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Culture - Théâtre

Reprendre le chemin de Beyrouth par le sentier de la lune

Écrite par Cécile Longé – ancienne consule générale de France au Liban (2013 à 2017) –, la pièce « Antoura, sentier de la lune » a été publiée aux éditions Les Cygnes en décembre 2021. Elle est présentée à partir du 26 avril au théâtre Monnot.

Reprendre le chemin de Beyrouth par le sentier de la lune

Le collège de Antoura au cœur de l’intrigue. Photo DR

Sur les planches du théâtre Monnot à partir du 26 avril, la pièce Antoura, sentier de la lune, écrite par Cécile Longé et mise en scène par Mirana el-Naimy. Le récit se déroule sur trois continents et relate l’histoire d’une famille franco-libanaise qui trouve ses racines à Antoura, dans le Mont-

Liban, et qui reste enchaînée à son passé par un secret d’enfance longtemps tu. Au croisement de plusieurs intrigues, les personnages, à un moment précis de leur existence, vont évoluer dans une trajectoire de vie qui se déroulera sous les yeux des spectateurs. « La pièce, confie Cécile Longé, également coproductrice et membre de la troupe de comédiens, met en situation des éléments qui feront interagir les protagonistes de l’histoire, accepter de voir leur destin se modifier au moment où ils ne seront plus enchaînés à leur passé. La difficulté de communiquer, les relations conjugales toxiques, les malversations dans le monde professionnel sont parmi les thèmes soulevés. »

Pour l’ancienne consule de France au Liban, ce qui fait la beauté de cette pièce, c’est qu’elle n’est pas statique mais en perpétuelle évolution, « elle a aussi cette particularité de troubler le spectateur pour un temps, estime-t-elle. Dans les premières scènes, il se posera la question des liens qui rattachent les personnages venus chacun d’un horizon différent et sur les causalités qui les rapprochent, il suivra le fil d’Ariane, prendra plaisir au suspens qui s’installe, jusqu’à finalement partager le parcours et la complicité des acteurs ».

Six comédiens se partagent les rôles de la pièce « Antoura, sentier de la lune ». Photo DR

Le Liban en particulier et l’être humain en général

La pièce est interprétée par quatre comédiens présents sur scène (Joe Abi Aad, Cécile Longé, Léopoldine Apra et Cyril Jabre) et deux autres (Charles-Henry Peler, Achtarout Aoun) que le spectateur découvrira en vidéo dans une scénographie très originale faisant appel aux technologies les plus modernes du mapping (en langage informatique, cela consiste à appliquer sur une image créée en trois dimensions des effets de texture au moyen de dégradés de couleurs, d’alternance d’épaisseur de traits et de remplissage). Pour Cyril Jabre, la pièce représente la société libanaise explosée par la guerre. « Il y a ceux qui sont partis, dit-il, et qui ont tenté de s’intégrer en terre étrangère, et qui, malgré tout, conservent leur attachement et leur dévouement à leur pays par rapport à leurs habitudes et à leur façon de penser, et ceux qui sont restés. »

« C’est une pièce qui est belle par sa dureté, très forte émotionnellement, indique pour sa part Léopoldine Apra. Elle est un magnifique hommage au théâtre. » « Normal, dit-elle en faisant allusion à Cécile Longé, elle est écrite par quelqu’un qui affectionne particulièrement le théâtre. »

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« C’est un drame familial où il y a un véritable échange épistolaire, on en ressort complètement bouleversé et touché par ce bel hommage à Antoura et au Liban », estime quant à lui Joe Abi Aad. Pour lui, il s’agit aussi d’un soutien au théâtre francophone et à la culture française au Liban. « C’est un message d’espoir et de continuité, une affirmation que le théâtre et la culture ne mourront pas », note l’acteur.

Pour la metteuse en scène Mirana el-Naimy, également dramaturge et directrice d’acteurs, la pièce n’est pas uniquement représentative du Liban, mais peut être lue comme une pièce universelle. « L’être humain en est son sujet principal avec toute une étude psychologique qui gravite autour de la nécessité de revenir sur les sujets douloureux de la vie pour s’en défaire et les dépasser, d’ouvrir les portes, de revisiter la mémoire, de faire face à sa vie, à ce qui a fait mal. »

La scénographie, assurée par Élie Zeidan, est toute en symboles. Il a dessiné un tableau en concordance avec l’histoire. Et conçu un décor mobile composé de panneaux et de portes qui s’ouvrent et se referment. Ce sont les portes du passé et celles de l’avenir, celles qui nous empêchent d’avancer. « Il fallait que le décor serve la scène, dit-il, les éléments bougent et se modifient, mais un équilibre parfait dans la scénographie est conservé. La projection vidéo en mapping est réalisée de façon à ce que l’œil ne s’ennuie jamais et fait de sorte à ce que le spectateur est souvent surpris. » Reste la musique composée par Joe Aouad suivant la méthode du crab canon, qui se traduit par une musique sur un même thème où une mélodie peut être jouée recto-verso, une séquence peut être lue dans les deux sens. Elle est destinée à illustrer la réminiscence. « Il y a un retour sur le passé comme si la personne avançait et qu’elle essayait de revenir en arrière. » La musique en elle-même est un des personnages ; quand elle intervient, c’est comme si un personnage entrait en scène. Les comédiens, le metteur en scène et la coproductrice s’accordent à affirmer que si un drame se trame au courant de la pièce, le tragique ne l’emporte jamais. Cet équilibre entre le tragique et l’espoir qui est dans le texte fait la force et la beauté de cette œuvre.

Sur les planches du théâtre Monnot à partir du 26 avril, la pièce Antoura, sentier de la lune, écrite par Cécile Longé et mise en scène par Mirana el-Naimy. Le récit se déroule sur trois continents et relate l’histoire d’une famille franco-libanaise qui trouve ses racines à Antoura, dans le Mont-Liban, et qui reste enchaînée à son passé par un secret d’enfance longtemps tu....

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