Se déroulant deux fois par an, à l’occasion des saisons printemps-été et automne-hiver, la Milano Fashion Week Men’s accueillait jusqu’à hier les défilés des grandes marques de la mode italienne, telles que Giorgio Armani, Prada, Tod’s, Ermenegildo Zegna, Dolce & Gabbana, Fendi et Kiton, entre autres. L’événement proposait par ailleurs des défilés en direct et des présentations de marques et de talents émergents. Il est à noter que l’édition de janvier 2022 se tenait – après une interruption due à la pandémie – dans son format physique. Aussi a-t-on vu revenir à Milan, durant cinq journées intenses, le meilleur des tendances de la mode masculine pour la prochaine saison hivernale dans le cadre de la Milano Fashion Week Men’s (ou Milano Moda Uomo). À cette occasion, les nouvelles créations en prêt-à-porter et accessoires pour homme de la saison automne-hiver 2023 étaient présentées en avant-première à la presse et aux professionnels de l’industrie. Cette fashion week est aussi une occasion de mettre en avant certains espaces iconiques de la ville, notamment les espaces d’exposition et les showrooms, tous animés par des défilés, des présentations et autres événements privés des meilleurs créateurs italiens.
Le bling-bling des années 90
Si l’on en croit le défilé Dolce & Gabbana, les hommes ressembleront, l’hiver prochain, à des voitures volées, ce qui n’empêche pas d’admirer les prouesse graphiques et textiles réalisées sur les modèles présentés. Lancée sur une piste lumineuse qui créait une hallucinante immersion visuelle, la marche des mannequins était rythmée par le chanteur rap et punk Machine Gun Kelly, d’abord seul en scène chauffant la salle dans un costume en tissu argenté, et ensuite rejoint par les premiers modèles annonçant une collection plus bling-bling que jamais, toute de volumes surdimensionnés, d’imprimés psychédéliques, de couleurs flashy et de reflets métallisés. On a l’impression d’un revival des rappeurs des années 1990, chaînes, broderies de perles et bijoux baroques engloutis dans des manteaux de grizzly. À la différence que la technologie, cette fois, s’en mêle et qu’on a l’impression de découvrir les prémices d’une entrée en force dans le métavers, un mot et un lieu virtuel destinés à devenir incontournables au fil des semaines à venir, avec une invasion totale qui commencera avant tout dans la mode, des NFT, des cryptomonnaies et autres outils virtuels.
Le retour de la veste prêtée à la compagne
Chez Fendi, on reste dans l’élégance et le cuir compense la fourrure dans un contexte où le groupe Kering, auquel appartient la maison romaine, a décidé de bannir cette matière pourtant intrinsèque à Fendi. Pour cette collection, la directrice artistique des collections masculines, Silvia Venturini Fendi, se replonge dans les années 20, cet entre-deux-guerres où l’on rattrapait en style ce que la Première Guerre mondiale avait dissipé en chaos. Et cette saison, où l’endémie semble remplacer la pandémie, ressemble elle aussi à un lendemain de guerre qui impose de sortir enfin de chez soi et s’habiller pour aller à la rencontre de ses semblables. Fendi ramène les carreaux vichy, les grands manteaux, le bermuda et le nœud papillon. La redingote souligne la taille et si les épaules sont assez larges pour contenir des musculatures travaillées durant le long confinement, la structure reste de mise et le débraillé remisé sine die. Le féminin s’invite plus que jamais dans ce vestiaire très chic, les pulls s’échancrent et les hommes semblent récupérer les vestes qu’ils ont longtemps prêtées aux femmes, mais en l’état, ajustées et affûtées, buste élargi et taille rétrécie. S’y ajoutent des broches, des bijoux, des breloques, du clinquant facultatif, niché dans l’accessoire, mais qui rehausse la sobriété des propositions vestimentaires, malgré certains modèles couverts du logo double F de Fendi répliqué aussi sur le podium où zigzaguaient les mannequins.
Le travail dignifie
Chez Prada, le cinéma était à l’honneur, dans les esprits comme sur le podium, avec non moins de dix stars engagées comme mannequins, dont notamment Kyle MacLachlan, Thomas Brodie-Sangster, Jeff Goldblum et Asa Butterfield. On connaît la préférence des maisons de mode pour les figures qui ne se contentent pas de jouer les cintres et dégagent l’énergie de personnalités inspirantes. Le travail, c’est la dignité, et la directrice Miuccia Prada, connue pour ses convictions communistes, semble ravie du retour des hommes sur les lieux professionnels. On verra donc une pléthore de combinaisons, de vêtements destinés aux manœuvres dans les usines, un bleu de chauffe revampé, porté à la dignité d’uniforme. Elle va surtout s’intéresser à la durabilité d’un vêtement solide destiné à vieillir en gardant les cicatrices de la vie et les souvenirs du labeur.
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