Le roi saoudien Salmane ben Abdelaziz a appelé mercredi les autorités libanaises à "stopper la mainmise du Hezbollah terroriste sur l'Etat", une énième revendication du Golfe qui conditionne, entre autres, la restauration de ses liens avec le Liban à une mise à l'écart du parti pro-iranien, bête noire de Riyad.
"Hezbollah terroriste"
"L'Arabie saoudite appelle les autorités libanaises à stopper la mainmise du Hezbollah terroriste sur l'Etat", a affirmé le roi Salmane, dans un discours annuel rapporté par l'agence officielle SPA. Il a également assuré que son pays "se tient auprès du peuple libanais frère", appelant les autorités locales à "faire primer les intérêts de leur peuple et à travailler afin d'instaurer la sécurité, la stabilité et la prospérité auxquelles ce dernier aspire".
Le Liban tente de résorber la crise diplomatique avec Riyad, après la démission du ministre libanais de l’Information Georges Cordahi, dont des propos sur le rôle de la coalition menée par l'Arabie saoudite dans la guerre au Yémen avaient déclenché cette crise et poussé plusieurs monarchies du Golfe à prendre des mesures de rétorsion à l'égard de Beyrouth. Le royaume wahhabite, déjà désinvesti du Liban depuis plusieurs années en raison notamment de la mainmise grandissante du Hezbollah sur l'Etat, a rompu tous les liens diplomatiques et commerciaux avec le pays du Cèdre, fin octobre.
Début décembre, lors d'une visite à Djeddah, le président français, Emmanuel Macron, étroitement impliqué dans le dossier libanais, avait annoncé, à l’issue d’une rencontre avec le prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane (MBS), une initiative en faveur du Liban, comprenant la création d’un "mécanisme de soutien humanitaire franco-saoudien" qui serait financé par Riyad et d’autres pays du Golfe, en plus d’un engagement sur la restauration des relations entre Beyrouth et Riyad. La France et le royaume wahhabite avaient toutefois conditionné le rétablissement des relations à "la nécessité de limiter la possession d’armes aux institutions légales de l’État", une allusion au Hezbollah, seul parti libanais à avoir conservé ses armes après la fin de la guerre civile libanaise en 1990. Un appel téléphonique entre MBS et le Premier ministre libanais, Nagib Mikati, avait également eu lieu, sous l'impulsion du président Macron. Mais ces développements n'ont jusque-là pas donné de résultats concrets.
Mi-décembre, le Conseil de coopération des pays du Golfe avait pour sa part appelé les dirigeants libanais à "effectuer des réformes" et à "empêcher le Hezbollah terroriste de mener ses activités terroristes".
Dimanche, la coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite au Yémen a de son côté accusé l'Iran et le Hezbollah d'avoir aidé les rebelles houthis à attaquer son territoire, au lendemain de frappes meurtrières. Réagissant à ces accusations, le Hezbollah avait estimé que celles-ci étaient "ridicules et ne méritent pas de réponse".
commentaires (20)
Le Liban ne peut exaucer le souhait du roi que par la voie pacifique,celle d'un dialogue urgent,profond et franc, qui doit s'engager,d'abord au sein du CPL,puis au niveau de l'Etat.Un dialogue profond implique qu'il faut traiter les questions suivantes: -les raisons historiques qui ont conduit à la création du Hesbollah et à la résistance, -Pourquoi le Hesbollah tient-il à ses armes? S'il s'agit de défendre le Liban,il peut le faire dans le cadre d'une stratégie de défense nationale. -Quelle est le but de la politique régionale du Hesbollah?Le Liban doit-il s'associer à " l'axe de la résistence " ou se contenter de la politique de paix proposée par la Ligue des pays arabes? M.Z
ZEDANE Mounir
13 h 33, le 02 janvier 2022