Un vieux proverbe libanais ces jours-ci tombe à point pour les prochaines élections du 15 mai : « Celui qui veut encore essayer une dernière fois les anciens (ceux qui ont déjà été essayés) serait en fait un dérangé mental... (Yalli bijarreb mjarrab, bikoun aa’lo mkharrab). »
Même si le pardon en lui-même est chrétien ou la grandeur d’âme qui permet l’excuse est musulmane (al-aafou inda al-maqdira min chiyamil kirami), désormais rien, absolument rien, ne justifie plus ou ne peut plus excuser encore un vote ramenant ces mêmes antiquités inutiles et impotentes qui ont ruiné directement ou indirectement le pays, sa jeunesse et son avenir depuis plus de 30 ans...
Le Liban au fil du temps ressemble de plus en plus à un mineur irresponsable de ses actes ou à un majeur psychopathe et masochiste qui doit donc être impérativement interné ou placé sous tutelle. Pourtant, ce pays mérite bien autre chose que cette souffrance délirante où on le plonge.
Ses atouts sont et demeurent immenses... Aux quatre coins de la planète, sa diaspora et sa jeunesse sont citées en exemple de réussite d’humanisme et de services rendus... Il n’y a pas un seul pays au monde, pas un seul coin des plus reculés, pas une île isolée dans un océan lointain où un fier descendant de Cadmos et d’Élissa n’ait entrepris, réussi ou laissé une empreinte indélébile.
En Dominique, une minuscule île de carte postale dans les Caraïbes, un jour, le seul resto kiosque du petit port de fortune existant était... libanais !
Une autre fois, à Kirkenes, ce poste-frontière paumé entre la Russie et la belle Norvège, là où la brume des fjords ressemble au purgatoire et où, pendant six longs mois de l’année polaire, le Soleil chasse la nuit de minuit et le froid scie les os jusqu’à la moelle, qui aurait pensé que, sur deux mètres carrés sur la banquise, on allait trouver, chez les Samis et les Vikings, Ali venu de Jouayya avec son frère Talal en train de vendre falafel et chawarma rebaptisé ici kepap !
La légende rapportée par le guide local disait que Aliouch, comme l’appelaient les sentinelles, attendait vers 20h que l’officier de Poutine, au poste-frontière très proche et suite au vodka salutaire du crépuscule, pique une somme apnéique pour que les soldats de Russie accourent par dizaines assécher sa petite réserve de falafel et kepap...
C’est qu’ils sont vraiment délicieux, les kepap du Liban... Et à ma petite question gênée : comment les Norvégiens toléraient cette incursion russe, quoique nocturne, sur leur territoire, souverain tout de même ? Et pour ne pas nous avouer à l’époque déjà qu’il serait très risqué de contrarier l’Armée rouge, le guide nous rassura plutôt que, grâce à Ali et son frère, un peu de devises en plus, ça ne gênait personne dans la bourgade.
La double explosion au port de Beyrouth a tout rasé sur son passage, même les silos en béton armé, mais, signe curieux et divin, elle a épargné la statue du premier immigré Mtanios Bechaalani... qui trône encore debout à l’entrée du port ! On dirait qu’un Libanais est né pour partir... programmé pour l’aventure, la conquête et la découverte.
Pourquoi un peuple qui a investi la Terre entière, brillant partout dans tous les domaines, serait-il condamné à subir en permanence les affres d’une mafia locale qui ne cache jamais sa vraie nature ? Pas la moindre honte, pas le moindre mea culpa, mais arrogance, extravagance, mépris... Même le légendaire parrain Don Corleone aurait été gêné et aurait passé la main.
Pour la troisième fois en moins de 25 ans, le successeur de saint Pierre va venir nous rendre visite et nous soutenir. C’est inédit dans les annales et l’histoire du Vatican. Le Liban-message nous interpelle, accueillons le pape avec des députés neufs.
Rafistoler des véhicules d’occasion, c’est lifter des visages tellement liftés qu’ils finissent par ressembler à des crocodiles fossilisés. Les irremplaçables peuplent les cimetières partout, sauf au Liban... Chassez voyous et usuriers du temple une bonne fois pour toutes... Le destin légendaire du Liban vous le demande et sa gloire éternelle vous interpelle.
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