Les poursuites judiciaires contre certaines banques et le gouverneur de la banque centrale ainsi que son frère, qui se sont intensifiées au cours des dernières semaines, se muent en un bras de fer qui se corse entre certains juges et le secteur bancaire libanais. Ainsi, alors que la procureure du Mont-Liban Ghada Aoun s’apprêterait à lancer des poursuites lundi contre le gouverneur Riad Salamé (ce que laissent entendre ses déclarations aux médias) après avoir arrêté son frère Raja jeudi, l’Association des banques a décrété hier soir une grève d’« avertissement » dans tous les établissements, lundi et mardi.
Derrière cette campagne judiciaire sur fond de crise majeure de liquidités en devises, qui a poussé les banques à limiter dès l’automne 2019 l’accès des déposants à leurs comptes, beaucoup voient se profiler une dimension politique dont les motivations restent floues, mais liées aux prochaines législatives de mai 2022 : pour certains, l’objectif serait de réussir un grand coup en prévision de cette échéance, en surfant sur les griefs (légitimes) des déposants inquiets pour leurs comptes; pour d’autres, il s’agirait purement et simplement d’une nouvelle tentative de déstabilisation à grande échelle du pays, en vue d’un report éventuel du scrutin.
Certains observateurs estiment que l’appartenance politique présumée des principaux juges engagés dans ce bras de fer, à commencer par la procureure Ghada Aoun, réputée proche du camp du chef de l’État, Michel Aoun, ainsi que le timing et l’ampleur de ces poursuites viennent confirmer ces soupçons. Dans ce cadre, les propos du Premier ministre Nagib Mikati sont venus confirmer hier la tournure politique que pourrait prendre le bras de fer entre les juges et les banques. Prenant clairement le parti du secteur bancaire et exprimant son inquiétude pour la stabilité du pays, M. Mikati a accusé, en marge d’une réunion au Grand Sérail avec le ministre de la Justice, Henri Khoury, « certains juges » de provoquer des tensions dans le pays. « L’attachement à l’indépendance de la justice et la non-ingérence dans ses affaires ne doit pas aller à l’encontre de la stabilité dans le pays sur tous les plans, notamment financier », a estimé M. Mikati. Plus encore, le chef du gouvernement a convoqué une réunion du Conseil des ministres ce matin à 10 heures au Grand Sérail. Elle sera consacrée aux poursuites contre les banques. Selon notre chroniqueur politique Mounir Rabih, les juges Ghassan Oueidate, procureur général près la Cour de cassation, Souheil Abboud, président du Conseil supérieur de la magistrature, et Burkane Saad, président de l’Inspection judiciaire, pourraient assister à cette réunion au cours de laquelle le Premier ministre devrait tenter d’arrondir les angles entre les parties en conflit, en vue de trouver une issue à cette situation de tensions croissantes. Une décision pourrait être prise au cours de cette réunion, justifiée par la « raison d’État », d’annuler certaines mesures judiciaires. Ce qui pourrait poser la question suivante : le dossier des poursuites contre les banques pourrait-il avoir raison de la cohésion gouvernementale ?
Situation dangereuse
« La justice a le droit d’enquêter sur toutes les affaires financières et bancaires, surtout lorsqu’il s’agit de restituer l’argent des déposants (...). Mais avoir recours à des mesures populistes et policières dans le cadre de ces enquêtes cause du tort à la justice en premier lieu, et à tout le secteur bancaire », a également affirmé hier le chef du gouvernement, connu pour ses positions en faveur du gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé. « Il est clair que les agissements de certains juges provoquent des tensions insupportables. Il y a des tentatives d’instrumentaliser ces tensions à des fins électorales », a accusé M. Mikati, dans une allusion à peine voilée au Courant patriotique libre fondé par le président Aoun et dirigé par le député Gebran Bassil. « Cela est dangereux », a encore estimé le chef du gouvernement.
Les propos de Nagib Mikati interviennent au lendemain de l’arrestation de Raja Salamé, frère du gouverneur de la Banque du Liban, et dans le sillage de l’affaire Fransabank qui a été rendue publique mercredi. L’établissement bancaire, un des plus importants du pays, est sous le coup d’une ordonnance de saisie exécutoire prononcée par la première juge de l’exécution de Beyrouth, Mariana Anani, dans le cadre d’une affaire l’opposant à un de ses déposants qui avait réclamé la restitution de ses fonds dans la monnaie dans laquelle ils ont été libellés, et non par chèque bancaire. Raja Salamé a, pour sa part, été arrêté pour des accusations de blanchiment d’argent et de fraude.
Parallèlement à ces affaires, et à bien d’autres qui ont visé dernièrement des banques, au Liban et à l’étranger, dont certains juristes estiment qu’elles doivent aussi être considérées dans leur dimension politique, une autre série de procédures a été lancée à l’initiative de la juge Ghada Aoun contre cinq grandes banques, puis à l’encontre du président d’une sixième.
Le géant des télécoms Telenor autorisé à céder sa filiale birmane au groupe Mikati
La junte birmane a autorisé la vente de l’opérateur mobile Telenor Myanmar, filiale du géant norvégien Telenor, au libanais M1 (du Premier ministre Nagib Mikati et son frère Taha) associé à un groupe local, attisant des craintes pour les données personnelles de millions de Birmans.
Invoquant la dégradation de la situation après le putsch, Telenor a totalement déprécié la valeur de sa très lucrative filiale Telenor Myanmar, l’un des principaux opérateurs du pays, et annoncé sa cession en juillet. « Nous ne pouvions plus supporter la situation en Birmanie car les lois locales étaient en conflit avec les lois internationales en plus de nos propres valeurs », a expliqué le directeur général de Telenor, Sigve Brekke, vendredi à l’AFP. « Le jour où les militaires ont pris le pouvoir, la bataille pour la sécurité des clients a été perdue. La réalité est que l’armée est responsable des problèmes que nous avons rencontrés concernant les données des clients et les droits humains », a-t-il affirmé.
Dans des communiqués distincts, Telenor et M1 ont indiqué que la Commission des investissements de Birmanie, après de longs mois d’attente, avait finalement approuvé la cession. Pour satisfaire une exigence de la junte, M1 s’associera à un consortium birman, Shwe Byain Phyu, pour prendre le contrôle de la nouvelle entité, a précisé Telenor.
QUESTION pt't hors sujet : les caids au service des politiques se voient libres de leur mouvements car les services securitaires X,Y ou Z refusent de les arreter apres injonction de l'un ou de l'autre des magistrats... ceci ne devrait il pas aussi etre discute par ces messieurs du gouv? le refus de ghada aoun d'etre notifiee par le haut lieu d'une accusation d'incapacite de poursuite pour telle raison resterait elle a jamais NON DISCUTABLE car.... le vrai haut lieu la defend ? SIMPLES QUESTIONS QUI NE RECEVRONT JAMAIS DE REPONSES.
11 h 39, le 19 mars 2022