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Nos Lecteurs ont la Parole

Ne plus tolérer nos ratages !

« La définition la plus simple et la plus élégante du mot tolérance nous est fournie par le philosophe anglais Bernard Crick : la tolérance (toleration), c’est une certaine inclination à “accepter des choses avec lesquelles je suis en désaccord”. C’est une question d’éthique et de valeur qui n’exclut pas la possibilité d’un désaccord fondamental et donc d’une limite à ce qui est tolérable », Denis Lacorne, Les frontières de la tolérance, Gallimard, 2016.

Invitée au Liban lors d’une conférence-débat, Adèle, psychosociologue, discute le processus d’évitement. Elle cite l’histoire d’un père qui confie à sa famille des vérités amères : « J’ai trop longtemps gardé pour moi des opinions désobligeantes. J’ai ménagé mes aînés et subi leur susceptibilité. Je n’ai pas appris à gérer mes difficultés durant et après l’enfance. Il fallait compter sur ceux qui prennent en charge mes soucis. À l’âge adulte, j’ai pris la désolante habitude de laisser des intermédiaires prendre en charge mes formalités. Je devenais progressivement dépendant d’eux. Je me sentais si étranger à mes dispositions et me résignais à attendre qu’on s’occupe de mes obligations. J’ai freiné mes avis et avalé des vues contraires. J’ai parcouru tant d’étapes sans assumer mon rôle de citoyen. J’ai laissé des aînés et des tuteurs prendre en charge un précieux présent, une part de mes rêves et de mon avenir. Je me décide enfin à exprimer sans gants mes erreurs. D’ailleurs, je ne ferai plus la gaffe de chercher qui pourrait prendre en charge mes négligences. »

Quand la décision arbitraire des uns est perçue comme une bienveillance incontournable, on cohabite avec un tas de frustrations et de remords. Quand l’espace de nos interactions demeure associé au confort de nos dépendances, les privilèges conditionnés servent aux profits de bien d’autres. Cependant, dans l’abîme où nous sommes au pays du Cèdre, tant parmi nous ont urgemment besoin de refaire surface, de respirer et d’entreprendre eux-mêmes leur parcour. Aux prochaines élections parlementaires, agissons pour transformer l’attente traditionnelle en un chantier de corrections salutaires. Évitons de tolérer nos ratages. L’espoir de meilleurs jours est surtout un nouveau départ.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

« La définition la plus simple et la plus élégante du mot tolérance nous est fournie par le philosophe anglais Bernard Crick : la tolérance (toleration), c’est une certaine inclination à “accepter des choses avec lesquelles je suis en désaccord”. C’est une question d’éthique et de valeur qui n’exclut pas la possibilité d’un désaccord fondamental et donc d’une...

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