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La dépendance à la cigarette électronique sous la loupe de chercheurs de l’AUB

Menée dans un cadre transdisciplinaire, cette étude vise à découvrir si le flux de nicotine prédit la vitesse à laquelle cette substance atteint le cerveau et s’il prédit la dépendance chez les fumeurs de cigarettes électroniques.

La dépendance à la cigarette électronique sous la loupe de chercheurs de l’AUB

De gauche à droite : les chercheurs Ahmad el-Hellani et Soha Talih avec l’ingénieur de recherche Nareg Karaoghlanian et la directrice du laboratoire Rola Salman. Photo Alan Shihadeh

L’équipe de chercheurs de la faculté Maroun Semaan de génie et d’architecture de l’Université américaine de Beyrouth (AUB) a reçu une subvention de 1,4 million de dollars, sur une période de trois ans, pour étudier les effets de la vitesse et de la forme de la nicotine sur les utilisateurs de cigarettes électroniques. Cette bourse a été délivrée aux chercheurs par les Instituts nationaux de la santé (NIH), centres de recherche médicale faisant partie du département américain de la santé et des services sociaux. Composée d’un groupe de scientifiques de l’AUB et de l’Université de Yale, l’équipe regroupe Ahmad el-Hellani (PhD, chimie), Farid Talih (docteur en médecine, psychiatrie), Martine Elbejjani (PhD, neuro-épidémiologie), Stephen Baldassarri (docteur en médecine, soins pulmonaires/critiques à l’Université de Yale) et Soha Talih (PhD, génie mécanique) qui dirige le projet. Le groupe de recherche bénéficiera des conseils « des géants de la recherche sur le tabac pendant toute la durée du projet », note Soha Talih.

Menée dans un cadre transdisciplinaire, cette étude vise à savoir si le flux de nicotine prédit la vitesse à laquelle la nicotine atteint le cerveau et s’il prédit la dépendance des fumeurs de cigarettes électroniques. « Alors que le concept de flux est théoriquement intuitif, la relation entre le flux, la vitesse et la dose de nicotine délivrée aux utilisateurs fait défaut. Combler cet écart est crucial pour utiliser le flux dans la réglementation de la nicotine », explique Soha Talih qui est professeure de recherche adjointe au laboratoire d’aérosols au département de génie mécanique de l’AUB et au Centre d’études des produits du tabac de l’Université du Commonwealth de Virginie (VCU).

Impact sur la réglementation des cigarettes électroniques

Les résultats de cette étude seront utiles non seulement à la communauté scientifique, mais aussi à l’autorité réglementaire de l’Agence fédérale américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA). Car, jusqu’à présent, d’après la directrice du projet, réglementer les cigarettes électroniques demeure relativement difficile, rendant par conséquent la législation inefficace en matière de protection de la santé publique. Pour cause, les utilisateurs des cigarettes électroniques peuvent contrôler leur appareil, grâce aux caractéristiques de performance du produit, comme le fait de remplacer ou modifier le liquide ou la batterie électrique. Or ces caractéristiques affectent la quantité de nicotine émise, l’expérience sensorielle et la dépendance. « Le flux de nicotine couvre toutes ces caractéristiques, il les combine en une seule métrique que nous pouvons prédire à l’aide d’outils physiques. Par conséquent, si nous pouvons prouver que le flux de nicotine est lié à la dépendance, la réglementation des cigarettes électroniques deviendra moins difficile », affirme la directrice du projet.

La forme de la nicotine utilisée dans les liquides des e-cigarettes est une autre question que l’étude vise à éclaircir. La nicotine peut, en effet, exister sous deux formes : la nicotine-base, forme purifiée par l’industrie pharmaceutique grâce à des traitements chimiques, provoquant un hit – cette sensation de picotement au fond de la gorge – et le sel de nicotine, obtenu en faisant réagir la nicotine-base avec un acide, en l’occurrence l’acide benzoïque, pour qu’elle irrite moins la gorge, facilitant l’inhalation. Selon Soha Talih, la question de la forme de la nicotine est devenue plus pressante depuis qu’une certaine marque de cigarettes électroniques a manipulé la nicotine en ajoutant des acides. Peu de temps après son entrée sur le marché américain, en 2019, cette marque est devenue la plus populaire, en particulier auprès des jeunes. « Dans notre étude, nous répondrons à la question : la forme de nicotine affecte-t-elle l’apport de nicotine au cerveau, ainsi que la façon dont les utilisateurs vapotent ? » note la chercheuse.

Enfin, dans cette étude qui sera effectuée entre l’AUB et l’Université de Yale, l’équipe de recherche utilisera des méthodes analytiques et cliniques transdisciplinaires. Soha Talih explique ainsi qu’à l’AUB, les chercheurs recruteront plus d’une centaine de participants pour tester plusieurs flux de nicotine. Ils collecteront aussi des enquêtes pour évaluer la dépendance et mesurer les niveaux de substances toxiques – dont les cancérigènes – que les utilisateurs inhalent. À Yale, ils mesureront la nicotine dans le sang, juste avant qu’elle n’atteigne le cerveau. Ils établiront ainsi un lien entre le flux de nicotine et la vitesse et la dose d’administration de nicotine.


L’équipe de chercheurs de la faculté Maroun Semaan de génie et d’architecture de l’Université américaine de Beyrouth (AUB) a reçu une subvention de 1,4 million de dollars, sur une période de trois ans, pour étudier les effets de la vitesse et de la forme de la nicotine sur les utilisateurs de cigarettes électroniques. Cette bourse a été délivrée aux chercheurs par les Instituts...

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