
Le palais de Justice de Baabda, au Liban, où Raja Salamé a été arrêté, le 17 mars 2022. Photo REUTERS/Ahmad al-Kerdi
Après avoir été entendu jeudi par la procureure générale près la Cour d’appel du Mont-Liban Ghada Aoun, dans le cadre d’une affaire de transferts suspects de plus de 330 millions de dollars, Raja Salamé, frère du gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé, a été arrêté.
Son arrestation a eu lieu sur ordre de la juge, « après l’avoir interrogé pendant trois heures en présence de son avocat », a précisé à l’AFP une source judiciaire sous couvert d’anonymat. Le dossier de Raja Salamé a été confié au juge d’instruction qui va enquêter sur les « crimes de blanchiment d’argent, de fraude et d’enrichissement illicite, entre autres allégations », a affirmé cette même source.
Les transferts dont il s’agit auraient été effectués dans le cadre d’un contrat de courtage sur des eurobonds et des bons du Trésor signé entre la Banque du Liban et Forry Associates Ltd, une société enregistrée aux îles Vierges britanniques en 2001, et dont Raja Salamé est le bénéficiaire économique. Mi-février, l’agence Reuters dévoilait qu’il s’agit de « quatre contrats entre la BDL et une banque commerciale libanaise, datant de 2004 à 2014 », en fonction desquels cette dernière s’engageait à payer une commission équivalente à 3/8e de 1 % (0,375 %) sur des achats de certificats de dépôt du gouvernement de « plusieurs millions de dollars ».
En parallèle, deux autres investigations, l’une au Liban menée par le procureur adjoint près la Cour de cassation Jean Tannous, et l’autre menée en Suisse par le ministère public de la Confédération helvétique (MPC), s’intéressent aussi spécifiquement à ces transferts suspects effectués à partir d’un compte de la BDL entre 2002 et 2014 (et quelques transferts en 2015) vers un compte de HSBC Private Bank (Suisse).
Contacté par Reuters, le gouverneur Riad Salamé avait affirmé il y a un mois que les commissions figurant dans ces contrats étaient transparentes et approuvées par le conseil d’administration de la Banque du Liban, et que personne n’avait émis de plainte à l’époque.
En novembre 2021, il avait mis en avant les résultats d’un audit personnel commandé par ses soins au cabinet d’audit BDO Semaan, Gholam & Co, qui avait notamment examiné ces fameux transferts. Le rapport, qui n’a pas été transmis à la presse, stipule, selon le gouverneurs qu’une « tierce partie » aurait déposé les « montants dans le compte de compensation à la BDL » (clearing account), et que les frais et les commissions auraient eux aussi été payés par ce tiers. Cela prouve, selon lui, que « pas un seul sou public n’a été utilisé pour payer » Forry.
Outre l’affaire Forry, Riad Salamé fait l’objet d’enquêtes en Suisse, en France, au Luxembourg et au Liechtenstein entre autres pour soupçons de « détournement de fonds » et de « blanchiment d’argent ». Il avait aussi fait l’objet d’une interdiction de voyager émise par la juge Ghada Aoun. Le gouverneur a d’ailleurs été convoqué par la juge, mais n’a jamais comparu devant elle.
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21 h 23, le 18 mars 2022