choisissent un Daddy, un « Quilty »
Un homme mûr, peut-être corrompu, certainement « guilty »
Marié avec famille et femme qu’il trompe constamment
Avec des Lolitas, des nymphettes qu’il dévore violemment.
Privées d’attention paternelle, elles s’excitent des morsures bleues
Elles aiment désormais la ceinture, elles ont un maître, un dieu
Mais comme tout dieu, tout père, les Daddies disparaissent
Intangibles, absents, ils privent leur petite Lola de caresses
Les fraîches nymphettes attendent que les ego virils les souillent
Mais les ego sont des fantômes, des Ulysse, les fillettes alors mouillent.
Dieu, Dad, Daddy, personne n’entend ni n’écoute
Ni État est là ni gouvernants pour soigner la route
On aurait pensé que cette sainte trinité
Atténue le mal et répand la gaieté
Mais il n’y a pas de salut pour les filles maudites
Pourtant, ce sont les trois D qui dictent
Le cheminement et l’épanouissement de ces myrtilles
Pas de trinité, à peine un trio ou un triolet
Des figures, des portraits à jeter dans un cabaret
Pour jouer des farces, des cruautés, des comédies
Dignes de leur absurde absence, de leurs absentes bribes.
Serrées ici par le sinueux serpent qui imbibe
Leurs veines maudites, les filles étouffent et méditent.
Le serpent Buée, Absence, Barricade, Abandon
Les dévore vivantes, l’ironie est dans le nom.
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