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Monde - Interview

« Nous n’abandonnerons pas la population ukrainienne »

Alex Wade, coordinateur des urgences en Ukraine pour Médecins sans frontières (MSF), répond aux questions de « L’Orient-Le Jour ».

« Nous n’abandonnerons pas la population ukrainienne »

Des kits chirurgicaux et d’autres pour gérer les traumatismes, mais aussi du matériel destiné aux unités de soins intensifs, aux services d’urgence et aux blocs opératoires, sont envoyés en Ukraine. Photo fournie par MSF

Il s’agit de la pire crise humanitaire en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale avec déjà 400 civils tués et plus de 800 blessés côté ukrainien. Les bombardements d’hôpitaux et d’ambulances par les Russes rendent compliquée l’assistance à la population sur le terrain, augmentant ainsi les préoccupations concernant l’impact de l’invasion sur celle-ci. La guerre lancée par Vladimir Poutine ne cesse d’amplifier une situation humanitaire déjà critique depuis huit ans, suite au conflit dans le Donbass en 2014. Alors que 2 millions de personnes ont fui leur pays, selon l’ONU, les civils restés sur place font face à de nombreuses privations d’eau et d’électricité, et sont exposés de façon permanente aux bombardements russes. La proposition de Moscou d’ouvrir des couloirs humanitaires dans les villes de Kiev, Tchernihiv, Soumy, Kharkiv et Marioupol, pour évacuer la population civile, a d’abord été refusée par les autorités ukrainiennes, leur issue étant la Russie ou la Biélorussie. Si certains couloirs ont finalement été ouverts à Marioupol et à Soumy, l’Ukraine accuse la Russie de ne pas respecter le cessez-le-feu et de bombarder les corridors visant à l’évacuation des civils. Dans ces conditions, se dessine une prolongation du conflit, laissant présager une dégradation croissante des conditions de vie de la population sur le terrain.

L'édito d'Anthony Samrani

Vladimir el-Assad

Interrogé par L’Orient-Le Jour, Alex Wade, coordinateur des urgences en Ukraine pour Médecins sans frontières, décrit la situation humanitaire sur place et rend compte des difficultés rencontrées sur le terrain.

Comment s’organisent l’acheminement des aides et le soutien humanitaire sur place ?

L’identification des points d’accès aux régions les plus affectées par les combats est le défi le plus important aujourd’hui. Les ressources de Médecins sans frontières arrivées en Ukraine ont été réceptionnées en toute sécurité à Kiev par le ministre ukrainien de la Santé. Elles sont à présent envoyées dans les hôpitaux de la ville et dans les autres villes plus à l’est. Le matériel sélectionné vise à traiter les traumatismes propres aux contextes de guerre. L’aide apportée est composée de kits chirurgicaux et d’autres pour gérer les traumatismes, mais aussi de matériel destiné aux unités de soins intensifs, aux services d’urgence et aux blocs opératoires. Nos collègues de Severodonetsk ont fait don des dernières aides nécessaires au projet permettant d’assister la population impactée par la guerre.

Quels sont les principaux obstacles à l’aide humanitaire et les risques auxquels fait face la population ?

Au vu du contexte, il est difficile de trouver du matériel médical et d’autres ressources essentielles car la demande est forte afin de couvrir les besoins de nombreux patients. L’acheminement de matériel d’urgence est essentiel dans un premier temps. C’est une guerre à grande échelle qui se déroule dans de nombreuses zones, rendant les mouvements difficiles et dangereux, ou simplement impossibles.

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Quels sont les besoins les plus urgents ?

Alors que des combats sont en cours, déterminer l’ampleur réelle des besoins médicaux en Ukraine demeure difficile. Nos équipes préparent divers scénarios. Les combats en cours limitent notre capacité à conduire de façon approfondie l’évaluation des besoins. Malgré ces conditions, nous contactons les hôpitaux pour déterminer les besoins et nous essayons d’apporter le matériel essentiel en Ukraine pour essayer de faire face à l’insuffisance d’équipement de première nécessité.

Quelles sont les conditions de vie des réfugiés ukrainiens ?

Les déplacements internes de population augmentent chaque jour et de nombreuses personnes sont à la recherche d’un refuge dans les pays frontaliers. Il est prévu que ces déplacements continuent de croître, avec actuellement plus d’un million de personnes déjà à la recherche d’un refuge dans les pays voisins de l’Ukraine, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Nos équipes sont déployées en Biélorussie, en Pologne, en Moldavie, en Hongrie, en Roumanie, en Russie et en Slovaquie pour évaluer les besoins des réfugiés et des populations affectées. Dans cette région, nous avons déjà donné du matériel essentiel, notamment à un centre de réception en Pologne, et nous travaillons pour intensifier nos réponses. Les équipes de MSF prévoient également de déployer un soutien médical et d’augmenter la distribution de couvertures et de kits d’hygiène.

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Quel pourrait être l’impact humanitaire de ce conflit sur les civils à plus long terme ?

Depuis 2014, MSF fournit des soins médicaux dans l’est de l’Ukraine. Nous n’abandonnerons pas la population alors qu’aujourd’hui elle a besoin de nous plus que jamais. Pour le moment, notre priorité principale est l’acheminement de matériaux médicaux de première nécessité aux hôpitaux qui manquent de stocks de kits chirurgicaux et de traumatisme. Cette aide vise à garantir qu’ils puissent continuer de fournir des soins d’urgence. MSF est engagé à apporter une assistance humanitaire médicale aux populations touchées par un conflit, peu importe où elles sont et qui elles sont. À partir de là, on peut dire que notre association soutient toute initiative de cessez-le-feu pouvant permettre un passage plus sûr pour les populations voulant fuir et un accès plus facile pour les aides médicales et humanitaires.

Il s’agit de la pire crise humanitaire en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale avec déjà 400 civils tués et plus de 800 blessés côté ukrainien. Les bombardements d’hôpitaux et d’ambulances par les Russes rendent compliquée l’assistance à la population sur le terrain, augmentant ainsi les préoccupations concernant l’impact de l’invasion sur celle-ci. La guerre lancée par...

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