La procureure générale près la cour d'appel du Mont-Liban, la juge Ghada Aoun, a émis mardi une interdiction de voyager contre le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, suite à une plainte déposée par plusieurs avocats du collectif "Le peuple veut la réforme du système", qui se sont constitués partie civile et accusent le dirigeant de la banque centrale de "détournement de fonds, enrichissement illicite et blanchiment d'argent".
Selon un document fuité dans la presse, la juge Aoun interdit désormais à M. Salamé de quitter le Liban par voie terrestre, maritime et aérienne. Cet ordre a été transmis à la Sûreté générale.
L'information a également été confirmée à l'AFP par une source judiciaire. "La procureure générale du Mont-Liban, Ghada Aoun, a émis mardi une interdiction de voyager contre lui (Riad Salamé)", a indiqué à l'AFP la source judiciaire. "Cette décision intervient après qu'elle ait interrogé plusieurs cadres de la Banque centrale", a-t-elle ajouté, sans plus de détails.
Mme. Aoun a convoqué Riad Salamé pour l'interroger, mais la date exacte de l'entretien n'a pas encore été divulguée publiquement, toujours selon la même source.
Dans un pays en plein effondrement économique, où 74% de la population vit sous le seuil de pauvreté et alors que la livre libanaise a perdu plus de 95% de sa valeur face au dollar, une large frange de la population, ainsi que plusieurs forces politiques, tiennent le gouverneur de la BDL pour responsable de cette situation.
Le gouverneur fait déjà l'objet d'une série d'enquêtes judiciaires aussi bien au Liban qu'à l'étranger autour de soupçons de fraude, de blanchiment d'argent et d'enrichissement illicite, entre autres allégations. Riad Salamé a nié à plusieurs reprises cette accusation.
Le juge Tannous inspecte des banques
L'année dernière, le Liban a ouvert une enquête locale concernant le patrimoine de M. Salamé, suite à une demande d'aide du procureur général en Suisse dans le cadre d'investigations décortiquant plus de 300 millions de dollars de mouvements de fonds opérés par le gouverneur et son frère Raja. Le gouverneur a nié à plusieurs reprises cette accusation.
Plus tôt mardi, le procureur libanais Jean Tannous, accompagné des forces de sécurité, s'est rendu dans plusieurs banques commerciales pour obtenir des relevés bancaires du frère de M. Salamé dans le cadre de cette enquête. "Mais les banques ont rejeté sa demande sous prétexte qu'elle va à l'encontre des lois sur le secret bancaire", a précisé la source judiciaire.
Riad Salamé, l'un des plus anciens dirigeant de banque centrale au monde, a longtemps minimisé les accusations portées contre lui, jugeant celles-ci infondées et sans preuves. En novembre, il a déclaré qu'un rapport déposé par un cabinet d'audit qu'il avait engagé montrait qu'aucun fond public n'avait été utilisé pour payer les honoraires d'une société appartenant à son frère.
commentaires (8)
Qu’importe quel juge le poursuit, même si la motivation semble biaisée, il faut un début à tout ! Et si les uns et les autres tombaient pour donner suite aux déclarations de ce Riad Salameh ?... On rirait enfin !
TrucMuche
12 h 39, le 12 janvier 2022