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Politique - Focus Liban

Près de 110 députés anciens ou actuels sont en lice pour les législatives de mai

Le fait qu'autant de membres de la classe politique cherchent à se faire réélire pourrait sembler surprenant étant donné la crise que traverse le Liban depuis plus de deux ans…

Près de 110 députés anciens ou actuels sont en lice pour les législatives de mai

Le président du Parlement, Nabih Berry (ici photographié en septembre 2021), fait partie des neuf députés sortants qui se présentent à la réélection et qui ont siégé dans chaque Parlement depuis au moins 1992. (photo d’archive Parlement libanais/AFP)

Le scrutin du 15 mai 2022 est le premier rendez-vous des Libanais avec les urnes depuis le mouvement de contestation du 17 octobre 2019. Un mouvement dont l’une des revendications était un renouvellement de la classe politique libanaise. Que disent les chiffres des candidatures, pour les législatives de mai, à ce niveau?

Selon une analyse de L'Orient Today, 90 membres du Parlement sortant sont candidats aux prochaines législatives. Si on leur ajoute 19 autres anciens députés ayant siégé au Parlement entre 1992 et 2018 et se représentant pour le scrutin du 15 mai 2022, l’on arrive à un total de 109 députés et anciens députés parmi les 1043 candidatures enregistrées le 15 mars dernier, selon les calculs de notre publication sœur L’Orient Today à partir des registres électoraux remontant à 1992.

Malgré le boycott du scrutin par plusieurs politiciens sunnites de premier plan, le total de 90 députés en exercice cherchant à se faire réélire cette année est supérieur au chiffre de 2018. A l’époque, 74 membres du Parlement alors en exercice s’étaient de nouveaux présentés. Entre 2009 et 2018, quatre députés sont décédés en cours de mandat. Trois d'entre eux ont été remplacés en cours de législature et sont inclus dans les 74 qui se sont présentés en 2018.

Le nombre de députés cherchant à se faire réélire en 2022 est légèrement inférieur à celui de 2009, année où 99 députés en exercice ont cherché à renouveler leur mandat. La grande majorité d'entre eux, 81, ont réussi à garder leur siège au Parlement cette année-là. En 2018, en revanche, seuls 50 membres du Parlement précédent sont revenus au Parlement sur les 74 qui s’étaient de nouveau présentés. La conséquence, peut-être, des changements apportés par la loi électorale de 2017 fondée sur la proportionnelle avec un vote préférentiel.

En 2018, les députés réélus ont été rejoints par sept parlementaires de la législature de 2005 et huit d'une législature encore plus ancienne. Ce qui signifie que les députés élus pour la première fois représentaient moins de la moitié de la Chambre.

Neuf autres députés en lice pour le scrutin du 25 mai ont servi entre 20 et 30 ans chacun : Ali Hassan Khalil (Marjayoun-Hasbaya), Ali Yousef Khreis (Sour), Ghazi Zeaiter (Marjayoun-Hasbaya), Hussein Hajj Hassan (Baalbek-Hermel), Ali Ammar (Baabda), Kassem Hachem (Marjayoun-Hasbaya), Mohamed Hajjar (Chouf), Talal Majid Arslan (Aley) et Estephan Douaihy (Zgharta).

Le fait qu'autant de membres de la classe politique libanaise cherchent à se faire réélire peut sembler déroutant après plus de deux ans d'une des pires crises économiques au monde de la période contemporaine, et dans un contexte d’impasse politique et de perte de légitimité suite aux manifestations du 17 octobre 2019 et à l'explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020. Une enquête du Baromètre arabe en mars et avril 2021 a révélé que 96 % des Libanais étaient « mécontents » ou « complètement mécontents » de leur gouvernement.

Mais, pour Ali Taha, chercheur au Centre libanais d'études politiques, le nombre élevé de candidats sortants en lice n'est pas une surprise. « Nous devons comprendre que cette classe politique est impliquée dans la corruption depuis des années. C'est toujours le cas au sein des régimes où la corruption a gangrené les institutions gouvernementales », explique-t-il. « Nous constatons que les personnes au pouvoir sont très réticentes à quitter leur poste car elles savent qu'une fois qu'elles l'auront fait, elles devront rendre des comptes », ajoute-t-il.

Ali Taha exprime son scepticisme quant au fait que les titulaires puissent être motivés par une idéologie ou encore qu’ils se présentent aux élections parce qu'ils estiment être les mieux placés pour sortir le pays de la crise. « Dans le cas du Liban, je pense que la classe politique est consciente de son incompétence... C'est juste de l'auto-préservation », dit-il.

Pour Bassel Salloukh, politologue à l'Institut d'études supérieures de Doha, les dirigeants des partis traditionnels envoient un certain message en renommant les mêmes personnes, pour les législatives, qu'avant la crise. « A travers ce scrutin, ils veulent reconstruire leur ‘légitimité’ ainsi que la ‘légitimité’ du système politique communautaire », estime-t-il. « Pour les dirigeants de ce système, présenter les mêmes visages aux élections, est une manière de dire : 'Nous sommes là, nous allons participer à ces élections et nous allons les utiliser pour reconstruire notre légitimité et montrer que nous sommes représentatifs de la population'. C'est pourquoi nous ne devrions pas être surpris que beaucoup de visages familiers participent » à la course au Parlement, ajoute-t-il.

L'identité des députés, à une échelle individuelle, est généralement considérée comme moins importante dans le système politique libanais que le grand marchandage qui a lieu entre la poignée de leaders communautaires et que les alliances électorales de dernière minute qu'ils forment dans chaque circonscription.En rouge, les circonscriptions dans lesquelles candidatent des députés au Parlement depuis au moins trente ans.

La loi électorale de 2017 a rendu la formation de listes plus compliquée. Elle a également renforcé l’importance des profils individuels, estime Bassel Salloukh, en raison du poids des votes préférentiels que chaque candidat peut apporter à une liste.

Individuellement et par l'intermédiaire de leurs partis et de leurs soutiens communautaires, les candidats sortants bénéficient, au Liban, de réels avantages sur leurs concurrents. Le fait de contrôler les ressources de l'État, comme les offres d'emploi dans le secteur public, leur permet de récompenser les électeurs fidèles et de créer des réseaux clientélistes. L'accès aux médias, ou dans certains cas le contrôle de médias, leur offre une plateforme pour communiquer avec les électeurs. Les candidats des partis émergents bénéficient rarement d’un tel accès aux médias.

Les candidats sortants bénéficient également d’une expérience précieuse en ce qui concerne l'arithmétique compliquée de la répartition des votes préférentiels entre les candidats d’une liste afin, ainsi qu’en ce qui concerne les relations avec les « clés » électorales, ces personnes qui servent d'intermédiaires entre les candidats et les groupes d'électeurs.

Reste à voir ce que pèseront ces avantages face à l'hostilité des électeurs envers la classe politique existante. Avec 109 députés de l'après-guerre en lice cette année, soit plus d'un quart des près de 400 parlementaires qui ont siégé au Parlement depuis 1992, le décor semble planté pour que l'élection fonctionne comme un référendum sur leurs réalisations au pouvoir.

Toutefois, selon M. Salloukh, les partis de l'establishment veulent par-dessus tout éviter que l'élection ne soit perçue comme un référendum sur leur performance au pouvoir. Dans les semaines à venir, estime-t-il, les argumentations communautaires visant, pour les uns, à imputer la crise au Hezbollah, à la Syrie ou à l’Iran, et pour les autres à l'Amérique, à Israël et au Golfe, devraient se multiplier. Les deux argumentaires visant à empêcher, précise-t-il, l'émergence d'un récit axé sur les responsabilités des uns et des autres, face à la crise. Un récit qui toucherait tous les partis. « Ce qu’ils veulent tous, par-dessus tout, éviter, c’est l’émergence de l’idée suivante : ‘vous avez tous été impliqués dans le système politique depuis sinon 1990, du moins 2005’ », dit encore Bassel Salloukh.

Cet article a été originellement publié en anglais sur le site de L'Orient Today le 19 mars 2022)

Le scrutin du 15 mai 2022 est le premier rendez-vous des Libanais avec les urnes depuis le mouvement de contestation du 17 octobre 2019. Un mouvement dont l’une des revendications était un renouvellement de la classe politique libanaise. Que disent les chiffres des candidatures, pour les législatives de mai, à ce niveau?Selon une analyse de L'Orient Today, 90 membres du Parlement sortant...

commentaires (16)

Les accusés de crimes contre l’humanité, ces hommes du pouvoir qui ont laissé détruire la moitié de la capitale avec des morts par centaines et des handicapés à vie ne veulent que se protéger derrière leur immunité. Alors À TOUS LES LIBANAIS ui veulent une justice, votez avec votre tête et votre esprit et non en suivant les directives et les promesses mensongères que tous ces vauriens débitent à votre encontre. Si leur but était de faire du bien au pays et à ses citoyens ça se saurait et on en serait pas là à batailler pour les excaver. Ils le savent et continuent de vous mentir en exerçant un lavage de cerveaux avec leurs slogans fallacieux en pensant qu’à force de répéter ça finit par rentrer. Montrons notre force et notre détermination en votant contre eux, eux nos tortionnaires de toujours.

Sissi zayyat

14 h 15, le 11 avril 2022

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Commentaires (16)

  • Les accusés de crimes contre l’humanité, ces hommes du pouvoir qui ont laissé détruire la moitié de la capitale avec des morts par centaines et des handicapés à vie ne veulent que se protéger derrière leur immunité. Alors À TOUS LES LIBANAIS ui veulent une justice, votez avec votre tête et votre esprit et non en suivant les directives et les promesses mensongères que tous ces vauriens débitent à votre encontre. Si leur but était de faire du bien au pays et à ses citoyens ça se saurait et on en serait pas là à batailler pour les excaver. Ils le savent et continuent de vous mentir en exerçant un lavage de cerveaux avec leurs slogans fallacieux en pensant qu’à force de répéter ça finit par rentrer. Montrons notre force et notre détermination en votant contre eux, eux nos tortionnaires de toujours.

    Sissi zayyat

    14 h 15, le 11 avril 2022

  • The MPs who are running for re-election refuse to admit any responsibility for what has befallen our country.

    Mireille Kang

    08 h 03, le 04 avril 2022

  • Le peuple libanais ne merite pas plus

    Robert Moumdjian

    12 h 23, le 31 mars 2022

  • Pays de bananes , pays failli

    Robert Moumdjian

    12 h 21, le 31 mars 2022

  • LE PEUPLE : BEDNA NEKOL JOU3ANEEN... RAH NENTEKHEB EL SERRAEEN... RAH YICHTROU ASWATNA LA ENNA JOU3ANEEN...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 20, le 31 mars 2022

  • On a les politiciens que l’on mérite, à bon entendeur…

    TrucMuche

    00 h 26, le 31 mars 2022

  • I want to know… vorrei sapere… perché la gente… non dice niente… I want to know… I want to know… I want to know…

    Gros Gnon

    21 h 11, le 30 mars 2022

  • CAD LA COSA NOSTRA LA PLUS MAFIEUSE DU MONDE SE PRESENTE DE NOUVEAU AUX ELECTIONS. SI IL Y AURAIT ELECTIONS IL N,Y AURAIT DE PLUS STUPIDES ET MAFIEUX QUE CES MAFIEUX QUE CEUX QUI LEUR DONNERAIENT LEUR VOIX.

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 06, le 30 mars 2022

  • Les corrompus persistent et signent et beaucoup voteront pour eux. Une partie du peuple est pire que les députés qu’elle élise.

    Karam Georges

    17 h 45, le 30 mars 2022

  • Que Dieu nous protège

    Staub Grace

    17 h 21, le 30 mars 2022

  • Dans un pays où la misère est devenue dénominateur commun on se demande comment l’état peut payer des pensions à vie à ces parlementaires élus 2 fois et à leurs familles !!! ….. Au nom de qui de quoi ???? …. Ces quoi ces lois et ces allocations ??? Tout doit être réécrit par des avocats et juristes qui savent ce qu’ils écrivent nom de Dieu. Jusqu’à quand et jusqu’où continueront-ils de sucer le sang des libanaises et libanais de bonne volonté

    Khoury-Haddad Viviane

    16 h 49, le 30 mars 2022

  • Seul Saad Hariri semble avoir compris le fond de la crise, et la nécessité de se retirer.

    Esber

    16 h 33, le 30 mars 2022

  • Malheureusement la plupart d'entre eux reviendront et ce sera BIEN FAIT pour ceux qui leur auraient donné leur VOIX

    Derwiche Ghaleb

    16 h 32, le 30 mars 2022

  • Je pars du principe qu'à partir du moment où leur mandat n'a servi à rien, pour ne pas dire qu'ils étaient abonnés absents, l'indécence voudrait que ces "branleurs" (passez moi le terme car il est le mieux adapté) disparaissent avec la honte d'avoir desservi leur pays et leurs élus.

    Citoyen

    16 h 21, le 30 mars 2022

  • La majorité d'entre eux ne recherche que l’immunité ou la pension a vie après un second mandat parlementaire et rien d'autre... Ces messieurs n'en ont eu cure du peuple depuis maintenant presque une éternité, j'ai peine a croire que leur représentation soit pour les intérêts du pays. Au peuple de les dégommer pour faire oublier leurs incompétences et les effets néfastes de leurs pratiques.

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    15 h 39, le 30 mars 2022

  • "… Le fait qu'autant de membres de la classe politique cherchent à se faire réélire pourrait sembler surprenant étant donné la crise que traverse le Liban depuis plus de deux ans …" - Ce qui est encore plus surprenant c’est le fait que les libanais risquent de revoter pour les mêmes incompétents. Incompréhensible.

    Gros Gnon

    14 h 23, le 30 mars 2022

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