
L’entrée du siège de l’Association des banques du Liban taguée et endommagée par des manifestants. Photo d’archives M.A.
Latent depuis plusieurs mois, le bras de fer entre certains magistrats et le secteur bancaire, touchant à plusieurs dimensions de la crise que traverse le Liban depuis plus de deux ans, a atteint des sommets cette semaine et pourrait encore empirer ce week-end, sauf si le Conseil des ministres, qui a prévu de se réunir ce matin pour étudier la question, arrive à mettre fin aux hostilités. Retour sur les derniers événements.
• Dans un premier temps, vendredi, une source à l’Association des banques du Liban (ABL) confirmait à L’Orient-Le Jour que l’ABL, qui avait tenu une assemblée générale dans la matinée, donnerait une conférence de presse dimanche lors de laquelle elle annoncerait les mesures décidées en réaction aux procédures judiciaires lancées au Liban et à l’étranger contre des banques libanaises par des déposants contestant les restrictions qu’elles imposent sur l’accès à leurs comptes. La source avait alors affirmé la possibilité que l’association annonce une grève de deux jours.
• Il n’aura pas fallu attendre dimanche. Dès hier soir, l’ABL a finalement pris les devants en confirmant cette « grève d’avertissement » ces lundi 21 et mardi 22, qu’elle a justifiée en déclarant que « les banques ne peuvent plus supporter les décisions abusives qui les mettent en confrontation avec les déposants ».
• L’assemblée générale de l’ABL avait été convoquée dans le sillage de l’affaire Fransabank, rendue publique mercredi. L’établissement est sous le coup d’une ordonnance de saisie exécutoire prononcée par la première juge de l’exécution de Beyrouth, Mariana Anani, dans le cadre d’une affaire l’opposant à un de ses déposants réclamant la restitution de ses fonds dans la monnaie dans laquelle ils ont été libellés et non en chèque bancaire. Vendredi, une autre grande banque du pays, BLOM Bank, a été ciblée par le premier juge de l’exécution de Tripoli, Bassem Nasr. L’Orient-Le Jour a pu consulter les deux décisions.
• L’ABL reproche aux autorités de laisser les responsables bancaires faire face seuls à la colère des déposants « pour des raisons qui ne sont pas de son ressort », alors que plusieurs procédures lancées au Liban, mais aussi à l’étranger, par des déposants contestant les restrictions bancaires unilatéralement mises en place par les banques depuis 2019 ont récemment abouti. Saradar Bank en France ainsi que la Société générale de banque au Liban (SGBL) et Bank Audi en Angleterre en ont fait les frais en première instance, tandis que BLOM Bank a remporté le procès la visant à Londres. Dans ce contexte, l’ABL a demandé au gouvernement d’intervenir pour « accélérer la mise en place des décisions qui permettraient de mettre fin » aux différentes procédures visant les banques et à faire pression pour qu’une loi instaurant un contrôle formel des capitaux soit adoptée. Une demande que l’ABL a réitérée dans son communiqué d’hier soir en y incluant « l’adoption et l’application d’un plan de redressement ». L’ABL dénonce également le fait qu’elle soit prise entre deux feux : la Banque du Liban (BDL) et l’État d’un côté, que l’association accuse de « ne pas rembourser leurs dus », et les déposants de l’autre, alors que les banques ne sont pas en possession des liquidités que ceux-ci réclament.
• De son côté, la procureure générale près la cour d’appel du Mont-Liban, la juge Ghada Aoun, qui multiplie depuis deux ans les procédures contre le gouverneur de la BDL, Riad Salamé, ainsi que certains banques et agents de change, a frappé fort cette semaine. Réputée proche du camp aouniste, elle a auditionné puis arrêté jeudi Raja Salamé, frère du gouverneur, dans une affaire impliquant des transferts effectués dans le cadre d’un contrat de courtage sur des eurobonds et des bons du Trésor signé entre la BDL et une société enregistrée aux îles Vierges britanniques, Forry Associates Ltd, dont Raja Salamé est le bénéficiaire économique. Un dossier pour lequel Riad Salamé fait lui l’objet d’enquêtes à l’étranger. Selon des informations de presse non formellement confirmées, la procureure envisagerait aussi de lancer des poursuites contre le gouverneur qu’elle compte faire amener par les forces de l’ordre lundi.
• Jeudi, la juge a aussi prononcé une interdiction de voyager à l’encontre du président de Creditbank, Tarek Khalifé, et a gelé tous les actifs de la banque, dans le cadre d’une enquête en cours. Certaines voix dénoncent une procédure sans fondement, tandis que la juge est sous le coup d’une procédure de récusation lancée à l’initiative de la SGBL début mars.
• Lors d’un entretien avec le ministre de la Justice Henri Khoury, le Premier ministre, Nagib Mikati, a, pour sa part, accusé « certains juges » de provoquer des tensions dans le pays. Nagib Mikati était opposé à la grève des banques, selon plusieurs sources.
ABL declare ; « les banques ne peuvent plus supporter les décisions abusives qui les mettent en confrontation avec les déposants ». Parceque les restrictions illegales et le haircut consecutif aux multiples taux de change, elles, sont des decisions tres bien accueillies par les epargnants ???? Les crapules bancaires n'ont pas fini de de moquer de nous ???? Canailles sans foi ni loi....!
22 h 13, le 20 mars 2022