Rien ne vaut cette volubilité qui s’empare de nos caciques calcifiés de la politique dès lors qu’ils sont confrontés à une échéance électorale. Ce moment sacré au cours duquel ils excellent dans ce qu’ils savent faire le mieux : mentir sans vergogne, mais avec moult trémolos aux accents de Koullouna.
Tous les quatre ans, même spectacle au ras des pâquerettes, même guignolade : le concours « ma binette partout », mais en mode pédale douce cette fois because of la dèche ; les vieux débris et les jeunes pousses faisant leur numéro devant les caméras, index levé après un curetage nasal furtif ; et des promesses comme s’il en pleuvait, avec à la clé la certitude définitive d’améliorer le système solaire.
Les uns ne jurent que par la démocratie et les droits de l’homme, oubliant que certains d’entre eux vidaient jadis leurs querelles à coups d’obus et autres joyeusetés sur la population civile ; les autres sont là à attendre la becquée des Iraniens dont ils lustrent les chaussures avec application, pataugeant dans les mêmes maladresses que leurs adversaires qui naguère s’asseyaient sur leurs revendications.
Comme d’habitude, on fera voter les morts en faisant tourner les tables, du moins celles que Mongénéral n’aura pas renversées. Enfin, tradition oblige, et faute de pouvoir bourrer les urnes pour ne pas faire mauvais genre devant les observateurs étrangers, on se rabattra sur les voix des gueux. Sauf qu’aujourd’hui, on n’a quasiment plus les moyens de les payer. Pour la première fois au Liban, l’argent n’a pas d’odeur. Tout bêtement parce qu’il s’est évaporé.
Idem au Liban-Sud et dans la Békaa, mais avec beaucoup plus d’ambition sur le plan des idées, puisque le porte-parole de Dieu et ses barbus drainent un système pileux plus consistant. Encore qu’on ne voit pas bien ce qu’un homme qui n’a pas vu la lumière du jour depuis 16 ans est en mesure d’offrir à ses ouailles comme perspectives étincelantes…
Partout ailleurs, les organisateurs se brisent les reins à brosser le portrait type du candidat législatif 2022 : un patibulaire glutineux, lèche-bottes premier choix, rien dans la tête, tout dans le côlon. Pour tout programme, on lui demande de cracher son fric, baisser son froc et hurler « vive le Liban » quand on le sonne. Raté ! Comme cette fois l’électeur n’a été payé que très peu, il finira par se choisir un cave qui n’a d’autre qualité que celle d’être un arrière-cousin par alliance à la Mercedes de son patron. Mais là encore, rien n’est joué d’avance car les mouches peuvent changer d’âne à tout instant.
C’est ce qui en définitive finit par accoucher d’une démocratie à fragmentation. N’en jetez plus, fermez le ban… et le Liban par la même occasion !
gabynasr@lorientlejour.com
commentaires (4)
Le plus grand cirque de guignols jamais vu, au Liban ou ailleurs!
Georges MELKI
12 h 02, le 21 avril 2022