Le chef des Kataëb, Samy Gemayel, a lancé dimanche la campagne électorale de son parti pour les législatives en assurant que sa formation constitue une "partie du changement" auquel aspirent les Libanais, dont un grand nombre accuse la classe au pouvoir de corruption et d'incompétence. Dans un discours prononcé au Forum de Beyrouth, le leader chrétien, qui se veut le fer de lance de l'opposition, a estimé que "la solution réside dans le bon choix et la reddition des comptes".
Quatre ans après les législatives et huit ans après le compromis présidentiel qui a permis au fondateur du Courant patriotique libre, Michel Aoun, d'accéder à la tête de l'Etat, "ils laissent un pays effondré et livré au Hezbollah", s'est insurgé M. Gemayel. Selon lui, "le Hezbollah n'a pas pris en charge le pays par hasard, (certains) le lui ont livré de leur propre gré", dans une allusion au camp aouniste.
"Ils ont détruit notre vie et notre économie, porté atteinte à la résilience des Libanais, affaibli la livre libanaise et dépensé notre argent", s'est indigné le leader maronite. "Ils auraient pu nous épargner cela s'ils avaient accepté l'organisation de législatives anticipées", a souligné M. Gemayel qui avait maintes fois formulé cette revendication dans la foulée du mouvement de contestation du 17 octobre 2019, estimant qu'il s'agissait du seul moyen de se "débarrasser des cartels au pouvoir".
"Le bon choix"
Se présentant comme un parti de l'opposition, M. Gemayel a précisé que "les Kataëb ont fait face, seuls, aux décisions de la classe politique". "Nous avons un problème avec cette classe bien avant le mouvement de contestation, a-t-il expliqué, affirmant présenter "un projet souverain visant à unifier les rangs face à cette classe". "Le changement nécessite un sacrifice, du potentiel et une vision claire", a-t-il dit.
"Notre projet est complet et accessible à tout le monde", a-t-il poursuivi, assurant être "une partie du changement". "Afin de faire passer le Liban à une nouvelle phase, il faut faire le bon choix et que ceux qui ont commis des erreurs à l'égard du peuple rendent des comptes", a-t-il martelé. "Il est possible d'effectuer un changement, de sauver le Liban, de retrouver notre bien-être et force économique si nous avons la foi (...) Aujourd'hui, la révolution opposée sera dans les urnes", a ajouté M. Gemayel.
Début février, Samy Gemayel avait annoncé que son parti appuiera à Batroun la candidature de Majd Harb, fils de l'ex-député et ancien ministre Boutros Harb. "Nous avions un candidat naturel (pour l'un des deux sièges de Batroun) qui est notre camarade Samer Saadé, mais les circonstances de la bataille ont dicté certains sacrifices pour que nous puissions remporter la compétition", avait-il expliqué M. Gemayel. Samer Saadé, qui a occupé le siège maronite de Tripoli entre 2009 et 2018, est le fils de Georges Saadé, ex-président des Kataëb.
Le caza de Batroun fait partie de la circonscription du Liban-Nord III, qui regroupe également les cazas de Zghorta (trois sièges maronites), Bécharré (deux sièges maronites) et Koura (trois sièges grecs-orthodoxes). Ayant une écrasante majorité chrétienne, cette circonscription est perçue comme celle qui donnera un avant-goût de la très attendue présidentielle programmée pour octobre. Elle est d'ailleurs le fief de sérieux présidentiables, tels que le chef du CPL Gebran Bassil, le leader des FL, Samir Geagea, et celui du parti des Marada, Sleiman Frangié. Conscient du caractère fiévreux de la compétition dans cette région, M. Gemayel l'a qualifiée de "mère des batailles", appelant ses partisans de Batroun à "traiter avec Majd Harb, et à le soutenir, comme s'il était l'un de leurs camarades".
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Vous ne changera rien tout seul, vous n'éviterez le naufrage du Liban qu'en vous ralliant à vos alliés naturels, tout autre calcul indépendant et égotique ne fera qu'enfoncer le pays, votre père l'a assez trahi, ne suivez pas ses traces.
Christine KHALIL
23 h 45, le 20 février 2022