Rêveuse et excitée Mad’moiselle
Touche les étoiles, papa a des ailes
Papa lui offre tout, tout ce dont elle a besoin
Et puis vient l’autre, la fille blessée qui pleure au coin
Elle est pourtant un peu chanceuse, la maudite
Sa mère l’a comblée de biens, lui a transmis le mérite
Sa mère dont le seul péché était de mal choisir
Le potentiel père, le véritable émir
A choisi un homme qu’elle croyait digne et pareil
Riche, beau, réussi, mais à jeter dans la corbeille
Riche et réussi mais pas en tant que père
Il pouvait tant donner, à commencer par ses salaires
Mais à la place de son cœur, il y a une pierre
Et une main qui fait rougir l’Avare de Molière
Alors que les pères se vantent de leur progéniture
La caressent et la comblent, pour lui c’était trop dur
D’offrir des cadeaux, de nourrir ou même d’aimer
La famille que le sale narcissique a enfantée
Avec le temps, la fille a perdu espoir
Ses demandes se sont réduites, et à ne pas faire chaque soir
À des nécessités que d’autres pères font avec plaisir, par devoir
Elle ne demandait que des vitamines… deux poires ou une baguette
Mais c’était trop demander, d’autres pourtant offrent des jaquettes
La boulangerie est lointaine, c’est l’hiver, ça fait grossir, une baguette
En d’autres termes, tu ne mérites aucun effort,
fillette !
Le lendemain, pas très surprise, elle découvre que sa mère
Lui a acheté toute la boulangerie. Pour adoucir le vide amer,
Des douceurs et du pain chaud pour remplacer la tendresse du père
Elle a tout, cette fille, et elle n’a rien. Elle laisse tout par terre
Rien ne remplace l’absence et le manque, ni luxe ni opulence
La fille pense à la petite demoiselle et à sa morbide insouciance
Car son père paye par amour et attention, l’essentiel et l’abondance
L’avarice est surtout un péché de cœur, dans le sien, il y a une lance
À défaut d’obtenir ce qu’on donne par amour, elle cherche les baguettes
Notre fille ne perçoit désormais les hommes que par leur braguette
Serrée ici par le Sinueux Serpent qui imbibe
Ses veines maudites, la fille étouffe et médite.
Le serpent Buée, Absence, Barricades, Abandon
La dévore vivante, l’ironie est dans le nom
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