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Économie - Internet

Un problème « d’employé comptable » serait à l’origine des coupures du réseau d’Ogero à Beyrouth...

Un problème « d’employé comptable » serait à l’origine des coupures du réseau d’Ogero à Beyrouth...

Comme un peu pour tout, les Libanais vont devoir faire preuve de patience avant que les connexions internet ne reviennent quelque peu au niveau. Photo d’illustration Bigstock

Latentes depuis plusieurs mois en plein contexte de crise, les difficultés d’Ogero à faire fonctionner le réseau internet et de téléphonie fixe dont il a la charge se sont considérablement amplifiées pendant le week-end écoulé, avec l’arrêt de plusieurs centraux dans la région de Beyrouth pendant plusieurs heures dès samedi, faute de carburant pour alimenter les générateurs électriques qui y sont raccordés.

C’est le troisième district de la capitale qui a été principalement touché par la coupure de samedi, à savoir les quartiers de Beyrouth-Ouest, notamment Hamra et le grand quartier de Ras Beyrouth, ainsi que Aïn Mreissé, Mazraa, Mousseitbé, Mina el-Hosn et Zokak el-Blatt. Des problèmes de connexion se sont aussi manifestés dans d’autres zones au cours de la journée, notamment à Achrafieh (Beyrouth) ou Hazmieh (Baabda).

Selon le ministre des Télécoms Johnny Corm et le directeur général d’Ogero Imad Kreidié, cette situation se serait produite suite à un retard administratif dans le versement de fonds supplémentaires alloués en décembre à l’office par le Parlement, suite au non-remplacement de l’un des deux comptables rattachés au ministère des Télécoms, qui doivent contresigner l’ordre de transfert. Les deux hauts responsables que L’Orient-Le Jour a contactés ont en outre rejeté les allégations de sources proches du secteur attribuant ces difficultés à un problème de gestion des stocks de carburant achetés par Ogero. « Nous achetons les quantités de carburant requises en livres et aux prix fixés par la direction du pétrole auprès des installations pétrolières qui sont rattachées au ministère de l’Énergie et de l’Eau. Les procédures sont strictes et nous ne déplorons aucun détournement de carburant », a insisté Imad Kreidié. Ces garanties ont également été réitérées par le ministre.

Le patron d’Ogero, Imad Kreidié. Photo tirée de la page Facebook d’Ogero

Trois jours de répit

Les budgets d’Ogero sont inclus dans les budgets de l’État et financés à partir des revenus du secteur, dont les acteurs exploitent le réseau géré par l’office. Or, selon Imad Kreidié, les « 48 milliards de livres » alloués pour 2021 étaient largement insuffisants pour lui permettre de financer la maintenance du réseau, tout en continuant à acheter du mazout pour ses générateurs électriques qui lui permettent de fonctionner pendant les heures de coupure d’Électricité du Liban (EDL), elle-même victime de la crise et de la gestion calamiteuse de l’État. Face à la montée de la facture du diesel résultant de la conjonction de la hausse des cours mondiaux, de la dépréciation toujours plus forte de la livre, de la levée des subventions et du rationnement maximal de la production d’EDL, Ogero demande en cours d’année le déblocage d’un crédit supplémentaire de 350 milliards de livres. « Celui-ci ne sera adopté qu’en décembre », regrette Imad Kreidié.

Le problème, c’est que les fonds votés n’ont toujours pas été transférés. « Les documents relatifs au transfert doivent être contresignées par deux comptables au sein du ministère des Télécoms. Or l’un d’eux est parti à la retraite sans être remplacé », déplore le ministre qui assure avoir alerté le gouvernement sur ce problème après que l’avance eut été votée. Il assure cependant qu’une solution a été trouvée. « Je suis entré en contact avec le Premier ministre Nagib Mikati, puis avec le ministre des Finances Youssef Khalil, qui doit dépêcher l’un des comptables agréés rattachés à son ministère. Une fois cette étape franchie, le transfert devrait être instantané », affirme-t-il.

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Mais il reste un second problème à régler avant d’espérer un retour à la normale « temporaire » en attendant une vraie solution durable, qui passerait par un ajustement par le Conseil des ministres des tarifs des Télécoms (internet et téléphonie fixe et mobile pour les particuliers) qui soit cohérent avec la dépréciation de la livre. « La direction des installations du pétrole est elle-même en train d’attendre que la Banque du Liban débloque la lettre de crédit en dollars devant régler un chargement de carburant qui attend au large des côtes. Or le gouverneur de la BDL, Riad Salamé, a informé que le déblocage des fonds ne surviendrait pas avant la réunion du Conseil central de mercredi, explique encore le ministre. J’ai donc demandé au Premier ministre d’entrer en contact avec le gouverneur pour accélérer le processus. »

Comme lors des pénuries d’essence ou des black-out d’EDL, les Libanais devront donc encore s’armer de patience. Dimanche matin, Imad Kreidié avait annoncé dans les médias que des quantités de carburant avaient été assurées par l’armée et un donateur anonyme, permettant le rétablissement de la connexion pour trois jours (via les centraux d’Achrafieh, de Jdeidé et de Mazraa). Le patron d’Ogero a en outre annoncé qu’une réunion consacrée au dossier se tiendra ce matin au ministère des Télécoms et a menacé de démissionner si l’État ne lui donnait pas les moyens de remplir sa mission.

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Les prix des services de téléphonie fixe et internet – à l’exception de ceux facturés aux entreprises par les fournisseurs privés d’accès à internet – n’ont pas été ajustés pour répercuter la dépréciation brutale de la livre, et sont toujours calculés en fonction de la parité officielle de 1 507,5 livres pour un dollar, alors que le taux du marché oscillait entre 24 000 et 25 000 hier. Les revenus de l’État issus des télécoms pouvant être alloués à l’office ont donc fondu, obligeant ce dernier à dépenser la quasi-totalité de son budget dans l’achat du diesel, ce qui n’a pas empêché les pannes de réseaux – fixe et mobile – de se multiplier ces derniers mois aux quatre coins du pays.

Les autorités ont été accusées en décembre 2020 par la Banque mondiale de faire durer délibérément la crise libanaise, pour faire porter « le lourd fardeau de l’ajustement financier aux petits déposants, la main-d’œuvre locale payée en livres libanaises et les petites entreprises ».

Latentes depuis plusieurs mois en plein contexte de crise, les difficultés d’Ogero à faire fonctionner le réseau internet et de téléphonie fixe dont il a la charge se sont considérablement amplifiées pendant le week-end écoulé, avec l’arrêt de plusieurs centraux dans la région de Beyrouth pendant plusieurs heures dès samedi, faute de carburant pour alimenter les générateurs...

commentaires (3)

Mais ils sont où les libanais ultra compétents qui brillent dans le monde entier ??? on aurait bien besoin d'eux !!!

In Lebanon we (still) Trust

11 h 39, le 17 janvier 2022

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Commentaires (3)

  • Mais ils sont où les libanais ultra compétents qui brillent dans le monde entier ??? on aurait bien besoin d'eux !!!

    In Lebanon we (still) Trust

    11 h 39, le 17 janvier 2022

  • République bananière, incompétence, gestion hasardeuse mais ils sont des champions dans « on se renvoie la balle ». Personne n’est responsable, personne n’est coupable. Ils sont tous aussi futés qu’aune poule folle

    Karam Georges

    11 h 07, le 17 janvier 2022

  • Ils ont l’air aussi ridicules qu’incompétents

    Lecteur excédé par la censure

    10 h 37, le 17 janvier 2022

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