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Nos Lecteurs ont la Parole

L’identité perdue... Comment la récupérer ?

Où allons-nous au Liban ? Permettez-moi d’être franc à ce sujet. L’une des premiers choses à admettre serait le fait que nous traversons une vraie crise existentielle englobant le passé, le présent et l’avenir, de même que la conception même de la souveraineté libanaise, de l’identité du pays et des fondements sur lesquels il a été créé, ceux par lesquels il s’est distingué, à savoir l’éducation, la culture, le système bancaire, l’organisation judiciaire, le respect des libertés, la démocratie…

En revenant au sujet de l’histoire de notre pays, nous constatons que son histoire récente peut être fractionnée en deux périodes significatives. Une première est celle au cours de laquelle il a vécu en pleine sécurité sous le mandat français et jusqu’en 1975. C’est celle du beau Liban que nous regrettons tant, que nous pleurons… La deuxième période est celle où nous avons vécu la guerre civile, celle de la tutelle palestinienne, du diktat des services de renseignements syriens (alaouites), le tout finissant par l’accord de Taëf que le président de la République tente aujourd’hui de modifier et qui a initialement changé beaucoup de points que les Libanais n’appréciaient pas. Les musulmans se plaignaient d’une iniquité et d’une injustice en raison de la prédominance chrétienne, ce qui engendrait une allégeance fragile, voire un manque d’allégeance au Liban et à son identité même. Les chrétiens, se plaignaient, eux, du manque ou même de l’absence d’allégeance de la part des musulmans. Ainsi le concept même d’identité libanaise était-il compris différemment par les musulmans et les chrétiens !

Avant d’évoquer le grand changement politique opéré chez les musulmans comme chez les chrétiens, permettez-moi de rapporter cet événement que m’avait relaté l’ancien Premier ministre Saëb Salam.

Après l’élection de Bachir Gemayel à la présidence de la République, une réunion d’une heure fut prévue avec cet ancien Premier ministre. Cette réunion dura quatre heures. Bachir Gemayel commença par dire à Saëb Salam : « Vous, les sunnites, vous vous plaignez d’une iniquité et d’une injustice, et nous, chrétiens, nous nous plaignons d’un manque d’allégeance des musulmans au Liban. Qu’en penses-tu, Saëb beik ? Je signerai tous les décrets et lois qui conféreraient aux musulmans une prédominance politique, mais j’exigerai en revanche une allégeance absolue et manifeste. Nul manquement ne saurait alors être pardonné. » Saëb Salam quitta la réunion et dit aux journalistes en s’écriant : « Mais où donc se cachait ce Bachir Gemayel? » Mais l’opportunité fut perdue quand ce dernier a été assassiné.

Le problème n’était pas en réalité un problème d’allégeance ou d’une quelconque iniquité ou injustice. Il s’agissait en fait d’une différence sur le concept de l’identité libanaise ! Est-elle chrétienne, musulmane ou les deux à la fois et comment ? Comment interfère le concept, assez brumeux, de l’arabisme ?

L’identité libanaise qui conjugue aujourd’hui liberté et arabisme agrémenté de liberté procède de la culture française et de la culture arabe, les deux combinées.

Le conflit au Liban est entre une culture arabe mêlée à une culture française, et une culture et une politique iraniennes jamais connues auparavant. Il s’agit d’une lutte pour la souveraineté, une lutte entre l’ouverture sur le monde et le repli sur soi.

Rare est dans l’histoire des nations ce qui s’est passé et ce qui se passe au Liban en matière de pillage des fonds de l’État et de vol des institutions par la classe dirigeante elle-même !

Ce qui advient en justice au sujet de l’explosion du port de Beyrouth le 4 août est une preuve flagrante de la chute de toute pudeur. La bataille rangée entre les juges de l’autorité étatique et le juge Bitar marque une décadence morale totale jamais connue !

Les élections, si elles ont lieu, pourront apporter de l’espoir, mais le gang actuellement au pouvoir ne rendra pas facilement les armes.

En toute franchise, il s’agit d’une crise de nature morale. Nous avons besoin d’hommes et de femmes de bonne morale. Il n’y a pas d’autre issue. Nous avons besoin d’un Fouad Chehab, d’un Raymond Eddé, d’un Bachir Gemayel, d’un Saëb Salam, d’un Riad el-Solh, d’un Adel Osseirane… D’hommes irréprochables bien plus que de leaders… De valeurs morales, défendues par un État moral, de politiciens honnêtes de bonne morale… Par là devons-nous commencer. Vers cela devons-nous nous diriger Ces hommes et ces femmes de grande moralité feront rendre l’argent volé et dresseront des potences !

En ces moments délicats de notre histoire, nous nous tournons vers la France, vers sa culture qui nous rassemble dans un même pays. Signalons que le Liban a su rendre la culture française arabe et la culture arabe française. Il mérite le soutien de la France. Il est au cœur de la France, tout comme la France est au cœur du Liban.

Nous vivons des moments dangereux et nous avons besoin d’hommes de la trempe de De Gaulle et de Clemenceau.

Nous nous tournons vers le pays qui leur a donné naissance et nous attendons son soutien et son aide.

Avocat à la Cour

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Où allons-nous au Liban ? Permettez-moi d’être franc à ce sujet. L’une des premiers choses à admettre serait le fait que nous traversons une vraie crise existentielle englobant le passé, le présent et l’avenir, de même que la conception même de la souveraineté libanaise, de l’identité du pays et des fondements sur lesquels il a été créé, ceux par lesquels il s’est...

commentaires (1)

le plus "drole" si j'ose dire est que les chretiens libanais crient a tue tete vouloir fraterniser au max avec les arabes alors que des musulmans-chiites- veulent s'attacher a l'iran NON ARABE bien sur ! ceci dit, cet appel de M.r Ahdab est vraiment le dernier Chant du Cygne que notre pays peut encore se permettre.

Gaby SIOUFI

11 h 11, le 19 janvier 2022

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Commentaires (1)

  • le plus "drole" si j'ose dire est que les chretiens libanais crient a tue tete vouloir fraterniser au max avec les arabes alors que des musulmans-chiites- veulent s'attacher a l'iran NON ARABE bien sur ! ceci dit, cet appel de M.r Ahdab est vraiment le dernier Chant du Cygne que notre pays peut encore se permettre.

    Gaby SIOUFI

    11 h 11, le 19 janvier 2022

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