C’est une denrée rare au Liban. Un sondage, commandé par la fondation allemande Konrad-Adenauer-Stiftung (KAS) et réalisé par la société Statistics Lebanon, permet d’avoir un aperçu des intentions de vote pour les législatives prévues le 15 mai prochain. Publié en début de mois, ce sondage a été réalisé sur une période s’étalant entre les 10 et 15 décembre 2021, auprès d’un échantillon de 1 200 Libanais de plus de 21 ans équitablement répartis par genre, par région, par confession, par classe sociale et par niveau d’éducation. Première indication intéressante, 25,7 % des personnes interrogées disent vouloir voter pour une figure indépendante en mai. Mais lorsque le choix se précise, les données offrent une lecture plus nuancée. Parmi les partis politiques plébiscités, le Hezbollah arrive en tête avec 14,7 % des intentions de vote, suivi par les groupes représentant la contestation populaire du 17 octobre 2019, avec 12,3 %. Viennent ensuite les Forces libanaises avec 11,5 % et le Courant patriotique libre (CPL) avec 6,8 % des intentions de vote. Le courant du Futur, lui, est crédité de 6,2 % des intentions de vote. Le parti bleu a cependant annoncé qu’il allait boycotter le scrutin, même si des figures proches du courant haririen, à l’instar de Walid Baarini au Akkar, pourraient se présenter.Selon le sondage, les Kataëb recueillent pour leur part 4,2 % des intentions de vote, le mouvement Amal 3 % et le Parti socialiste progressiste 2,2 %. 2,5 % des personnes interrogées indiquent qu’elles voteront pour un « autre parti », 4,2 % qu’elles ne voteront pour « personne » et 0,7 % ont refusé de répondre. Le taux de participation, lui, est estimé à 50 %, soit sensiblement le même niveau qu’en 2018.
La moitié des individus interrogés pensent également que les élections de 2022 pourraient être une source de changement politique. Si ces données doivent évidemment être prises avec des pincettes, elles semblent refléter différentes évolutions observables ces dernières années, notamment l’aspiration au changement d’une partie importante de la population libanaise ou encore la montée en puissance des FL au détriment du CPL sur la scène chrétienne.
Lutte contre la corruption
L’étude du KAS indique aussi que 44,8 % des personnes interrogées ne voteront pas pour le même parti qu’en 2018, ce qui explique pourquoi les résultats du sondage contrastent avec ceux de la dernière élection. Selon les chiffres présentés par l’ancien ministre Charbel Nahas dans son livre Les élections parlementaires libanaises 2016-2019, le Hezbollah et les figures qui lui sont affiliées avaient obtenu, lors de la dernière consultation populaire, quelque 24 % des voix, suivis par le courant du Futur avec 16 %, le CPL avec 13,7 % et le mouvement Amal 13,4 %. Les FL, elles, n’avaient obtenu que 7,7 % des voix, et le PSP 4,7 %. Quant aux Kataëb, ils avaient convaincu 1,9 % des électeurs en 2018.
L’étude du KAS va au-delà des intentions de vote, en interrogeant les Libanais sur d’autres thématiques politiques, comme le mouvement de contestation du 17 octobre 2019. 35,1 % des sondés disent soutenir le mouvement (dont 1,6 % qui ne le soutenaient pas au début). 36,9 % disent l’avoir appuyé au début, mais plus maintenant, et 27,6 % n’ont, quant à eux, jamais approuvé la thaoura. 52 % des personnes sondées disent soutenir l’unification des groupes proches du mouvement de contestation en une seule liste électorale.
Le sondage interroge aussi les Libanais sur leurs priorités politiques. 33,8 % des sondés indiquent que la lutte contre la corruption est l’enjeu principal pour eux, suivi par le rapatriement des fonds illicites transférés à l’étranger (13,5 %) et l’émergence d’une nouvelle classe politique (13,3 %). Le désarmement du Hezbollah, l’un des points les plus clivants de la politique libanaise, n’arrive qu’en septième position, avec 4,5 % des personnes interrogées le mettant au sommet de leurs priorités politiques.
Au niveau de la politique étrangère, 73,8 % des sondés donnent la priorité à la résolution des conflits entre le Liban et les pays arabes du Golfe. 38,4 % des personnes interrogées disent d’ailleurs faire confiance à la politique étrangère de l’Arabie saoudite. Si ce score est supérieur à celui de la Syrie (20,8 %), l’Iran (22,4 %), les États-Unis (30,6 %) ou même la Turquie (28,6 %), il reste loin derrière la France, acteur international ayant la confiance du plus grand nombre de Libanais (51,4 %).
commentaires (9)
Je retiens qu'une majorité de Libanais compte d'abord sur la France pour nous aider, malgré la présence du petit emmerdeur juvénile à sa tête. Lorsque la France se sera débarrasser de lui au profit de Zemmour, elle s'investira mieux et plus pour aider le Liban et les Libanais. Pour ma part je vais sans doute voter pour les Forces Libanaises
Nicolas ZAHAR
13 h 34, le 17 février 2022