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Société - Recherche scientifique

Deux Libanaises lauréates du prix L’Oréal-Unesco : une reconnaissance malgré la crise

Hiba N. Rajha et Rachel Njeim ont été récompensées pour leurs travaux respectifs sur la valorisation des déchets de l’industrie vinicole et sur les interventions cliniques en cas de diabète.

Deux Libanaises lauréates du prix L’Oréal-Unesco : une reconnaissance malgré la crise

Une photo de groupe des lauréates du prix L’Oréal-Unesco for Women in Science. Photo DR

Deux jeunes Libanaises, Rachel Njeim, doctorante à l’Université américaine de Beyrouth (AUB), et Hiba N. Rajha, enseignante-chercheuse à l’Université Saint-Joseph (USJ), ont décroché dernièrement le prix L’Oréal-Unesco for Women in Science. Ce prix, décerné par la Fondation L’Oréal en partenariat avec l’Unesco, et doté de montants pouvant atteindre 10 000 euros, récompense les chercheuses pour leur travaux. Les deux jeunes femmes ont reçu leur prix à l’exposition de Dubaï 2020, aux côtés d’autres lauréates du monde arabe. Diplômée d’une licence en sciences de la vie et de la Terre – biochimie, d’un master en génomique et protéomique fonctionnelles et d’un doctorat en sciences de la vie de l’USJ, Hiba N. Rajha change complètement de chemin et décroche en 2019 un diplôme d’ingénieur des procédés à l’Université de Compiègne en France. « Pour mon postdoctorat j’ai décidé de joindre mes deux domaines de spécialisation : ingénierie et sciences de la vie », raconte la chercheuse.

Rachel Njeim. Photo DR

Elle mène actuellement une recherche sur la valorisation des déchets de l’industrie vinicole pour en extraire les polyphénols et les utiliser dans divers cosmétiques. Une solution pour réduire l’émission de déchets qui pèse lourd sur la planète. « La recherche est la faculté de servir la société, c’est la principale mission d’un chercheur », ajoute cette scientifique adepte du tango argentin.

Après un parcours en pharmacie à l’Université libano-américaine (LAU), Rachel Njeim continue son chemin à l’AUB où elle décroche un master en pharmacologie et thérapeutiques et est actuellement chercheuse à la faculté de médecine. La jeune femme travaille sur l’identification d’un nouveau processus de mort cellulaire impliquant des neutrophiles (globules blancs) lié aux maladies rénales. « Cette recherche vise à aider la communauté scientifique à développer de nouvelles modalités d’interventions cliniques notamment dans les cas de diabète », précise-t-elle. Pour cette passionnée de lecture et de natation, la recherche est une aventure qui lui permet d’élargir les limites de son savoir, poussée par sa curiosité et son sens de la découverte.

Hiba N. Rajha. Photo DR

« Dire aux Libanaises que rien n’est impossible ! »

Pour ces deux chercheuses, le prix L’Oréal-Unesco est un apport précieux qui leur permet de surmonter nombre d’obstacles qui sont inhérents à une carrière de recherche, notamment du fait qu’elles sont des femmes. Car, selon l’Institut de statistique de l’Unesco, les femmes ne représentent que 33 % des chercheurs dans le monde, et leur travail n’est que très rarement reconnu et gratifié. Par exemple, seuls 3 % des prix Nobel sont décernés à des femmes.

« L’importance du programme de L’Oréal-Unesco for Women in Science est qu’il motive et encourage les femmes qui réussissent dans la recherche dans le but d’assurer une égalité des genres sur le terrain scientifique, une chose assez rare dont on a grandement besoin », explique Rachel Njeim.

Pour Hiba N. Rajha, ce prix est bien plus qu’une simple reconnaissance de son travail. « C’est un pilier fondamental dans ma lutte pour les droits des femmes et surtout des chercheuses libanaises ! C’est la preuve pour toutes les Libanaises que rien n’est impossible et qu’il faut toujours suivre ses rêves ! » lance-t-elle.

Le genre n’est évidemment pas le seul problème qui se pose dans leurs carrières. « Le financement est le principal obstacle auquel est confronté tout chercheur dans le monde », s’exclament les deux femmes qui expliquent que la recherche scientifique souffre d’un manque énorme de budget et que ce manque se fait surtout ressentir au Liban où la dépréciation de la monnaie nationale, la crise économique, la chute des investissements, etc. n’ont fait qu’empirer les choses. Matériel de laboratoire, licences pour logiciels informatiques, participation au séminaires internationaux, tous ces frais doivent être payés en dollars « frais » ou en livres au taux du marché noir. « Le Liban est un cas très spécial, la grande majorité des organismes de recherche (universités) étant privés, leur seule source de revenu proviennent des scolarités des étudiants. Or, face à l’incapacité de ces derniers à payer en dollars, le secteur de la recherche scientifique est en grand danger », explique Hiba.

Déterminées à rester positives, les deux chercheuses concluent : « Il restera toujours de l’espoir, en travaillant main dans la main, on pourra accomplir de grandes choses. »

Deux jeunes Libanaises, Rachel Njeim, doctorante à l’Université américaine de Beyrouth (AUB), et Hiba N. Rajha, enseignante-chercheuse à l’Université Saint-Joseph (USJ), ont décroché dernièrement le prix L’Oréal-Unesco for Women in Science. Ce prix, décerné par la Fondation L’Oréal en partenariat avec l’Unesco, et doté de montants pouvant atteindre 10 000 euros,...

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