Le département américain du Trésor a sanctionné mercredi un "réseau international de contrebande de pétrole et de blanchiment d'argent" dirigé selon lui par la brigade d'élite al-Qods des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de l'Iran, et "facilitant la vente de centaines de millions de dollars de pétrole iranien pour la brigade al-Qods et le Hezbollah" au Liban. Selon Washington, ce réseau est dirigé par Behnam Chahriyari, un responsable d'al-Qods, et Rostam Ghasemi, un ancien de ce corps d'élite. Ils sont soutenus selon le Trésor par des responsables du gouvernement russe.
La semaine dernière, le Trésor US avait imposé un nouveau train de sanctions à l'encontre d'Ahmad Jalal Reda Abdallah, un homme d'affaires libanais accusé de financer le Hezbollah, classé comme organisation terroriste par Washington depuis 1997, ainsi que cinq de ses associés et huit de ses entreprises, au Liban et en Irak.
Deux membres présumés du Hezbollah sont désignés par les États-Unis dans le communiqué du Trésor US publié mercredi : Mohammad Kassem el-Bazzal et Mohammad Kassir. Ils auraient utilisé une société-écran, "Concepto Screen SAL Off-Shore", basée au Liban, pour "faciliter des transactions pétrolières susceptibles de bénéficier à la brigade al-Qods des Gardiens de la révolution et au Hezbollah", poursuit le texte. "Cette société est visée pour avoir aidé, parrainé ou fourni un soutien financier, matériel et technologique au Hezbollah, ou des biens et services à ce dernier", détaille le Trésor américain.
Du Liban à la Russie en passant par la Turquie... et Hong Kong
Le Bureau de contrôle des avoirs étrangers (Office of Foreign Assets Control – OFAC) du Trésor US précise dans son texte que ce réseau est également soutenu par "des hauts responsables du gouvernement de la Fédération de Russie". Il s'étend aussi jusqu'en Turquie, où "des associés de la brigade al-Qods dissimulent l'origine du produit des ventes illicites de pétrole et de produits pétrochimiques iraniens", précise le texte.
Des facilitateurs et acheteurs chinois sont également pointés par le Trésor américain, qui déclare qu'une société énergétique chinoise a "acheté des millions de barils de pétrole iranien, évalués à des dizaines de millions de dollars, au Corps des gardiens de la révolution islamique".
Concrètement, tous les biens et intérêts des personnes citées dans le rapport "doivent être bloqués et signalés à l'OFAC", précise le texte. Il en va de même pour toutes les entités détenues à 50% ou plus par ces personnes, et qui sont aux États-Unis ou en possession ou sous le contrôle de citoyens américains. Toutes les transactions effectuées par ces derniers ou par des résidents aux États-Unis sont également bloquées.
La réaction de Blinken
Réagissant à cette publication du Trésor US, le secrétaire d'État américain Anthony Blinken a estimé, dans un communiqué publié le même jour, que "les États-Unis restent pleinement engagés à imposer des coûts au régime iranien pour son soutien aux satellites terroristes qui déstabilisent le Moyen-Orient". M. Blinken réaffirme aussi la volonté de Washington d'appliquer strictement les sanctions sur "le commerce illicite de pétrole iranien".
"Nous n'hésiterons pas à cibler ceux qui fournissent un soutien essentiel au Corps des gardiens de la révolution islamique ou au Hezbollah et qui facilitent leur accès au système financier international", poursuit M. Blinken. "Nous travaillons énergiquement pour contrer le contournement des sanctions et continuons à appliquer strictement ces sanctions sur le commerce illicite du pétrole iranien. Quiconque achète du pétrole à l'Iran s'expose à des sanctions américaines", a-t-il conclu.
Les États-Unis prennent régulièrement des sanctions à l’encontre de membres du Hezbollah et d'hommes d'affaires accusés de financer ses activités. En novembre 2020, Gebran Bassil, chef du parti aouniste, Ali Hassan Khalil, bras droit du président de la Chambre Nabih Berry, et Youssef Fenianos, du courant chrétien des Marada, avaient été ciblés par l'OFAC pour corruption et liens avec le Hezbollah.
En septembre 2021, après un été marqué par de graves pénuries de carburant, le Hezbollah avait acheminé au Liban des cargaisons d'essence et de mazout en provenance d'Iran, faisant fi des sanctions internationales à l'encontre de Téhéran. Cette initiative avait fait scandale dans les milieux souverainistes libanais et avait été dénoncée comme une "campagne de communication" par les États-Unis, qui n'avaient pas toutefois sanctionné le Liban pour ces importations.
commentaires (3)
Il faut faire 2 états le sud Hezbollah - Iran et construire un mur avec le reste du pays comme à Chypre
Eleni Caridopoulou
21 h 45, le 26 mai 2022