Bâtiments détruits, voitures endommagées, rues parsemées de décombres : la panique demeurait toujours ce matin dans le village de Bnaafoul, près de Saïda (Liban-Sud), à la suite de la déflagration survenue dans la nuit de lundi à mardi et qui serait due, à l'explosion de bonbonnes d'oxygène dans un centre affilié au mouvement Amal, le parti du président de la Chambre, Nabih Berry, faisant au moins une victime et sept blessés.
Selon notre correspondant au Liban-Sud, Mountasser Abdallah, l'explosion s'est produite dans un grand immeuble de deux étages qui comprend le siège de la municipalité du village et un centre de la Défense civile des scouts al-Risala affiliés au parti chiite, faisant au moins un mort et sept blessés. Un homme blessé au niveau de la jambe, qui peinait à marcher, a confié à L'Orient-Le Jour avoir été informé d'un court-circuit électrique dans le centre des scouts. "Nous nous sommes dirigés vers le lieu et avons entendu un bruit qui serait dû à un embrasement de câbles électriques", a-t-il estimé. "Nous nous sommes hâtés d'évacuer une famille qui habitait dans l'immeuble. Quelques minutes après notre sortie, l'explosion a eu lieu et nous a projetés à plusieurs mètres", explique le blessé. Selon lui, douze bonbonnes d'oxygène qui se trouvaient dans le centre des scouts auraient pris feu, provoquant l'explosion.
Une version adoptée également par le mouvement Amal, selon des "informations préliminaires". "Aux alentours de 2h, une explosion a eu lieu dans un bâtiment adjacent à celui de la municipalité de Bnaafoul, dans lequel la Défense civile des scouts al-Risala occupe une partie", a indiqué le parti chiite dans un communiqué. "Selon des informations préliminaires, un court-circuit est survenu et a entraîné l'explosion de bonbonnes d'oxygène stockées dans l'immeuble pour traiter les patients atteints de Covid-19 dans le village", explique le texte. Le mouvement Amal a par ailleurs déploré la mort de Ali el-Rez, fils du président de la municipalité de la région qui a succombé à ses blessures, et dont les funérailles ont eu lieu aujourd'hui à 15h. Il a enfin indiqué que nombre de blessés ont été transportés à l'hôpital el-Raï à Saïda.
Un témoin proche de la victime a confié à notre journaliste sur place, Lyana Alameddine, que le défunt était père de deux enfants et que sa femme était enceinte. La source indique de son côté que six personnes ont été blessées, dont deux admises en soins intensifs.
Le cortège funèbre de Ali el-Rez est parti depuis la maison du défunt, le cercueil recouvert des couleurs des scouts et du mouvement Amal. Il s'est dirigé vers le cimetière de la ville, où une prière a été prononcée par le mufti de Tyr et Jabal Amel, cheikh Hassan Abdallah. Des membres de sa famille et des riverains étaient présents, ainsi que le député Amal Hani Kobeissi et le ministre de l'Agriculture Abbas Hajj Hassan. D'autres députés et membres du mouvement chiite y ont également participé, ainsi que des membres des scouts al-Risala.
Une source du parti de M. Berry avait indiqué ce matin à notre publication qu’une enquête est en cours pour connaître les raisons de l’explosion. Cette source a précisé que toutes les informations selon lesquelles cette explosion provient d'une roquette ou d'un drone sont "des rumeurs". "Le mouvement Amal va enquêter sur les raisons derrière l'explosion de même que les services de sécurité", a assuré la source. Il ne s'agit pas d'un acte de sabotage, a indiqué une source sécuritaire à l'agence Reuters, refusant de donner davantage de précisions. Aucune information portant sur les causes de l'explosion émanant des Forces de sécurité intérieure (FSI) et l'armée libanaise n'a encore filtré.
A la suite de la déflagration, l'armée libanaise s'est déployée sur les lieux et a empêché les habitants du village ainsi que les journalistes de s'approcher du site. La police judiciaire a inspecté les lieux en vue de mener une enquête. Des membres du mouvement Amal ont également bouclé le périmètre et empêché toute personne de se rendre sur place. Ils se sont eux mêmes chargés de transporter les blessés. Des accrochages avaient eu lieu le matin entre ces derniers et des militaires de l'armée qui avaient empêché un membre du parti d'accéder au site de l'explosion, rapporte notre correspondant.
"Boules de feu"
La déflagration a été entendue dans de nombreux villages avoisinants et provoqué la panique parmi les habitants. Des témoins qui se trouvaient près des lieux de l’explosion ont rapporté à L’Orient-Le Jour avoir entendu l’explosion vers 1h30 après avoir vu "une grande boule de feu illuminer le ciel". Les vitres des maisons de la région se sont brisées.
"Je croyais voir des feux d'artifice. Je me suis dirigée avec mon mari vers 1h40 à la municipalité. Des boules de feu rouges émanaient du bâtiment et ont explosé quelques secondes plus tard dans le ciel. Des pierres nous tombaient dessus et une fumée noire couvrait l'endroit", a confié une femme à notre correspondant.
Selon notre journaliste Lyana Alameddine, l'armée libanaise, les Forces de sécurité intérieure ainsi que les agents de la Sûreté générale ont quitté les lieux vers midi.
"C'est la première fois que ça arrive ici. Ma femme est enceinte et nous avons peur qu'elle perde notre enfant", lui a confié un habitant de la région ; "l'explosion ressemblait à un tremblement de terre", lance un autre. Un villageois a également indiqué à notre journaliste que le bâtiment en question était une école avant d'être transformé en centre municipal. Un étage est consacré à la Défense civile des scouts al-Risala qui y dispense des cours de religion et de sport, indique-t-il.
Deux partis au dessus des lois .. Deux poids Deux mesures…
08 h 11, le 13 avril 2022