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Monde - Entretien

Raphaël Pitti met son expérience de formateur de médecins syriens au service des Ukrainiens

Le responsable formation de l’UOSSM France, médecin anesthésiste-réanimateur et spécialiste en médecine de guerre répond aux questions de L’Orient-Le Jour.

Raphaël Pitti met son expérience de formateur de médecins syriens au service des Ukrainiens

Raphaël Pitti (au centre), responsable formation de l'UOSSM France, médecin anesthésiste-réanimateur et spécialiste en médecine de guerre, lors de son déplacement à Lviv (ouest de l’Ukraine), le 7 avril 2022. Photo UOSSM France

Forte de son expérience en Syrie, l'UOSSM France (Union des organisations des secours et soins médicaux) se mobilise pour aider le personnel soignant ukrainien. Après des semaines de préparatifs, l’ONG a lancé vendredi à Metz (nord-est de la France) une formation à la médecine de guerre d’une durée d’une semaine à destination de 9 médecins venus d’Ukraine. L’objectif ? Que ces derniers forment à leur retour au pays en guerre leurs collègues du secteur médical au sein d'un futur centre de formation à Lviv (ouest de l’Ukraine), mis en place en partenariat avec l’ONG "La chaîne de l’espoir". Pour ce faire, les organisations en appellent à la générosité du public en vue de récolter des fonds afin d’entretenir ce futur établissement. A l’origine de l’initiative, Raphaël Pitti, responsable formation de l’UOSSM France, médecin anesthésiste-réanimateur et spécialiste de médecine de guerre, qui s’est rendu une vingtaine de fois en Syrie à partir de 2012. Il répond aux questions de L’Orient-Le Jour.

Comment vous est venue l’idée de la formation ?

Par comparaison avec la manière dont les Russes ont procédé en Syrie au cours de ces dernières années et en Ukraine aujourd’hui. Les Russes ont toujours recours à la même stratégie qui consiste à encercler, terroriser, et bombarder intensivement les villes prises au piège. Il s’agit surtout de les assiéger, c’est-à-dire leur couper l’eau, l’électricité, la nourriture, les hôpitaux et tous les lieux de vie. L’objectif est qu’au bout d’un moment, sous la pression de ce siège, les populations et surtout les rebelles ou les résistants en ce qui concerne l’armée ukrainienne finissent par céder. C’est comme cela que les Russes ont procédé en Syrie, à Alep, dans la Ghouta (banlieue de Damas) et dans d’autres villes du pays, et c’est comme cela qu’ils ont procédé à Marioupol (est de l’Ukraine), par exemple. C’est une guerre à laquelle nos collègues soignants ukrainiens ne sont pas préparés.

Comment s’organise cette formation ?

Au cours de ces dernières années, nous avons acquis une expérience et une compétence dans la formation des personnels soignants. La formation, menée par des médecins, s’étend donc sur trois jours et nous suivons un protocole pédagogique et du matériel très précis que nous avons utilisé pendant 10 ans en Syrie pour former le personnel soignant syrien, à la fois les secouristes, les médecins, les infirmiers, les chirurgiens et d’autres catégories en fonction des besoins qu’il y avait dans le pays.

Pour mémoire

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Nous avons réussi à sélectionner une dizaine de médecins ukrainiens dont le profil correspondait à nos besoins, c’est-à-dire anesthésistes-réanimateurs ou médecins urgentistes ayant des compétences dans la formation et maîtrisant parfaitement tous les outils techniques de la réanimation. Nous leur proposons donc un planning de formation pour les secouristes, médecins, infirmiers, chirurgiens envoyés par les hôpitaux pour l’apprentissage de l’échographie d’urgence, tout un catalogue de cours. Nous allons également entrer en lien avec le ministère ukrainien de la Santé pour qu’il cible les formations. Afin que nous puissions constituer un pool d’une vingtaine de personnes sur place, des stagiaires seront ensuite sélectionnés pour devenir eux-mêmes formateurs.

Quels sont les besoins sur place ?

Nous faisons face à toute la pathologie qui est propre à la médecine de catastrophe en général, en particulier à la médecine de guerre avec les plaies par balle, par éclat et beaucoup de brûlés. Pour l’instant, la situation sur place concerne surtout l’est du pays et manifestement les Ukrainiens dans leur organisation sont à même d’assurer tous seuls la prise en charge des blessés, ils n’ont pas besoin d’un soutien extérieur pour l’instant. L’Ukraine dispose par ailleurs d’un important système de soutien sanitaire militaire. Donc, les structures civiles ne semblent pas débordées pour le moment par l’afflux des victimes, c’est une chose importante.

Quelles sont les difficultés auxquelles vous faites face en termes logistiques ?

Nous avons tardé à obtenir l’autorisation pour faire venir les médecins depuis l’Ukraine à Metz, où nous avons les locaux disponibles pour les recevoir et les former. C’était assez compliqué compte tenu des dispositions qui empêchent tous les réservistes de moins de 60 ans de sortir du pays. Je suis récemment allé en Ukraine pour aller justement rechercher les locaux dont nous avons besoin, rencontrer les responsables administratifs où notre centre sera situé. La ville de Lviv a mis à notre disposition une aile d’un lycée dans laquelle il y a tout ce dont nous avons besoin, à savoir un lieu de formation et un lieu d’hébergement. Il nous reste également à recevoir le matériel pédagogique que nous avons commandé.

Alors que le risque d’attaques chimiques se pose en Ukraine, cet aspect est-il inclus dans la formation que vous dispensez ?

Pour l’instant, non. Nous allons quand même assurer sur le plan théorique une formation, mais il reste à savoir s'il sera possible de leur donner le matériel nécessaire, en particulier pour la protection des soignants, c’est-à-dire les combinaisons, les masques et aussi les antidotes. S’il y a utilisation de l'arme chimique en Ukraine comme ce fut le cas en Syrie, les Russes vont s’évertuer très rapidement à effacer toutes les traces susceptibles d'identifier cette utilisation. Il faut donc s’y préparer, car la procédure de décontamination est relativement lourde et il faut des moyens. Des victimes intoxiquées par ces produits qui entreraient dans l’hôpital sans avoir été décontaminées au préalable contamineraient tout ce qu’elles auront touché et les soignants eux-mêmes qui pourraient mourir d’une contamination secondaire. Nous allons expliquer bien évidemment tout cela et il faut voir comment nous pourrions éventuellement leur apporter ce matériel quand ils en auront besoin.

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Forte de son expérience en Syrie, l'UOSSM France (Union des organisations des secours et soins médicaux) se mobilise pour aider le personnel soignant ukrainien. Après des semaines de préparatifs, l’ONG a lancé vendredi à Metz (nord-est de la France) une formation à la médecine de guerre d’une durée d’une semaine à destination de 9 médecins venus d’Ukraine. L’objectif ? Que...

commentaires (2)

Je ne comprends pas que l'OLJ soutienne la désinformation poutinienne, ce qui pourrait me valoir de ne pas renouveler mon abonnement

Beauchard Jacques

17 h 08, le 08 mai 2022

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Commentaires (2)

  • Je ne comprends pas que l'OLJ soutienne la désinformation poutinienne, ce qui pourrait me valoir de ne pas renouveler mon abonnement

    Beauchard Jacques

    17 h 08, le 08 mai 2022

  • CLAIREMENT, ON DIRAIT RAPHAEL PITTI , que l’article décrit comme responsable formation de l’UOSSM France, médecin anesthésiste-réanimateur et spécialiste de MÉDECINE DE GUERRE, est aussi SPÉCIALISTE DES TACTIQUES DE GUERRE. EN SYRIE , IL A DU SPÉCIALISER DES SOIGNANTS DANS LA ZONE OCCUPÉE PAR DAESH ( CASQUES BLANC ET CONNERIES ), MAINTENANT CHEZ LES NAZISTES . BRAVO .

    aliosha

    10 h 33, le 08 mai 2022

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