Auteur de l’agression contre le ministre de l’Energie, Walid Fayad, Elie Haykal, militant issu des rangs de la révolte populaire du 17 octobre 2019, a été libéré sous caution lundi, en vertu d’une décision de la Chambre d’accusation de Beyrouth, présidée par Maher Cheaito, a confirmé à L’Orient-Le jour l'un des avocats de M. Haykal, Ralph Tannous.
L’instance a ainsi confirmé le jugement émis jeudi dernier par le premier juge d’instruction par intérim de Beyrouth, Charbel Abou Samra, qui avait chargé M. Haykal d’une caution de 5 millions de livres en contrepartie de sa remise en liberté. Il devra en outre élire domicile à Adonis (Kesrouan), l’enquête devant être poursuivie. Il serait passible d’un mandat d’arrêt s’il quitte la région durant les 20 prochains jours.
Le militant est toutefois autorisé à sortir le 15 mai, pour remplir son devoir électoral dans le cadre des législatives, à condition d’en aviser la police de Zouk Mosbeh (Kesrouan) 24h à l'avance. Cette précision intervient après que des informations avaient circulé selon lesquelles M. Haykal ne serait pas relâché avant les législatives.
Elie Haykal avait été arrêté le 27 avril. Deux jours plus tôt, en soirée, quelques heures après le naufrage d'une embarcation de migrants au large de Tripoli qui avait ému le pays, le ministre de l’Energie avait été apostrophé à sa sortie d’un bar à Achrafieh par un groupe d’activistes se revendiquant du mouvement du 17 Octobre. Une vidéo relayée sur les réseaux sociaux montrait M. Haykal faisant des remontrances au ministre avant de le projeter brutalement contre une cloison, alors que celui-ci ne semblait nullement se douter que son interlocuteur allait finalement user de violence physique. Le militant et ses comparses lui ont reproché d’être venu "s’enivrer" quelques heures après le drame, tandis que "les corps des malheureux n’avaient pas encore été tous repêchés", et que le chef du gouvernement, Nagib Mikati, venait de décréter la journée du lendemain "jour de deuil officiel".
Sur base d’une plainte aussitôt intentée par M. Fayad auprès d’un commissariat d’Achrafieh, le procureur général près la Cour de cassation, Ghassan Oueidate, avait émis un mandat d’amener contre Elie Haykal, qui a tenté dans un premier temps d’échapper à la comparution, avant de se livrer le 27 avril à un poste de police situé à Zouk Mosbeh, non loin de son domicile.
Le juge Zaher Hamadé a dans ce sillage engagé des poursuites à l’encontre de M. Haykal, mais aussi d’autres militants, à savoir Chafic Badre, Neemat el-Rezz, Mayline Sarkis, Michel Doueiry et Sally Afandi, pour "violences, formation d’un groupe d’émeute et diffamation" contre le ministre de l’Energie. Chafic Badre, qui aurait administré une gifle à M. Fayad, court toujours, tandis que Mmes Sarkis et Afandi seront entendues mardi par le juge d’instruction.
commentaires (3)
C'est lui qui devrait se réveiller grâce à cette poursuite judiciaire, et non pas le ministre qu'il a agressé.
Esber
00 h 00, le 10 mai 2022