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Économie - Crise au Liban

La livre fait du yoyo, le prix des carburants et du pain en hausse

La monnaie nationale a chuté à son plus bas historique à 37.000 LL pour un dollar, avant de remonter de manière soudaine à 29.500 LL en fin de journée.

La livre fait du yoyo, le prix des carburants et du pain en hausse

Dans un Liban à bout de souffle, une fresque murale résume le sentiment général de la population qui enchaîne les crises : "Nous sommes fatigués". Tripoli, le 28 avril 2020. Photo Ibrahim Chalhoub/AFP

La livre libanaise, extrêmement volatile depuis les législatives du 15 mai, a fait le grand écart vendredi, chutant à son plus bas historique à 37.000 LL pour un dollar, et entraînant avec elle, à la hausse, les prix du pain et des carburants, avant de remonter de manière soudaine à 29.500 LL en fin de journée. 

Oscillant autour des 32.000 livres en début de semaine, le taux livre/dollar a connu un bond ces derniers jours pour dépasser la barre des 37.000 vendredi après-midi, avant de revenir soudainement, en fin de journée à 29.500 LL pour un billet vert, vers 20h, selon la plateforme lirarate.org. 

Cette baisse du taux intervient peu après la publication d'une circulaire par le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, qui a conseillé aux détenteurs de livres libanaises désirant les convertir en dollars de présenter des demandes allant dans ce sens à leur banque, à partir de lundi. Selon le texte, la conversion se fera au taux de Sayrafa et les demandes seront examinées dans un délai de 24 heures.

Dans une deuxième circulaire, M. Salamé a demandé aux banques de garder leurs branches et leurs caisses ouvertes jusqu'à 18 heures, et ce pendant trois jours à partir du lundi 30 mai, afin de répondre aux demandes de change vers le dollar de leurs clients. Il a également demandé aux banques de verser leurs salaires aux fonctionnaires du secteur public, qui peuvent retirer leurs fonds au taux de Sayrafa.

La volatilité du taux du dollar à Beyrouth ces dix derniers jours intervient en dépit d'un accord préliminaire entre le gouvernement et le Fonds monétaire international (FMI), qui devrait allouer au Liban 3 milliards de dollars pendant quatre ans pour l'aider à faire face à ses multiples crises.

Flambée des prix et sécurité alimentaire
La dépréciation de la monnaie nationale, qui s'ajoute à la hausse des cours pétroliers depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie le 24 février dernier, fait flamber les prix des carburants et des produits alimentaires. Vendredi, le ministère de l'Energie a annoncé une hausse des prix du diesel et du gaz, importés en dollars. Selon le nouveau barème, les 20 litres de mazout voient leur prix bondir de 30.000 LL, et se vendent désormais à 762.000 livres. La bonbonne de gaz domestique coûte 471.000 LL après une augmentation de 24.000 livres. Quant aux 20 litres d'essence à 95 et 98 octane, leurs prix demeurent inchangés par rapport à ceux publiés la veille et fixés à 597.000 et 608.000 LL.

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Ces augmentations influencent directement le coût de production du pain, de la farine et du transport. Ainsi, le prix du pain, qui avait été revu à la hausse il y a une semaine, a augmenté vendredi matin. Selon les nouveaux tarifs publiés par le ministère de l'Economie, le paquet moyen de 825 grammes de pain se vend à 15.000 livres libanaises. Lors de la dernière hausse des tarifs, ce paquet avait été calibré à 855 g pour un prix de 13.000 LL. Le petit paquet de 365 g coûte, lui, 9.000 LL (contre 388 g à 8.000 LL vendredi dernier). Le ministère n'a toutefois pas communiqué le prix du grand paquet de pain, qui avait été fixé à 16.000 LL vendredi dernier pour les 1.095 g.

Face à la dégradation toujours plus profonde de la situation socio-économique, le président Michel Aoun a signé dans la journée un décret de formation d'un Conseil national de politique des prix, une instance créée en 1974 mais qui n'avait pas encore été constituée. Lors d'une réunion, le ministre de l'Economie, Amine Salam, a appelé à ce que ce Conseil "se réunisse en urgence", après avoir rencontré dans la journée des représentants de syndicats alimentaires pour discuter des répercussions de la chute de la livre sur la sécurité alimentaire.

La commission de la sécurité alimentaire au sein des organismes économiques, présidés par l'ex-ministre Mohammad Choucair, a, elle, appelé vendredi, à l'issue d'une réunion, à trouver "des solutions à long terme" pour le pain et la farine. 


La livre libanaise, extrêmement volatile depuis les législatives du 15 mai, a fait le grand écart vendredi, chutant à son plus bas historique à 37.000 LL pour un dollar, et entraînant avec elle, à la hausse, les prix du pain et des carburants, avant de remonter de manière soudaine à 29.500 LL en fin de journée. Oscillant autour des 32.000 livres en début de semaine, le...

commentaires (5)

Ou sont les réserves de la bdl ? Obligataires ? Quelles injectons non mentionnées? Situation aussi claire qu’obscure ?

Philippe rizk

02 h 12, le 28 mai 2022

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Commentaires (5)

  • Ou sont les réserves de la bdl ? Obligataires ? Quelles injectons non mentionnées? Situation aussi claire qu’obscure ?

    Philippe rizk

    02 h 12, le 28 mai 2022

  • Manipulation à la hausse comme à la baisse orchestrée par la BDL et son inamovible patron, mais à la fin la situation économique et politique reste la maîtresse du cours de change. Y a t il une, une seule, raison pour ne pas toucher 50’000 livres pour 1 $?

    TrucMuche

    20 h 44, le 27 mai 2022

  • Le dollar monte, les prix montent. Le dollar baisse, les prix … montent? Cherchez l’erreur.

    Gros Gnon

    20 h 28, le 27 mai 2022

  • "… le président Michel Aoun a signé dans la journée un décret de formation d'un Conseil national de politique des prix …" - D’après la loi libanaise, tout document officiel signé par une personne de plus de 80 ans doit être accompagné du rapport d’un médecin légiste certifiant que le vieillard est en possession de ses moyens. Ma question: cela s’applique-t-il à nos présidents, ou ceux-ci sont-ils au dessus de la loi?

    Gros Gnon

    20 h 27, le 27 mai 2022

  • Les spéculateurs contre la monnaie nationale doivent payer cher leur traîtrise.

    Esber

    19 h 08, le 27 mai 2022

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